Suite de l’examen des éléments mis en avant dans Le Point par Jacques Balthazart à l’appui de la théorie de la « différenciation sexuelle » du comportement humain qu’il promeut. Dans cette seconde partie, il sera question de son invocation de l’existence chez l’humain d’une « bonne dizaine de noyaux sexuellement différenciés » visibles uniquement post-mortem sur des coupes histologiques. Ce sujet mérite qu’on s’y penche en détail, car des données soigneusement choisies et présentées de manière fallacieuse concernant certains de ces noyaux sont au cœur du discours de Jacques Balthazart. Continuer la lecture de « Les cerveaux en bleu et rose selon Jacques Balthazart (partie 2) »
Étiquette : Peggy Sastre
Les cerveaux en bleu et rose selon Jacques Balthazart (partie 1)
Le Point a publié le 17 avril une interview de Jacques Balthazart promouvant son nouveau livre, Quand le cerveau devient masculin[1]. Ce livre remarquable, nous dit-on, « résume » à l’usage du grand public les mécanismes de la différenciation sexuelle du cerveau et du comportement (apparemment connus, donc). En bref, ceux-ci sont masculinisés chez les hommes par l’exposition pré- ou périnatale à la testostérone, affirme l’« éminent spécialiste des hormones sexuelles chez les oiseaux ». Dans cette interview par Thomas Mahler et Peggy Sastre, il « s’explique en longueur sur ces facteurs biologiques qui n’excluent en rien le poids des influences sociales et culturelles ». On suppose donc qu’y sont mis en avant des faits précis et bien établis étayant cette théorie qui traîne depuis 60 ans à l’état d’hypothèse dans la littérature scientifique, et que Balthazart et Sastre défendent vigoureusement dans l’espace public depuis une dizaine d’années. Passons-les donc en revue. Continuer la lecture de « Les cerveaux en bleu et rose selon Jacques Balthazart (partie 1) »
Un indice fiable de quoi ?
En réponse à son portrait publié dans Le Monde, soutenue par la rédaction de Slate.fr, Peggy Sastre appelle à la rescousse le sociobiologiste américain Robert Trivers. Mon affirmation reprise dans ce portrait, selon laquelle le rapport des longueurs de l’index et de l’annulaire (ratio 2D/4D) « n’est pas un indice fiable de l’androgénisation prénatale », illustre bien selon Trivers le « chauvinisme anti-darwinien » et l’ignorance française. Dommage pour lui et pour elle, cette histoire illustre surtout leurs manipulation et ignorance de la littérature scientifique. Continuer la lecture de « Un indice fiable de quoi ? »
Génomique et sexisme : des femmes, des hommes et des chimpanzés
Claudine Junien use depuis deux ans de tout son poids de professeure émérite de génétique et membre de l’Académie nationale de médecine pour diffuser l’idée suivante : la « différence génétique » entre hommes et femmes est égale à 1.5%, une différence selon elle quinze fois plus grande que celle existant en moyenne entre deux hommes, et comparable à celle existant entre le chimpanzé et l’humain. Comme on va le voir, le calcul de ce pourcentage est plus que spécieux dans son principe et complètement erroné dans sa mise en œuvre, et ces deux comparaisons n’ont aucun sens. La mobilisation de cette rhétorique fallacieuse ne peut s’expliquer autrement que par une volonté de défendre à tout prix ce qu’elle appelle « la cause du sexe biologique », ce qui n’est pas sans rappeler certains précédents. Continuer la lecture de « Génomique et sexisme : des femmes, des hommes et des chimpanzés »
Les pouvoirs extraordinaires de France 2 (partie 2)
III. ZOOMS SUR QUELQUES MYTHES SAVANTS INDUMENT PROPAGES Continuer la lecture de « Les pouvoirs extraordinaires de France 2 (partie 2) »
Le camion et la poupée : jeux de singes, jeux de vilains
Un argument est régulièrement invoqué à l’appui de l’idée qu’il existe une différence naturelle entre filles et garçons dans les choix de jouets : la même différence aurait été observée chez les singes. La lecture de la littérature scientifique ayant adressé cette question ne nous apprend pas grand chose sur les singes, et encore moins sur les enfants humains. Elle permet en revanche d’éclairer sous un jour intéressant le comportement des personnes qui ont utilisé cet argument, eu égard à la manière souvent fantaisiste – et toujours fallacieuse – dont ils ont résumé cette littérature. Ce nouvel exemple de vulgarisation scientifique alimentant la naturalisation du genre est aussi l’occasion d’explorer la grande diversité de ses chemins, ainsi que celle des modalités de distorsion des résultats d’études scientifiques. Continuer la lecture de « Le camion et la poupée : jeux de singes, jeux de vilains »
Le connectome et la circulation circulaire des stéréotypes de genre
A en croire maints commentateurs de l’actualité de décembre 2013, des chercheurs auraient démontré l’existence d’une différence frappante entre les « connectomes » cérébraux des femmes et ceux des hommes, et celle-ci serait à l’origine d’une forme de complémentarité de leurs aptitudes et comportements. L’étude en question était pourtant très (très) loin d’autoriser les conclusions annoncées. Ce nouveau cas de validation imaginaire du bienfondé de certains stéréotypes de genre est exemplaire. Comme souvent, cette construction d’une fausse information a été sous-tendue par un tropisme hétérosexiste, favorisée par le manque d’éthique des producteurs de l’article scientifique, et permise par le dysfonctionnement structurel des médias en matière de sciences. Continuer la lecture de « Le connectome et la circulation circulaire des stéréotypes de genre »
Les tours de passe-passe de la psychologie évolutionniste du genre
Peggy Sastre, une essayiste et chroniqueuse associée au Nouvel Observateur qui promeut activement les théories psycho-évolutionnistes du genre, vient à nouveau d’exprimer sa foi ardente dans celles-ci et son mépris de ses contradicteurs. Cette charge publiée sur un site ayant une large audience ne pouvait rester sans réponse. Continuer la lecture de « Les tours de passe-passe de la psychologie évolutionniste du genre »
Instinct maternel, science et post-féminisme
Les écrits d’une sociobiologiste servent régulièrement de caution scientifique à l’idée qu’il existe un « instinct maternel ». Deux magazines de vulgarisation viennent d’en donner un nouvel exemple. S’agit-il vraiment de vulgarisation scientifique, ou de la défense d’une croyance « post-féministe » ? Continuer la lecture de « Instinct maternel, science et post-féminisme »