A propos

Ce blog a pour objet d’alerter sur certains écarts entre les données factuelles rapportées dans les articles de revues scientifiques et ce que divers intermédiaires culturels leur font dire. Il est focalisé sur les sciences biomédicales et du psychisme, particulièrement sujettes à ce type de distorsions notamment lorsque ces sciences contribuent à la naturalisation du social. De manière plus générale, ce blog se veut aussi être un outil à aiguiser l’esprit critique vis-à-vis de la vulgarisation scientifique, avec l’espoir d’alimenter un cercle vertueux d’amélioration de la qualité de la demande et de l’offre en la matière.

Ce blog n’est pas…
… un énième fil d’information sur l’actualité de la recherche. Il n’a pas non plus pour objet le commentaire critique des publications scientifiques, bien qu’il puisse y contribuer en passant. Il n’évalue pas la véracité des allégations censément étayées par la science, mais démasque seulement l’allodoxia créée par la reformulation trompeuse de productions savantes en produits de culture moyenne se faisant passer pour ce qu’ils ne sont pas.

L’autrice
Armée d’un bagage scientifique solide, forte d’une liberté de parole assurée par mon indépendance et enrichie par plusieurs années de recherche sur la communication des sciences biomédicales et du psychisme, c’est aiguillonnée par le constat de ses travers récurrents et mésusages aux implications politiques parfois graves que j’ai décidé de créer ce blog en février 2012. Certaines des analyses qui figurent ici sont issues de mes travaux de recherche soutenus par une allocation doctorale de l’Institut Emilie du Chatelet (concrétisée par un CDD de chercheur à l’EHESS d’avril 2009 à mars 2011).
Pour en savoir plus, voir la liste de mes publications et communications.

Bio express
1972                  Naissance à Besançon
1989-1991      Maths sup et maths spé M’ à Besançon
1991-1994      Diplôme d’ingénieur de l’Ecole Centrale Paris
1994-1995      DEA de sciences cognitives (EHESS / Université Paris VI / Ecole Polytechnique )
1995-2007      Travail dans une SSII, un cabinet de conseil puis une banque
2006-2007     Master de sociologie mention Genre à l’EHESS (auditrice libre) et élaboration d’un projet de thèse
2008-2013      Recherches dans le cadre d’un doctorat en sociologie (EHESS, dir. Francine Muel-Dreyfus, arrêté)
2013- . . .          Chercheuse indépendante

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Déménagement du blog
Initialement hébergé par Le Monde, allodoxia a été transféré ici en avril 2019 en raison de la suppression de tous ses blogs par le journal. La redirection automatique des anciens URL vers les nouveaux est assurée sauf pour les commentaires (renumérotés automatiquement par WordPress lors du transfert) et pour les images et fichiers (pour les retrouver, remplacer “allodoxia.blog.lemonde.fr” par “allodoxia.odilefillod.fr” dans leur chemin).

Rectificatif publié dans Le Nouvel Observateur n°2582 du 1 mai 2014, p. 30 :
« Dans l’article “Hommes Femmes : ce que dit la science” (N.O. du 6 mars), le statut de doctorante en sociologie et certains propos me sont prêtés à tort. Concernant l’idée de “propension naturelle des hommes à l’agressivité“, je n’ai jamais dit : “Plusieurs dizaines de milliers de publications ont avancé une explication liée au chromosome Y ou au rôle supposé de la testostérone, mais elles ont toutes échoué.” Interrogée sur les effets putatifs de la testostérone, de la présence d’un second chromosome Y ou des gènes de celui-ci, j’ai répondu que les études (se comptant par centaines et non dizaines de milliers !) menées depuis des décennies pour tenter de démontrer de tels effets chez l’être humain avaient échoué à le faire. J’ai ajouté que de manière générale, aucune des théories biologiques envisagées à ce sujet, telles celle d’un effet spécifique chez les hommes du gène MAOA parfois appelé “gène du guerrier” dans la vulgarisation, n’avait pu être confirmée. Au sujet des publications scientifiques sur les “différences hommes-femmes”, je n’ai jamais parlé de “découvertes non valides scientifiquement” : cette notion n’a aucun sens. J’ai évoqué les observations ponctuelles de différences non répliquées ou contredites par d’autres études, et les hypothèses non étayées concernant leur origine naturelle lorsqu’elles étaient confirmées. Enfin, je n’ai jamais qualifié d’ “amusants” les articles publiés dans Nature ou Science ni prétendu qu’ils n’étaient “pas soumis au jugement critique des autres scientifiques” : ils le sont évidemment. J’ai d’une part signalé que même dans ces revues, la lecture critique par des pairs avant publication n’était une garantie ni de qualité des articles, ni (loin de là) de véracité de tout ce qu’y écrivent leurs auteurs ; j’ai d’autre part regretté que certains médias relaient avec légèreté de fausses découvertes sous couvert de “science amusante” sur le sujet vendeur des différences entre les sexes. Odile Fillod, auteure du blog Allodoxia. »

A vos claviers !
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123 réflexions sur « A propos »

  1. Bravo et merci pour ce travail fouillé, courageux et si utile. Puissiez-vous continuer et publier après votre thèse un ouvrage de référence sur ces questions des liens entre différenciation biologique et différenciation sociale. Catherine Vidal est parfois un peu seule au monde…

  2. Viens de lire vos articles sur BC.

    Stupéfié d’y découvrir une usurpation formidable, rendue possible par la non moins formidable défaillance, au premier chef, de nos médias.

    Épaté par la belle rigueur de votre travail.

    Merci.

  3. Comme il est ingrat, long et rare ce travail critique!
    Et comme il est nécessaire.
    Je ne puis qu’être admiratif et reconnaissant pour votre travail.

    Merci infiniment.

  4. Je ne m’interesse pas a la theorie des genres, parcontre je trouve vos critiques de cyrulnik tres interessantes. Ayant moi meme trempe dans le monde trouble et assez periodiquement malhonnete de la recherche scientifique, j’adore les petites histoires croustillantes qui secouent un peu le piedestal de ces nouveaux dieux que sont les grands chefs de Labo n’ayant jamais eu le temps de faire de la recherche ou des experts par malentendu.

    Je peux peut etre vous suggerer une nouvelle tete de Turc en la personne de Mr Coppens qui nous singe le sage sur France info a longueur de journees et nous bassine avec ces cosiderations sur l’ecologie et la climatologie, deux domaines qu’ils violentent a longeur d’intervention, n’ayant visiblement aucune competence particuliere dans ces domaines, mais des opinions tes precises et arretes.

    D’ailleurs, regardant ce que disent les anglophones sur la decouverte de Lucy, je n’arrive vraiment pas a comprendre pourquoi on persiste a nous le presenter comme son decouvreur, vu qu’il ne semble pas avoir ete present lors de sa decouverte et que malheureusement les paleontologues qui l’on decouvert n’ont pu beneficier de sa legendaire intuition.
    Il est vrai que les paleontologuqes americains ne regardent probablement pas France 2 et n’ecoutent pas radio france… et ils ont probablement de la chance !

    1. Il y aurait en effet sans doute beaucoup à dire sur Yves Coppens en tant que vulgarisateur et expert médiatique; je ne me suis pour ma part penchée, il y a plusieurs années déjà, que sur L’Odyssée de l’espèce (documentaire malheureusement encore montré à des élèves), et ai déjà de quoi en faire un pavé. Je le mettrai peut-être en forme un jour sur ce blog si j’en ai le courage et le temps.

      A ma connaissance, s’il n’est pas le découvreur de Lucy (c’est Donald Johanson), il faisait du moins partie de l’équipe montée à l’initiative de Maurice Taieb qui était présente lors de cette découverte. A moins que cette info soit une intox ? Si vous en savez plus et avez des sources solides, n’hésitez pas à appronfondir.

      A part ça, ça tombe bien que vous ne vous intéressiez pas à la théorie des genres puisque ça n’existe pas. En revanche, si vous vous intéressiez aux questions de sexe/genre, vous seriez peut-être intrigué d’apprendre comment on a décidé que Lucy était une femelle et pourquoi il n’est pas certain que cela soit correct.

  5. Bravo, mille fois bravo !
    En tant qu’étudiante en sciences du langage, je m’inquiète beaucoup de la circulation de l’information scientifique, d’autant plus qu’il me semble que dans l’esprit de certains – de beaucoup ?-, la Science n’est que le nouveau nom donné à une sorte de dieu omniscient : on “croit en la science”, la vérité est dans les statistiques et les belles images colorées de cerveaux, citer un ou deux articles de recherche dans un journal “généraliste” est le gage ultime de sérieux (un peu comme citer les Evangiles dans certains milieux), etc.
    Avant, j’ai fait des études dans un domaine paramédical et j’ai pu constater en long, en large et à travers comment l’idée qu’on a du cerveau, du langage, du genre… affecte les patient-e-s pour le meilleur ou pour le pire. Or j’ai vu trop d’abus, de négligence ou simplement d’incompréhension dus au fait que les praticien-ne-s se voyaient gavé-es d’information “scientifique” qu’elles / ils ne savaient pas mettre en perspective.
    Merci en particulier de passer au filtre de votre formidable esprit critique la psychologie évolutionniste, car, comme tou-te-s ceux / celles qui osent s’y frotter, je me fais traiter de féministe tyrannique “qui s’obstine à ne pas prendre en compte la réalité biologique” quand je suggère que les données issues de cette discipline sont trop souvent utilisées pour renier le besoin de progrès féminin dans notre société.
    Et enfin, en tant que bisontine… Joie ! 🙂 Je rêve de marcher dans vos pas.
    Merci énormément pour votre travail.

  6. Je suis extrêmement intéressée par votre blog. J’y ai passé de longs moments à vous lire, ainsi que les intéressants commentaires, qui témoignent que vous êtes lues par des gens qui aiment à approfondir leurs réflexions. J’apprécie la pertinence de vos propos, leur argumentation fouillée et la précision de vos réponses. Quel travail ! Bravo !

    Je suis psychologue et j’écris des livres, dans lesquels j’essaye de rendre accessible la complexité psychique que ma pratique et mon expérience me laissent entrevoir.

    Certains sujets m’invitent à explorer des domaines adjacents au mien, par intérêt personnel et afin d’étayer mes propos : sociologie, philosophie, anthropologie, neurosciences, paléontologie, etc… Je tâche de me documenter le plus sérieusement possible, mais je ne suis évidemment pas spécialiste dans tous ces domaines. Mais qu’il est parfois difficile d’y voir clair ! Je lis, je recoupe mes informations, je vérifie les qualités de l’auteur, mais je me fais parfois berner… Et je peste de ne pas m’en être rendu compte ! Il fût un temps où Boris Cyrulnik et Lucy Vincent ont eu mon appréciation… Ce qui m’a préoccupé d’emblée avec BC, c’est l’écart étonnant entre le charme bonhomme du personnage sur les plateaux, qui le rend sympathique et accessible, et la confusion de ses écrits, où le flou et l’obscur s’entremêlent. Je sais que les psychiatres et les psychologues s’appuient parfois sur leur propre histoire pour bâtir des théories, c’est humain, mais une telle imposture, je n’imaginais pas. Quant à Lucy Vincent, depuis qu’elle est porte-parole de Servier, le doute s’est introduit, intuitivement, ce qui n’est pas très scientifique, j’en conviens !

    Mais me voici aujourd’hui entourée d’une soixantaine de livres, parmi lesquels j’essaye de trier le bon grain de l’ivraie. Je prépare un livre sur le thème des hommes et des femmes. Je n’ai pas encore défini l’axe, ni la variété des champs d’exploration, mais je passerai notamment en revue ce qui se dit sur le genre, l’idéologie dominante, les effets de celle-ci sur nos croyances, qui elles sont soumises aux « modes scientifiques », etc. Par effet domino, une lecture m’amène à en découvrir une autre, puis une autre, c’est quasi sans fin !

    Mes références, pour le moment, sont Élisabeth Badinter, Françoise Héritier, Pierre Bourdieu et Catherine Vidal, mais ma recherche est loin d’être aboutie. En paléoanthropologie, j’apprécie ce qu’écrit Pascal Picq, et là, zut, il est épinglé sur votre blog ! Je vais devoir relire et approfondir, mais je suis néanmoins un peu surprise. Je ne conteste pas que les propos que vous lui prêtez sont assez réducteurs. Votre souci de ne rien affirmer qui ne soit vérifiable me porte à vous croire, mais comme ils émanent d’une émission et non de son livre, que j’ai sous les yeux, je ne peux les replacer dans leur contexte. Je suis d’autant plus surprise que je viens de relire avec intérêt et plaisir, oui oui, ses propos dans « Nouvelle histoire de l’Homme » (Perrin 2005) et son chapitre intitulé « l’homme et la femme » me paraît dénué de toute forme d’imprégnation à l’idéologie naturaliste en vogue, pas plus qu’à celle de la domination masculine, bien au contraire. Son livre démontre plutôt, il me semble, combien les « découvertes scientifiques » en paléoanthropologie ont été soumises aux modes et à l’androcentrisme dominant. Je cite, entre autre : à propos de l’odyssée de l’espèce « Cette fiction s’appuie sur les mythes les plus profondément ancrés dans l’idéologie de la domination masculine depuis le Néolithique ». Plus loin : « La question est ainsi de savoir si la division sexuelle des tâches est une adaptation socio-écologique sélectionnée pour notre espèce Homo Sapiens, voire pour le genre Homo, ou si des constructions culturelles président à l’affirmation de telles partitions avec en filigrane les fondements d’une idéologie de la domination masculine. » Plus loin encore : « Les conclusions affligeantes des neurosciences sur les différences femme/homme se parent d’un voile de modernité posé sur les seuls progrès des moyens d’analyse, d’observation et d’expérimentation, mais en étant bien incapables d’interroger des paradigmes dominants d’un archaïsme bien antérieur à l’invention des sciences. » Et encore : « La paléoanthropologie et la préhistoire n’échappent à l’idéologie de la domination masculine. Le procédé est aussi simple qu’efficace : projeter dans la nature ou au temps des origines un état de l’idéologie contemporaine de la domination de l’homme et dire ensuite qu’il en a toujours été ainsi. » … « Le fait que ces trois espèces (les chimpanzés, les bonobos et les hommes) soient si proches génétiquement ne permet pas de ramener ces formes de domination à un réductionnisme génétique. Il y a une mise en place de traditions et de constructions culturelles. Chez l’homme, elles prennent une dimension symbolique considérable et tellement imprégnée qu’on les confond avec un fait de nature. » Etc etc etc…

    Je souhaite donc avoir des précisions sur les conclusions que vous semblez tirer du propos, certes malheureux, de Pascal Picq au cours de l’émission à laquelle vous vous référez. Était-ce une affirmation étayée ? Ou une phrase un peu idiote qu’on dit sous le feu des questions, en tâchant de simplifier un concept dont la complexité n’est pas « radiophonique » ? Votre commentaire sur cet auteur me paraissant assez sévère lorsque vous écrivez qu’il fait partie des quatre porte-paroles des théories évolutionnistes de la tendance masculine à avoir des pulsions sexuelles envahissantes, je me dis que vous vous appuyez sur d’avantage que sur cette phrase, fût-elle stupide… Non ?

    A vous lire.

    1. Pour répondre à votre question sur les propos malheureux de Pascal Picq (cités dans http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2012/04/25/psychologie-evolutionniste-et-biologie/#ref12) et sur ma remarque plus générale le concernant (dans le corps du texte juste avant le renvoi à cette note), je ne m’appuie pas seulement sur cette phrase.

      Comme je l’indiquais, c’est “lorsqu’il s’agit d’expliquer les comportements sexuels humains” qu’il n’hésite pas à développer des raisonnements… disons hâtifs, pour rester polie, basés sur la comparaison avec les autres primates. Ce qui est en effet remarquable dans son discours, c’est combien d’un côté, quand il s’agit d’expliquer la division sexuée du travail et ce qui va avec (surtout les capacités cognitives supposées différentes des unes et des autres), il fustige “l’idéologie de la domination masculine”, l’androcentrisme, les interprétations affligeantes de tel ou tel résultat de recherche et les scénarios simplistes de la psychologie évolutionniste, mais de l’autre il se vautre lui-même dans tous ces travers quand il s’agit d’expliquer la “nature” de la sexualité humaine.

      Lisez par exemple les passages du bouquin qu’il a publié aux éditions Odile Jacob avec Philippe Brenot (qui n’est pas un grand ami de Cyrulnik pour rien) évoquant la “réceptivité sexuelle permanente de la femme” et censés expliquer l’origine de “l’attractivité permanente de la femme” (p. 132), concepts dont la simple formulation en ces termes en dit déjà long.
      Extraits :
      – « Les caractères sexuels variables du corps des femmes ne se localisent pas que sur leurs parties génitales, mais sur l’ensemble du corps : longueur des jambes, développement des parties adipeuses des hanches, forme des fesses, courbure de la lordose lombaire, échancrure de la taille, silhouette en forme de violoncelle, forme des épaules, taille et forme des seins, gracilité du cou, la face, l’apparence des yeux et la chevelure. A cela s’ajoutent la démarche et la mise en mouvement de tout cet arsenal sexuel, sans oublier la voix et le regard. (Ce n’est pas pour rien que les sociétés les plus coercitives envers les femmes les cantonnent à domicile, les dissimulent sous des burkas qui ne laissent rien percevoir, même d’un regard ou d’un soupir, les contraignent au silence hors de la maison et tendent à limiter tout déplacement à pied, etc.). Tout ce qui précède est lié à une réceptivité sexuelle quasi permanente. Donc, ovulation cachée, mais attractivité ou “œstrus” permanent.» (p. 142)
      – « Notre arsenal sexuel, dont l’œstrus permanent de la femme, n’incite pas à la fidélité. » (p. 164)
      – « Des signaux érotiques semblent caractériser l’espèce humaine : les fesses et les seins. Le premier est très largement, peut-être universellement, codé comme le signal majeur de l’excitation visuelle, tant pour les hommes que pour les femmes. […] On peut imaginer que le coït postérieur habituel des primates a codé la zone fessière comme signal d’appel pour la pénétration et que le développement de cette zone chez les humains en a fait un signal prépondérant. Avec le redressement de la stature et le coït plus habituellement face à face, il semble que l’évolution a ensuite sélectionné des individus femelles ayant une même particularité sur le devant de la poitrine, c’est-à-dire une rotondité ressemblant au signal excitateur des fesses. […] En gros plan, les fesses et les seins peuvent même prêter à confusion, leur signal est identique, et l’un peut avantageusement remplacer l’autre. Cela permet ainsi aux mâles de l’espèce humaine de trouver face à eux un signal d’excitation sexuelle déjà codé dans leur mémoire sensorielle. » (p. 229-230)

  7. Comment expliquez-vous que cet auteur (ou n’importe qui, lui ou un autre) puisse à la fois fustiger l’idéologie de la domination masculine et se vautrer dans les mêmes travers quand il s’agit d’expliquer la « nature » de la sexualité humaine? Mon expérience me porte à croire que chacun a une forme de cohérence interne, même lorsqu’elle n’apparaît pas comme telle aux yeux de l’observateur. Comment voyez-vous cette “apparente” incohérence?

    1. Mon hypothèse est que chez lui comme chez d’autres (ce “deux poids, deux mesures” est assez répandu), ça relève d’une suspension de la raison voire d’une incapacité à penser dès lors que le sujet touche à des convictions extrêmement profondes. En l’occurrence, il s’agit de convictions qui sont au coeur du vécu intime et de la construction identitaire des personnes concernées. Des gens par ailleurs capables de réfléchir semblent perdre toute capacité de raisonnement et tout recul critique vis-à-vis de ce qui s’impose à eux comme relevant de l’évidence et dont la remise en question aurait pour eux un coût trop élevé. Mais ça n’est qu’une hypothèse. Qu’en pensez-vous en tant que psychologue ?

  8. Lorsque j’observe des incohérences chez quelqu’un, il s’agit parfois d’un conflit interne non-perçu, et donc non-résolu. Conflit entre le rationnel et l’émotionnel. La personne sait, mais “c’est plus fort qu’elle”, elle n’en tient pas compte. Par exemple, elle sait que l’autre n’a pas voulu l’agresser, mais sa colère la déborde et elle riposte violemment. Pour ne pas ressentir d’incohérence, elle lui “trouve des poux” qui justifient sa contre-attaque. Elle expulse une partie de son conflit interne sur l’autre, et donc s’en trouve dégagée.

    Je n’ai pas tellement l’impression que nous soyons ici dans ce cas de figure. D’autant plus que les deux points de vue, apparemment incohérents, sont exprimés dans le même registre, l’écrit, plus porteur de rationnel, parce qu’il permet la réflexion. C’est ça qui me préoccupe. Les deux assertions ne sont probablement pas incohérentes, pour lui. J’imagine, à tort ou à raison, qu’il n’a pas écrit cela impulsivement, sans réflexion…

    Je suis d’accord avec vous lorsque vous écrivez que les convictions relèvent du vécu intime, de la construction identitaire, c’est en effet le terreau dans lequel elles s’enracinent. Elles nous sont, pour ainsi dire, chevillées au corps, et il n’est pas facile de les mettre en question, surtout si elles nous conviennent.

    En revanche, j’ai un peu de mal à m’accorder avec vous quand vous suggérez une suspension de la raison, une incapacité à penser, la perte de toute capacité à raisonner… Cela arrive, souvent même, mais plutôt dans des situations plus spontanées, quand l’individu est pris de court, sur des sujets qu’il ne maîtrise pas, lorsqu’il lui semble qu’il vaut mieux donner une réponse à moitié réfléchie que pas de réponse du tout…

    Je ne suis pas sûre qu’on puisse faire cette hypothèse avec sûreté pour un homme qui a passé de longues années à réfléchir à la question. Ceux qui affirment ce que leurs convictions intimes leur donnent envie de croire et de répandre, sont en général plus cohérents dans leur vision du monde, fût-elle improuvable scientifiquement, vous en avez déniché de nombreux.

    Mon hypothèse (mais peut-être que je me fiche le doigt dans l’oeil…?) est que Pascal Picq ne sous-entend pas ce que vous y voyez… Certes, il analyse les hommes et les femmes comme des mammifères, qui ont une anatomie particulière par rapport aux grands singes, sur laquelle il fait des hypothèses quant à son origine liée à l’évolution des espèces. Il parle de réceptivité quasi permanente des femmes sur le plan physiologique, en faisant le lien avec le fait qu’elle ne savent pas nécessairement qd elles ovulent, que leur oestrus est caché, etc. Il fait un parallèle entre les fesses et les seins, c’est une analyse de l’humain par un spécialiste des grands singes. Soit. Mais il me semble qu’elle reste dans le champ de l’observation. Je ne lis nulle part qu’il en tire des conclusions sur les comportements.

    J’apprécie votre rigueur et j’ai beaucoup appris en lisant votre blog. Il m’a ouvert les yeux sur l’indulgence, voire la facilité avec laquelle je prenais parfois pour argent comptant des assertions (hors de mon champ de compétence) dont je ne vérifiais pas suffisamment le bien-fondé. Mais ici, je m’interroge. Je sais que vous êtes plongée dans ces analyses de manière plus assidue que moi, mais je ne peux m’empêcher de noter que vous semblez bien “remontée” contre cet auteur. Je comprends qu’on puisse pester, ça m’arrive comme à tout le monde, mais ici, même s’il est pote avec Brenot qui, lui, l’est avec Cyrulnik (et là, oui, il y a du travail!), je ne trouve pas que votre sévérité soit justifiée. Ou alors, c’est qu’il y a quelque chose que je ne vois pas?

    En tous cas, ma vigilance est boostée! Et cet échange n’y sera pas pour rien!

    1. En ce qui me concerne, à propos de cette discussion (je suis psychologue également, avec l’intérêt particulièrement marqué, et la “chance” d’avoir eu accès à des cours de psychologie sociale). A propos de l’extrait des thèses énoncées par P. Picq, choisies par O. Fillod pour soutenir une critique (que je n’ai pas lue, bien que ravie a priori d’apprendre qu’elle existe (!)), et sur la question de la naturalisation de la “sensualité” des seins… Ca m’étonnerait que celle-ci s’applique au sein de civilisations où ceux-ci sont constamment exposés (pour la petite histoire de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours (re !), mon mari est natif de République Centrafricaine, où c’est le cas en dehors de Bangui, la capitale). Il m’a affirmé dans une de nos multiples conversations qui ne portait d’ailleurs pas sur le sujet que les seins ne représentaient pas le moindre attrait sexuel pour les hommes… (probablement généralisation abusive, tel que je le connais !!!)
      Peut-être y a-t-il moyen de trouver des études plus quantitatives, soutenue par méthodologie et analyse rigoureuses et en nombre suffisant pour invalider cette assertion (étayée par quoi ?) de P. Picq.
      Bien cordialement.

    2. Par ailleurs, je me permets de préciser qu’en ce qui me concerne je préfère de loin la notion de dissonance cognitive à celle de “conflit interne non perçu”… Ça me semble beaucoup moins flou. J’ai également un peu de mal va-t-on dire (et ça n’est qu’une opinion) avec la notion de psychisme qui me semble pour le moins galvaudée… et donc pour le moins imprécise. Sans compter qu’elle me paraît en outre connotée psychanalydolâtre… Carrément, je me permets…
      J’y préfère des notions de type “mécanisme psychologique à l’œuvre dans tel ou tel contexte”…
      (Il m’arrive d’aller jeter un œil sur le site “les mots sont importants”…)

  9. Bonjour, je voudrais vous indiquer un blog d’une femme asperger très intéressant qui explique le syndrome d’asperger sous forme de témoignage , en soulignant les spécificités des femmes asperger : http://52semaspie.blogspot.fr/
    et mon livre que je viens d’écrire concernant le haut potentiel “Des femmes surdouées” aux éditions du net. parfois , les témoignages en apprennent plus que des recherches scientifiques.

  10. Je poursuis ma réflexion parce que j’apprécie votre travail, mais je suis soucieuse. Soit il y a qlq chose que je ne comprends pas (et dans ce cas, merci de m’éclairer encore), soit je sens un glissement qui ne devrait pas être.

    Je trouve juste que vous pointiez les abus de titres qui n’existent pas, les études non-validées, les biais et les jeux statistiques, c’est là une véritable opération de salubrité publique. Je comprends aussi que vous puissiez, en dehors de ces excès et autres petits arrangements avec le vérité, vous trouver excédée par des prises de position qui naturalisent le social, puisque jusqu’à présent, rien n’est, semble-t-il si je vous crois, scientifiquement validé. OK.

    Je comprends aussi aussi que vous luttez contre ce courant de pensée (le retour du biologique) pour des raisons idéologiques que je valide également, et dont je comprends les dangers (retour des femmes au foyer, médicalisation de l’homosexualité, etc.)

    Mais ici il me semble que vous interprétez. Il me semble que vous voyez un scientifique qui tiendrait un discours politiquement correct d’une part, et des propos “biologico-sexistes” de l’autre, et que vous y voyez d’emblée de l’incohérence.

    Je me trompe?

    1. Pour répondre à vos deux derniers commentaires, tout d’abord je voudrais reposer la question autrement, car vous dites que je vois “d’emblée de l’incohérence” dans le discours de P. Picq mais c’est vous qui avez formulé au départ la question en termes d’incohérence. Il me semble au contraire qu’il est cohérent avec lui-même, si je peux dire, et je partage en tout cas votre sentiment qu’on n’est pas ici en présence de quelqu’un travaillé par un conflit interne non-perçu. L’incohérence apparente ne surgit que lorsqu’on regarde sous un certain angle le point d’arrivée de sa réflexion, c’est-à-dire comme vous le résumez un discours “politiquement correct” d’une part et des propos “biologico-sexistes” de l’autre. Si on regarde le point de départ de sa réflexion, l’incohérence disparaît car ce ne sont pas ces deux “lignes idéologiques” qui en sont au principe. Je m’explique.

      J’ai deux hypothèses. La première est que comme nous tous (moi y compris, ça va sens dire mais ça va mieux en le disant), il est habité par des croyances qui tendent à lui faire adopter facilement et sans recul critique des théories qui les flattent et à susciter de la circonspection vis-à-vis de celles qui les contredisent. Or mon petit doigt me dit qu’il n’est pas habité par la croyance viscérale dans le fait qu’il existe des différences fondamentales entre hommes et femmes dans les capacités cognitives alors qu’il l’est pour ce qui concerne la sexualité. La seconde est que s’ajoute à ça la perception spontanée du potentiel de justification d’inégalités sociales qu’ont les explications psycho-évolutionnistes de la division sexuée du travail et des rôles sociaux, ce qui incite à la prudence, alors que ce qui relève de la sexualité ne (lui) semble pas poser le même genre de problèmes parce qu’il ne perçoit pas la profondeur des liens entre sexualité et rapports sociaux.

      C’est à mon sens exactement la même chose lorsqu’Axel Kahn développe le même “deux poids, deux mesures” sur le même sujet (quoi qu’exprimé dans des termes très différents et avec plus de subtilité), ou lorsque le généticien Pierre Roubertoux développe tout un tas de critiques sophistiquées contre les études concluant à l’héritabilité génétique d’une part non négligeable de l’intelligence mais les oublie quand il s’agit d’héritabilité génétique des traits de la personnalité, ou encore lorsque Stanislas Dehaene développe de même une critique des études concluant à l’héritabilité génétique du talent mathématique qu’il ne mobilise pas quand il s’agit d’héritabilité génétique des troubles d’apprentissage de la lecture.

      Ce que fait P. Picq dans le livre que j’évoque ne relève pas d’une démarche scientifique. Ce qu’il fait est exactement ce que fait par exemple Edwige Antier lorsqu’elle dit qu’évidemment, l’instinct maternel existe, qu’elle l’a vu tous les jours pendant 40 ans, et que ça s’explique notamment par l’ocytocine et la prolactine : elle est profondément convaincue de l’existence de cet “instinct”, est allée piocher dans la littérature scientifique (ou sa version vulgarisée) des articles confortant cette croyance, et forte de sa position d’expert médiatique elle divulgue cette théorie. Très probablement en lien avec son vécu personnel (c’est là que j’en reviens au coeur de l’intime et de la construction identitaire évoqués précédemment), Pascal Picq est manifestement profondément convaincu qu’il y a quelque-chose de biologiquement encodé dans le cerveau des hommes qui fait que tout un tas de caractéristiques du corps des femmes déclenchent automatiquement du désir chez eux, est allé piocher dans la littérature scientifique (ou sa version vulgarisée) des articles confortant cette croyance, et fort de sa position d’expert médiatique il divulgue cette théorie. Il faut en effet rappeler – il est d’ailleurs transparent sur ce point dans le livre – que cette théorie n’est pas de lui mais de Desmond Morris. Cette théorie a eu beaucoup de succès chez un certain type d’hommes : je pense notamment à Jean-Didier Vincent qui l’avait déjà reprise à son compte dans les année 90, enrobant ainsi ce discours de pure sociobiologie la plus crasse d’un verni de neurosciences comme P. Picq l’enrobe aujourd’hui d’un verni de paléoanthropologie. Il y a d’ailleurs un indice assez clair du fait qu’il part de son vécu personnel, c’est le caractère incroyablement androcentrique de son discours (il me semble assez éclatant dans l’extrait que j’ai cité dans mon précédent commentaire).

      Vous dites que P.Picq ne sous-entend pas ce que je vois, il vous semble que je sur-interprète ses propos qui relèveraient d’une “analyse de l’humain par un spécialiste des grands singes” et resteraient dans le registre de l’observation, et que nulle part il n’en tire des conclusions sur les comportements. Or tout d’abord, encore une fois, ce n’est pas le chercheur qui s’exprime ici en rendant compte de ses observations mais le vulgarisateur qui reprend une théorie élaborée par un autre. Par ailleurs, les extraits que j’ai cités me semblent pourtant montrer au contraire qu’il en tire des conclusions sur les comportements : il y écrit quand même que l’érotisme naturel du corps de “la femme” envoie aux hommes des signaux d’excitation sexuelle qui ne les incite pas à la fidélité et que ça explique que dans “les sociétés les plus coercitives” (suivez son regard) on empêche les femmes de parler, de se déplacer à pied (!), etc. Vous ne voyez pas les choses ainsi ?

  11. Honnêtement, non, je ne vois pas vraiment les choses ainsi. Je comprends que les extraits que vous citez peuvent être compris comme vous le craignez, et votre petit doigt a peut-être raison, je n’en sais rien, mais ces phrases me paraissent mineures par rapport à l’ensemble du propos et elles ne me semblent pas nécessairement insinuer que les attraits des femmes (fesses etc) pourraient d’une quelconque manière justifier quelque comportement que ce soit d’un homme tenté.
    Elles sont tirées de leur contexte, et peuvent alors donner à penser qu’elles trahissent une vision du monde dont elle ne représenterait que la partie émergée, mais replacées dans le contexte du livre, je ne ressens pas ce “deux poids deux mesures”. Il me semble aussi y lire une recherche d’équilibre dans les propos qui l’effet du corps de l’un sur le désir de l’autre, voir notamment le passage sur la longueur du zizi et ce que les femmes en pensent! (139-140)

    Certes, les auteurs sont deux hommes et le même thème traité par des femmes ne créerait probablement pas le même livre, ça j’en suis assez sûre! Mais un auteur peut-il être neutre? Je n’en crois rien.

    Disons que je reste sur un point d’interrogation, et ça me plaît, parce que ça laisse mes petits neurones bien éveillés et curieux de prochaines découvertes. La psychologie ne pouvant tout expliquer et nécessitant, à mes yeux, de se nourrir d’un contexte multidisciplinaire, je suis invitée, en tant que travailleur de terrain d’une part et auteur-vulgarisateur de l’autre, de m’appuyer sur le travail des autres. Je vous promets (je me promets!) d’être plus que jamais vigilante!

    Par ailleurs, en lisant votre blog, j’y ai vu, je ne sais plus où, la question du sexe de Lucy. Ayant écouté le reportage d’Arte qui mentionne que ce serait “simplement” parce qu’elle est petite (et peut-être aussi pcq on était en pleine vague féministe, ça c’est moi qui rajoute), je vous pose la question: est-ce en effet, la raison de l’attribution de son sexe? Et que pensez-vous des arguments des différents spécialistes interrogés sur cette question de la taille des femmes?

    1. Bon, eh bien je crois qu’il faut prendre acte du fait que nous ne faisons pas la même lecture de ce texte et en rester là. Je ne cherche pas à convaincre absolument mes lecteurs/interlocuteurs qu’il doivent se rallier à mon point de vue, et si j’ai pu susciter une interrogation ou de la vigilance j’en suis déjà très heureuse.
      Nous sommes au moins d’accord sur un point : un auteur ne peut pas être neutre (et ça n’est pas ça que je reproche à P. Picq, P. Brenot et consors).

      Si j’en crois le récit qu’en a fait Priscille Touraille, mais aussi James Shreeve en 1995 dans Sexing Fossils: A Boy Named Lucy?, Science, Vol.270(5240), p. 1297-1298, c’est bien uniquement la petite taille du squelette de Lucy, comparée notamment à celle des squelettes d’un groupe de fossiles retrouvés ailleurs dans la même région, qui a conduit à décider qu’il s’agissait d’une femelle. Je ne pense pas que cette attribution du sexe féminin ait un quelconque lien avec le féminisme (ça serait même plutôt le contraire !), ni d’ailleurs réciproquement que la remise en cause de cette attribution en ait un quelconque avec l’antiféminisme (ce sont deux anthropologues suisses, Martin Hausler et Peter Schmid, qui ont mis les pieds dans le plat en octobre 1995). Il s’agit d’un débat scientifique derrière lequel il y a des enjeux importants indépendamment de la question de l’origine de la différence de stature entre hommes et femmes.

      Sur cette question, le documentaire diffusé par Arte ne rend malheureusement pas du tout compte clairement de la thèse de Priscille Touraille, qui avait motivé son élaboration (selon les propos de sa réalisatrice à l’occasion d’une projection à laquelle j’ai assistée). En effet, pour “introduire” le propos de cette dernière, diverses hypothèses sont invoquées et divers spécialistes interviewés, et il reste bien (trop) peu de temps pour développer ses arguments permettant de penser : 1) que ces hypothèses ne tiennent pas la route 2) que la sienne est bien mieux étayée. Je vous encourage vivement à lire son livre, Hommes grands, femmes petites que j’ai pour ma part trouvé très solidement argumenté – pour être tout-à-fait honnête, c’est sa thèse et non son livre que j’ai lu, mais je crois savoir qu’il lui est assez fidèle. Je ne sais pas (et personne ne peut dire) si c’est son hypothèse qui est la bonne et non l’hypothèse dominante actuelle, mais en ce qui me concerne c’est celle qui me semble la plus convaincante pour expliquer pourquoi à ce jour, les femmes sont “naturellement” plus petites que les hommes. NB : “naturellement” au sens où j’emploie ce terme sur ce blog, i.e. la différence actuelle moyenne de stature entre hommes et femmes est bien en partie naturelle au sens où elle est bien en partie causée par des facteurs biologiques endogènes différant entre hommes et femmes, sachant que selon la thèse de P. Touraille cette différence biologique aurait été créée par un processus de sélection sous contraintes culturelles et non naturelles.

  12. Je vais lire le livre de P. Touraille, toutes ces questions m’intéressent beaucoup.

    Nous n’arrivons peut-être pas exactement à la même lecture de P. Picq, mais ce n’est pas grave! Je suis devenue beaucoup plus vigilante depuis que j’ai découvert vos travaux, et c’est ça qui compte.

    Lorsque j’ai écouté le reportage d’Arte sur la taille des femmes, mon impression était que la “démonstration” était relativement claire. Je peux comprendre votre frustration quant au manque de temps imparti à P. Touraille, mais, avec le niveau d’écoute qui était le mien (curieuse, sans a priori, mais d’un niveau de compétence assez moyen sur la question), j’ai cheminé au fil du raisonnement de la réalisatrice, dont je comprenais assez facilement l’interrogation et l’hypothèse de conclusion. J’ai plutôt trouvé que c’était un bon niveau de vulgarisation si le but était de susciter l’interrogation chez le public moyen d’Arte.

    Je suis pour le moment plongée dans la lecture de Badinter: “Le conflit”, que je n’avais pas encore lu, et je suis assez étonnée par la “fureur” de ses propos contre la mouvance écologiste, qui émane dès les premiers chapitres. Elle me semble tellement remontée qu’elle jette un peu le bébé avec l’eau du bain, ce qui m’étonne tellement de la part d’une femme aussi intelligente.

    Cela m’amène à une autre réflexion sur laquelle je voudrais avoir votre avis. Il me semble que le débat est beaucoup plus passionnel en France qu’en Belgique. Dans mon petit pays, à cheval sur le Nord et le Sud de l’Europe (j’habite à Bruxelles), le débat sur le genre et sur le mariage gay ne soulève aucune passion. En France, il me semble qu’il y a vraiment deux camps qui s’affrontent. Vu d’ici, cela apparaît comme un combat où chacune des parties se sent investie du rôle de sauver la société, qui s’effondrerait si l’autre camp gagnait… (D’accord, mes propos sont assez simplifiés, mais c’est ce que les médias nous servent à l’heure du dîner, et ça influence beaucoup Mr et Mme Michu…) Est-ce un problème franco-français?

    Comment expliquez-vous cela?

    1. Je ne souhaite pas rebondir sur votre remarque concernant le livre de Badinter car ça nous emmènerait trop loin de l’objet du présent blog.
      Quant à la différence Belgique/France, elle est en effet assez frappante. Pour moi il est clair que si le débat est aussi passionnel ici, c’est du fait de la crispation particulièrement forte en France autour de la “diffferencedessexes” (cf Sabine Prokhoris, Le sexe prescrit, 2000, Flammarion coll. Champs) comme structure fondamentale évidente et nécessaire de l’identité, de la sexualité, de la culture et de la société en général : s’il y a deux camps qui s’affrontent dans un débat passionnel, c’est bien parce que le camp de ces “crispés” entend (continuer à) imposer à tous sa vision et ses normes, et que pour un certain nombre de personnes c’est insupportable.
      Expliquer pourquoi cette crispation autour de la “diffferencedessexes” est particulièrement forte en France va bien au-delà de mes compétences : il faudrait se tourner vers des sociologues ou historiens ayant fait un travail comparatif entre nos deux pays sur cette question ou des questions connexes (si des lecteurs en connaissent, qu’ils n’hésitent pas à donner des références ici). Je ne peux cependant m’empêcher de penser qu’elle n’est pas sans rapport avec l’emprise particulière qu’a exercé et continue d’exercer en France la psychanalyse sur la culture commune aussi bien que sur celle des élites intellectuelles. Bien que ça puisse apparaître contradictoire au premier abord, les discours essentialistes concernant la “diffferencedessexes” invoquant des arguments biologiques s’inscrivent souvent dans une continuité remarquable avec certaines théories psychanalytiques. Il faudrait sans doute aussi évoquer le poids du catholicisme en France… Mais peut-être prends-je le problème à l’envers*… Si vous souhaitez continuer à échanger à ce sujet je vous propose de le faire en dehors du blog : mes coordonnées sont indiquées sur cette page. Merci.
      * Voir l’analyse intéressante du psychanalyste Michel Tort dans “Homophobies psychanalytiques”, 15/10/1999, Le Monde

  13. Je voulais vous remercier pour votre travail sur ce blog. Grâce à vous je lis les articles et livres de vulgarisation scientifique d’un autre œil et essaye d’aller chercher confirmation (ou non!) de ce qui est avancé.
    Je me demandais si vous pouviez conseillez des livres qui permettent de se forger un esprit critique sur la vulgarisation scientifique et ses raccourcis ou sur l’utilisation qui est faite de la science par les médias.

    En vous remerciant encore!

    1. Merci pour votre témoignage : il me donne le sentiment d’avoir fait un peu avancer les choses dans la direction que je visais lorsque j’ai créé ce blog.
      Je ne connais pas de livre correspondant à ce que vous décrivez, et ne sais pas s’il en existe… Ce qui s’en rapproche le plus il me semble, c’est le travail de gens tels que Richard Monvoisin ou Normand Baillargeon (zététique, autodéfense intellectuelle). Bien qu’ils se concentrent surtout sur les pseudosciences et leur médiatisation, leurs analyses et la démarche critique qu’ils aident à développer marche aussi très bien pour les vraies sciences.
      Si des allodoxinautes ont des suggestions à ce sujet qu’ils n’hésitent pas à les faire ici !

      1. Bonjour/bonsoir toustes !
        Je trouve que Guillaume Lecointre fait un excellent travail de vulgarisation (sans y sacrifier la rigueur) des sciences, en particulier à propos de la théorie de l’évolution de Ch. Darwin. Les méthodes, approches, démarches sont largement applicables à d’autres sujets. Mais il est vrai que la systématique (qui est son domaine) demande probablement par essence (?!) une rigueur particulière.
        Je mets trois types de contenus en lien, qui me semblent pour partie se chevaucher tout en s’appliquant à des thématiques différentes.
        Déjà de quoi se (ré)affuter les neurones en tout cas !!
        – Laïcité tacite des sciences :
        https://www.youtube.com/watch?v=NpiY6g7d18U&ab_channel=Universit%C3%A9LeHavreNormandie
        – Sélection naturelle, un concept audacieux :
        https://www.youtube.com/watch?v=N6vTV4MmUwY&ab_channel=Leblob%2Cl%E2%80%99extra-m%C3%A9dia
        – Homme animal, coupure ou partage :
        https://www.youtube.com/watch?v=rIG1_GgChLw&ab_channel=Espacedessciences
        – Le hasard dans l’évolution de la vie :
        https://www.youtube.com/watch?v=bJfD38w9Dxs&ab_channel=AFIS-AssociationFran%C3%A7aisepourl%27InformationScientifique
        – La nature est-elle bien faite ? Notre corps et l’évolution :
        https://mediaserver.unige.ch/play/151035

        Désolée, en fait, je ne sais laquelle choisir. Toutes plus intéressantes les unes que les autres.

        Et absolument d’accord pour ce qui concerne le travail de Baillargeon comme de Monvoisin.

        Bien cordialement.

      2. Également, il me semble que les liens donnés vers les conférences de G. Lecointre répondent finalement un peu “à côté de la plaque”…
        Je pense qu’il y a un exemple, sur le site d’Acrimed qui permet de mettre un peu en lumière la misère du journalisme scientifique, du côté des médias dits “main stream” (médias patronaux me semble plus clair). Ici :
        https://www.acrimed.org/Misere-de-l-information-medicale-en-temps-de?recherche=%2Bmis%C3%A8re%20%2Bjournalisme%20%2Bscientifique
        Je pense que le travail d’analyse critique du fonctionnement médiatique (incluant les conditions de “production de l’information” & les mouvements sociaux et autres tribunes des journalistes) qui relaient les informations auxquelles nous avons accès (partielles et partiales) est aussi pour le moins important. Fait par Acrimed donc, mais également par S. Halimi dans son livre “les nouveaux chiens de garde”, mis en documentaire par G. Balbastre et Y. Kergoat. D’autres y travaillent également.
        Bref, on y apprend surtout à prendre les choses avec circonspection. D’autant plus que c’est spectaculaire, et/ou que ça confirme nos stéréotypes et/ou préjugés…
        Pour autant, quel autre accès a-t-on aux informations ???
        Comme je le lis parfois, “on n’a pas le c… sorti des ronces” !
        Bien cordialement.
        IN

  14. Personnellement, j’ai trouvé cette analyse minutieuse et très bien documentée dans le livre de Rebecca Jordan-Young, “Brain Storm”. Il est écrit en anglais mais accessible pour qui possède un niveau moyen (c’est bien plus facile à lire que du Shakespeare!). Il déconstruit finement, sans passion ni mépris, tout le courant des études sur la sexuation du cerveau, en les replaçant dans le contexte de l’époque et en expliquant l’échafaudage qu’elles créent en s’appuyant les unes sur les autres, et bien d’autres démonstrations encore. J’y ai vraiment beaucoup appris sur le monde de la recherche scientifique. Merci Allodoxia!

    1. Tiens, je retombe par hasard sur ce vieux commentaire, et réalise qu’il me faut absolument y répondre ! Dès que le livre de Rebecca Jordan-Young est paru (fin 2010, Harvard University Press), je me suis empressée de le lire, et je dois dire que sa parution a fait partie des (multiples) raisons qui m’ont fait abandonner ma thèse, car elle avait tout simplement déjà fait une partie du travail que j’avais mené de mon côté. Etant de ce fait on ne peut mieux placée pour apprécier la qualité de son travail, j’ai ensuite poussé comme je le pouvais à ce que ce livre soit traduit. J’ai ensuite eu l’occasion de rencontrer son autrice à un colloque qui a donné lieu à un ouvrage collectif auquel nous avons toutes deux contribué, puis nous sommes restées en contact, et bref, finalement le projet de traduction s’est concrétisé, et c’est à moi que celle-ci a été confiée. Le livre est donc désormais disponible en français, publié en 2016 chez Belin sous le titre Hormones, sexe et cerveau (pas du tout celui que j’avais proposé, mais l’éditeur a malheureusement tous les droits en la matière). Voir https://www.belin-editeur.com/hormones-sexe-et-cerveau.

  15. Bonjour Madame FILLOD,

    Il y a une question qui me semble rarement posée par les psychologues, les neurobiologistes et les neurophysiologistes : pourquoi les femmes sont-elles plus souvent croyantes que les hommes ? Quelle est la part des influences génétiques et hormonales et celle de l’éducation, incitant toutes deux notamment à la soumission ?
    Certes, il y a bien Patrick JEAN-BAPTISTE, dans son livre « La biologie de dieu » (Agnès Vienot 2003) : après avoir noté les différences (moyennes et relatives) de comportements, il écrit, page 278 :

    « Le discours consensuel et politiquement correct de notre époque estime généralement que toutes ces différences s’expliquent par l’éducation. Toutefois, il existe quelques dissemblances notables entre le cerveau des femmes et celui des hommes. Principalement dans le système limbique, à l’intérieur des amygdales peut-être en raison de l’imprégnation hormonale durant la vie foetale.
    Selon Rhawn JOSEPH, les disparités entre les deux sexes résulteraient précisément de ce dimorphisme.

    Chez les femmes, les amygdales sont plus denses en corps cellulaires que chez les hommes. Par conséquent, la commissure antérieure, qui réunit, au niveau de ces corps, les deux hémisphères cérébraux, y est plus épaisse de 18 %(il y passe plus de fibres nerveuses) que chez les hommes (cf Allen et Gorski).
    Etant donné que ce noyau est principalement responsable des émotions de peur ou d’angoisse, le neuropsychiatre suppose que les femmes seraient généralement plus enclines à ces émotions que les hommes. Ce qui pourrait offrir une certain avantage darwinien en rendant les femmes, mères futures ou présentes, plus prudente que les hommes, donc plus à même de protéger leurs enfants.

    Le revers de la médaille serait une plus grande affectivité, un besoin constant d’être rassurées et, pour en revenir aux thèses du précédent chapitre, une recherche pressante de sens. Autrement dit, de dieux … ». Du reste, ce n’est peut-être pas sans raison si le bon sens populaire parle « d’intuition féminine ». Dans la mesure où les amygdales participent au système d’alerte et de détection d’intentions, une plus grande activité basale de ces corps abaisserait en quelque sorte le seuil d’alarme.
    La moindre expression d’autrui, de celles que les hommes ne remarquent généralement pas, sera facilement détectée et analysée par les femmes. C’est pourquoi elles sont souvent d’excellentes psychologues ». (…).

    Le peu de publications à cet égard expliquerait que vous n’ayez pas eu à les commenter, du moins apparemment.
    De manière plus générale, bien qu’athée, je m’intéresse depuis plus de cinquante ans à l’origine éducative et culturelle de la foi et à sa fréquente persistance neuronale :
    http://michel.thys.over-blog.org/article-une-approche-inhabituelle-neuroscientifique-du-phenomene-religieux-62040993.html
    Si vous voulez bien y jeter un oeil, ce dont je vous remercie déjà, vous constaterez que j’ai hélas tendance à être souvent trop affirmatif, alors que je n’émets que des hypothèses explicatives.
    Je m’attends donc à être « descendu en flammes » , mais j’apprécierais vos critiques !
    Cordialement,
    Michel THYS
    à Ittre, en Belgique.

    1. Bonjour Monsieur THYS,

      Je ne me pencherai pas sur vos écrits car j’ai d’autres priorités (ne m’en veuillez pas). Je ferai juste quelques remarques sur cet extrait du livre publié en 2003 par le journaliste scientifique Patrick Jean-Baptiste, pourfendeur du “politiquement correct” (quand on commence comme ça c’est généralement mauvais signe, et ce cas confirme la règle).

      1) Avancer comme il le fait qu’ “il existe quelques dissemblances notables” dans le cerveau pour invalider l’hypothèse que “toutes ces différences s’expliquent par l’éducation” est absurde, puisque les effets de la socialisation différenciée et des différences de vécu selon le sexe (ce qu’il appelle de manière réductrice “l’éducation”) sont parfaitement susceptibles de créer des différences dans le cerveau.

      2) C’est d’autant plus absurde qu’il a au moins l’honnêteté d’ajouter : “peut-être en raison de l’imprégnation hormonale durant la vie foetale”, soulignant par son “peut-être” qu’il ne sait pas quelle est l’origine de ces “dissemblances notables”.

      3) Il n’existe rien qui puisse être qualifié de “dimorphisme” femmes-hommes dans l’amygdale.

      4) Allen & Gorski ont rapporté en 1992 (dans PNAS, toujours prompt à publier ce genre de papiers foireux mais sexys) l’observation faite post-mortem sur un échantillon de 30+30+30 cerveaux que les “hommes homosexuels” avaient en moyenne une commisssure antérieure plus épaisse de 18% que les “femmes hétérosexuelles”, et que les “femmes hétérosexuelles” avaient en moyenne une commisssure antérieure plus épaisse de 13.4% que les “hommes hétérosexuels” (p. 7200). Dans le premier article rapportant une différence entre les sexes dans cette structure (en 1991 dans The Journal of Comparative Neurology), issu de l’examen post-mortem d’un échantillon de 100 cerveaux, les mêmes Allen & Gorski avaient trouvé une différence moyenne entre femmes et hommes de 12%. La valeur de 18% avancée n’est donc pas la bonne, pour commencer.

      5) Ces études préliminaires de Roger Gorski et de son étudiante de l’époque Laura Allen, des piliers de la recherche de différences cérébrales structurelles dans le but de prouver qu’il existe une sexuation naturelle du cerveau, n’ont à ma connaissance jamais été répliquées. Byne et collègues ont au contraire rapporté une absence de différence en 2001, dans un article de Hormones and Behavior célèbre pour avoir trouvé une différence dans l’hypothalamus sur 34+34+14 hommes et femmes “présumé hétérosexuels” et hommes “homosexuels” post-mortem (“We also measured the anterior commissure in the same blocks of tissue used for the present hypothalamic study (data not shown) and were unable to replicate a report that its cross-sectional area is larger in women than in men (Allen and Gorski, 1992).”, p. 90), de même que Lasco et collègues sur un échantillon de 120 cerveaux post-mortem en 2002 dans Brain Research (il n’ont pas non plus répliqué la différence trouvée par A&G entre homos et hétéros). Affirmer que la commissure antérieure est plus épaisse de 18 % chez les femmes que chez les hommes = puiser de manière sélective dans la littérature scientifique, instrumentaliser, affabuler, mentir à ses lecteurs en faisant croire qu’on fait juste de la vulgarisation de l’état des connaissances scientifiques contre des aprioris idéologiques alors qu’on est soi-même en plein dans l’idéologie.

      6) L’enchaînement entre la phrase sur la commissure et “ce noyau” est incompréhensible; admettons pour la suite que lorsqu’il écrit que “ce noyau est principalement responsable des émotions de peur ou d’angoisse”, il veut parler de l’amygdale, la commissure antérieure n’étant pas un noyau. Ce neuropsychiatre “suppose”, donc, que les femmes “seraient généralement plus enclines à ces émotions que les hommes” parce qu’elles auraient selon lui des amygdales “plus denses en corps cellulaires que chez les hommes”. Dommage qu’il ne donne pas sa source concernant cette dernière affirmation. Quoiqu’il en soit, je note que Lucy Vincent, productrice d’une littérature de vulgarisation du même acabit que celle de notre journaliste, affirme quant à elle que puisque les hommes ont une amygdale plus volumineuse que les femmes et que c’est le “centre de l’agressivité”, ça explique pourquoi ils sont (naturellement selon elle) plus agressifs que les femmes. Je vous laisse choisir entre ces deux versions celle qui vous plait le plus.

      7) Il interprète cette différence supposée dans le cadre d’un scénario psycho-évolutionniste imaginant que c’est ce qui les rendrait “plus à même de protéger leurs enfants”. Pourquoi pas ? Le problème est que ce genre de suppositions est complètement gratuit. Il aurait par exemple pu interpréter la différence inverse en imaginant que c’est ce qui rend les hommes “plus à même de protéger leur famille”, par exemple.

      Bref, c’est vraiment n’importe quoi, et je vous remercie d’avoir attiré mon attention sur cet auteur dont l’incompétence et/ou la malhonnêteté intellectuelle méritaient d’être soulignées.

      1. PS : dans une récente méta-analyse des différences structurelles trouvées entre hommes et femmes dans le cerveau (Ruigrok et al., 2014, Neuroscience and Biobehavioral Reviews vol.39, p. 34–50), à prendre avec de grosses pincettes mais qui a du moins l’intérêt de fournir une sorte de “photo” de ce que les chercheurs engagés dans la recherche de ces différences considèrent comme étant l’état des connaissances sur ce sujet (NB : Simon Baron-Cohen est co-auteur de cette méta-analyse), on trouve pour l’amygdale :
        Vol. de matière grise du côté gauche : hommes > femmes
        Vol. de matière grise du côté droit : hommes > femmes
        Densité de la matière grise côté gauche : hommes > femmes
        Densité de la matière grise côté droit : pas de diff significative
        La phrase “Chez les femmes, les amygdales sont plus denses en corps cellulaires que chez les hommes” paraît donc être une autre affirmation infondée (mensongère) de Patrick Jean-Baptiste.

      2. Merci, Madame FILLOD, pour votre réponse du 18 juin, dont j’ai apprécié la pertinence.
        Je voudrais néanmoins, par souci d’objectivité et d’honnêteté intellectuelle, attirer votre attention sur le danger (mea culpa !) de sortir un court extrait, comme je l’ai fait, de son contexte, a fortiori lorsque les caractères italiques ne sont pas reproduits. Patrick Jean-Baptiste me semble en effet rapporter davantage les conceptions de Rhawn Joseph (qu’il ne partage pas nécessairement) que les siennes. Très accessoirement, je remarque aussi avoir tapé par erreur un guillemet après « Autrement dit, de dieux … » !

        Puisque vous n’avez pas lu « La biologie de dieu » (ouvrage de vulgarisation qui reste intéressant, à mon humble avis, bien qu’il date de 2003), j’ai pensé que vous seriez intéressée de lire ci-dessous quelques extraits de ce qu’écrit Patrick Jean-Baptiste, après  : « C’est pourquoi elles (les femmes) font souvent d’excellentes psychologues ». Il poursuit :
        « Au moins aussi bonnes que les prêtres ou les chamans. Ce qui amène Rhawn Joseph à se poser d’autres questions, mais cette fois, sur la nature des clergés : Pourquoi les prêtres sont-ils, quelle que soit la civilisation, si souvent habillés en femmes, ou du moins portent-ils des vêtements amples semblables à ceux des femmes (une pratique également courante chez les serviteurs de la Loi et de la Justice, avocats et magistrats) ?(…)
        Selon Rhawn Joseph, l’ambiguïté sexuelle ou la féminisation volontaire des clergés pourrait aussi dépendre du dimorphisme sexuel du système limbique.

        Le neuropsychiatre se fonde sur des travaux anatomiques récents réalisés lors d’autopsies d’homosexuels(Cf. LeVay et Allen et Gorski : voir bibliographie en fin d’ouvrage). Ces travaux ont montré que deux des noyaux de l’hypothalamus (ventro-médian et antérieur) étaient aussi développés chez les hommes homosexuels que chez les femmes, tandis que l’épaisseur de la commissure antérieure de ces premiers excédait de 35 % celle d’hommes hétéro-sexuels ! (contre seulement 18% chez les femmes). Très discutés, ces travaux ont notamment permis aux communautés « gays » américaines de revendiquer leur différence et un droit naturel à la reconnaissance de leur spécificité. Ils permettent également au neuropsychiatre d’émettre l’hypothèse suivante : la structure « féminine » du système limbique serait un atout majeur dans le maintien de la Foi et des institutions religieuses, même très sommaires, comme chez les chamans. Les androgynes seraient les plus sincères des prêtres et les meilleurs psychologues.(…)

        Rhawn Joseph, en mettant l’accent sur le travestissement symbolique des spécialistes religieux et sur le fait que les grandes religions dans leurs dimensions pratiques, y compris les plus machistes, sont surtout destinées aux femmes, fait preuve d’une curiosité scientifique dénuée de tout jugement de valeur.
        Il n’en reste pas moins vrai que Rhawn Joseph fait partie des croyants, tout comme les tenants du principe anthropique (selon lequel le monde a été créé pour l’homme), ou d’une vision holistique (qui envisage le Tout plutôt que les parties) et téléologique du monde. La lecture de ses ouvrages révèle d’ailleurs une sérieuse propension au gnosticisme, « tendance raëlienne » puisqu’il semble convaincu que nous avons été créés par des généticiens extraterrestres. Ce qui est problématique étant donné le manque de preuves scientifiques à l’appui de cette thèse. Pour l’étayer, Joseph se fonde par exemple sur des glyphes mésopotamiens représentant deux serpents s’enroulant (le caducée des médecins), car ce symbole ressemble à la double hélice d’ADN ! Ce qui ne prouve qu’une chose : en dehors de leur spécialité, certains scientifiques tiennent parfois des propos de pilier de bar … Le neuropsychiatre est assez représentatif d’un certain courant scientiste américain, nettement plus religieux de de ce côté-ci de l’Atlantique. Il démontre à son corps défendant que les hommes de science restent avant tout des hommes, souvent trompés par les mirages du désert des Syrtes ; des hommes très curieux, peut-être trop et chez qui, malgré leur rigueur, l’emporte parfois le vif désir de croire, au point de les conduire à l’égarement le plus complet ».

        Personnellement, je m’explique la croyance religieuse d’un « scientifique » comme Rhawn Joseph, de même que, par exemple, le théisme, ou au moins le déisme, des francs-maçons « réguliers » anglo-saxons, par l’occultation volontaire, précoce puis communautariste, des options non confessionnelles par les religions … Je pense en effet que la liberté religieuse n’existe pas sans la découverte d’alternatives. Mais c’est une autre histoire, et ce n’est là que mon opinion.
        Bien à vous,
        Michel THYS

        « 

        1. Merci pour ces précisions, mais sur le fond ça ne change pas grand chose concernant Patrick Jean-Baptiste. S’il mentionne au conditionnel certaines des hypothèses de Rhawn Joseph et en critique explicitement d’autres, reste qu’il reprend à son compte un certains nombre d’affirmations plus que fallacieuses : “Chez les femmes, les amygdales sont plus denses en corps cellulaires que chez les hommes [première nouvelle]. Par conséquent [non], la commissure antérieure, qui réunit, au niveau de ces corps, les deux hémisphères cérébraux, y est plus épaisse de 18 % [non] (il y passe plus de fibres nerveuses [non plus : même si elle était plus épaisse, ce qui est faux, on ne pourrait en déduire mécaniquement qu’il y passe plus de fibres nerveuses]) que chez les hommes (cf Allen et Gorski). […] Du reste, ce n’est peut-être pas sans raison si le bon sens populaire parle « d’intuition féminine » [hypothèse de pilier de bar faite par l’auteur et non par R. Joseph semble-t-il]. […] La moindre expression d’autrui, de celles que les hommes ne remarquent généralement pas [source ?], sera facilement détectée et analysée par les femmes [vraiment ?]. C’est pourquoi elles sont souvent d’excellentes psychologues [source ?] […] Ces travaux ont montré que deux des noyaux de l’hypothalamus […] étaient aussi développés chez les hommes homosexuels que chez les femmes, tandis que l’épaisseur de la commissure antérieure de ces premiers excédait de 35 % celle d’hommes hétéro-sexuels ! (contre seulement 18% chez les femmes) [non, ces travaux n’ont pas “montré” cela]. […] Selon Rhawn Joseph, l’ambiguïté sexuelle ou la féminisation volontaire des clergés pourrait aussi dépendre du dimorphisme sexuel du système limbique [le système limbique ne présente pas de “dimorphisme sexuel” dans l’espèce humaine].”

        2. Cette histoire de robes est vraiment ridicule, car il suffit d’allumer la télé ou même de regarder des éléments culturels venant de notre passé pour constater qu’à l’échelle du monde, le vêtement le plus courant pour les hommes comme pour les femmes est une robe, ou une tunique longue.

          Encore récemment, Georges Weah, ex-icône du foot, pas spécialement soupçonné de cacher son côté féminin, a été intronisé Président du Libéria habillé d’une robe lui descendant jusqu’au pieds (je n’ai pas vu, j’écoutais la radio).

          Donc en partant d’une telle prémisse complètement fausse de travestissement symbolique on peut arriver où on veut: c’est pratique. Le vêtement masculin typique que nous connaissons est une invention européenne assez récente. On est donc là en présence d’une réalité culturelle projetée dans un autre contexte. En résumé, c’est n’importe quoi.

    2. Bonjour toustes !
      Je ne sais pourquoi, mais ces affirmations (messages suivants inclus) me font penser à “la dent d’or de fontenelle” :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_oracles
      Par ailleurs, sans aller chercher midi à quatorze heure, comment ces “différences avérées (non, je rigole)” dans le corps calleux système limbique pourrait expliquer que l’essentiel des clercs dans TOUTES les religions sont des hommes ?
      Un facteur caché (un exemple au hasard : le pouvoir, les contraintes et autres déterminants sociologiques) pourrait-il expliquer cela ?
      Par ailleurs, trouve-t-on dans le cerveau les “causes” de la propension des femmes à vouloir être coiffeuses, esthéticiennes ? (Pour ce qui est des excellentes psychologues, dès qu’on arrive dans les sphères les plus prestigieuses du métier – professorat, recherche, encadrement dans le champ de la santé, les proportions / ratios hommes femmes titrées changent… Oh, ben zut alors ! Excellentes psychologues mais pas au point de maintenir la proportion dès qu’on atteint des métiers de pouvoir/prestige ?)
      N’y aurait-il pas (au moins) un hic dans les raisonnements basaux que viennent étayer des lectures ad hoc pour les soutenir ?
      Aïe, aïe, aïe… On n’a pas le c* sorti des ronces…

  16. Bonjour Mdme Fillod,

    C’est “amusant” je crois que Mr. Franck Ramus m’a prit pour vous, suite à une discussion sur ce fil : http://www.scilogs.fr/raisonetpsychologie/le-sexe-du-cerveau/#comment-58 posté par Nicolas Gauvrit. Cela pourrait d’ailleurs vous intéresser au vu de vos travaux sur ce blog (bien que j’imagine que vous connaissiez déjà scilog).
    Inutile de dire que j’ai démentis être vous, mais l’anecdote m’a fait sourire, je ne pensais pas défendre tout a fait votre position, comme quoi…

    J’en profite également pour vous encourager à continuer votre travail, après avoir lu une bonne partie de vos articles je trouve votre analyse solide, c’est important ce que vous faites (je sais que je vous avez un peu critiqué sur un article, mais c’était plutôt sur la forme que sur le fond). Excellente continuation !

    1. Merci pour votre message, et pour votre commentaire sur Scilogs !
      Vous avez eu raison d’écrire à Franck Ramus que si j’avais voulu discuter, je l’aurais fait sous mon propre nom et pas cachée derrière un pseudonyme. C’est quand même un peu gonflé de sa part de faire comme s’il savait qui se cache derrière “Quark” et de me désigner ainsi implicitement…
      Mais ne serait-il pas plus simple que vous disiez qui vous êtes ? Ca m’intéresserait de le savoir, et de manière générale il me semble gênant d’intervenir dans un débat public sans être transparent sur qui on est / d’où on parle. C’est pour cela que je ne le fais pas, même si je peux comprendre que certaines situations bien particulières le justifient.
      Quoi qu’il en soit et qui que vous soyez, merci pour vos encouragements, qui ont d’autant plus de valeur à mes yeux qu’ils viennent de quelqu’un qui est manifestement capable de critiquer ce que j’écris et n’hésite pas à le faire.

      1. Oui il avait l’air sûr de lui, c’est un coup manqué !
        J’imagine que vous avez raison au fond sur mon identité, il serait plus “loyal” de discuter à visage découvert. Cependant j’ai eu une assez mauvaise expérience sur ce type de débat, ou l’on passe des fois plus de temps à vous attaquer pour vos affiliations éventuelles (souvent préconçues) plutôt que vos arguments. Mais Il est surtout difficile pour moi de discuter à “armes égales” avec des personnes ayant une certaine notoriété de par mon statut, l’anonymat me permet donc de mettre tout le monde au même niveau et me permettre la critique. Néanmoins si vous tenez vraiment à le savoir je vous le dirais par mail en privé.
        Et merci à vous pour votre travail, je ne manquerais pas de suivre tout ça de près !

      2. Bonjour
        J’imagine que vous n’avez pas le temps de réagir à tout ce qui peut se publier, mais que pensez vous de la critique de C. Vidal (et de vous même en note). Je pose la question car ça me gêne d’utiliser les arguments de Vidal si c’est pour me voir rétorquer: ce n’est pas scientifique. J’ai d’ailleurs beaucoup de problème avec le site Science et pseudo-science: ils manient l’accusation ‘ce n’est pas scientifique’ d’une manière qui me semble parfois un peu douteuse…
        Bref, pas toujours facile de savoir à qui se fier. Merci beaucoup pour votre travail qui aide à se forger une position étayée

        1. Je n’ai pas jugé utile de réagir à cet article en 2014 et ai effectivement mieux à faire que de me pencher dessus aujourd’hui, surtout pour émettre un avis global. Si vous voulez bien me poser des questions concernant tel ou tel argument précis appuyant leurs critiques, surtout s’il y a des critiques contre moi qui ont été développées en note (je ne suis pas allée voir), je pourrai éventuellement vous répondre. Je ne le ferai pas avant février cependant, je suis trop occupée en ce moment. Merci pour votre compréhension.

  17. Je viens de lire votre blog. Vous indiquez à plusieurs reprises que les études font l’objet de biais forcément douteux sans pour autant évoquer votre propre biais , le biais sociologique , qui n’est pas exempt de tout reproche. Cela serait bien pour vos futurs lecteurs qu’il sache distinguer la part de votre vérité de scientifique de la part de vos avis de militante. Une suggestion qui améliorerai à mon avis la qualité du blog.

    Maintenant, j’aimerai vous poser quelques questions à laquelle j’ose espérer que vous me répondrez.

    Selon vous :
    – Quels sont les différences entre hommes et femmes ?
    – La masculinité et la féminité existe elle ?

    1. John, comment vous dire ?… (soupir)… Bon, je vais décider d’ignorer votre premier paragraphe.
      Je réponds à votre première question uniquement pour ne pas vous laisser croire que je fais partie des partisans de la théorie-du-genre-selon-laquelle-il-n’y-pas-de-différences-entre-hommes-et-femmes, qui n’existe(nt) pas. Disons que dans le cas général, si on laisse de côté les exceptions, ceux qu’on appelle communément “hommes” et celles qu’on appelle communément “femmes” diffèrent par leur caryotype, ce qui a pour conséquences un certain nombre de différences anatomiques et physiologiques soit pouvant être qualifiées de dimorphismes (ex : production de gamètes males versus femelles, organes génitaux en général clairement distinguables,…), soit faisant l’objet d’un recouvrement non négligeable des distributions de chaque groupe de sexe (ex : taux de testostérone en circulation, pilosité, stature, taille du crâne,…). Il serait impossible de dresser la liste des différences moyennes aux niveaux anatomiques et physiologique car celles-ci sont innombrables.
      Quant à votre seconde question, il faudrait que vous la formuliez plus précisément pour que je puisse y répondre. Si je vous demandais : “selon vous, la négritude et la blanchitude existent-elles ?”, je suppose que vous seriez aussi embêté que moi pour répondre à cette question du même acabit que la vôtre.
      Je vois que vous aviez prévu une troisième question (cf le 3ème tiret) et y avez renoncé au dernier moment, semble-t-il. De grâce ne revenez pas sur cette sage décision.

  18. Madame Fillod, je tiens d’abord à vous remercier pour votre réponse.

    Je ne trouvais pas ma 1ère partie inutile pour montrer que les sociologues ne sont pas absents de tout biais et quand on annonce une critique de la vulgarisation (critique que vous faîtes de manière structurée et c’est tout à votre honneur), il me parait toujours intéressant de savoir depuis quelle subjectivité on parle.

    Concernant ma propre subjectivité, je suis un jeune français sceptique sur la position constructionniste de la différences sexués.

    Sur ce que j’entends par masculinité et féminité. Oh quelques chose de très simple. Les trait communs substantielles entre les hommes (masculinité) et les femmes (féminité) et leurs processus relationnels respectifs.

    Quand au terme de négritude et de blanchitude, je n’ai aucun problème avec les mots. Mais vous savez très bien que vous utilisez là une arme rhétorique : tentez de me mettre mal à l’aise en invoquant une catégorisation polémique qui rappel des processus déplaisant comme les mesures racialistes de régimes totalitaires ou encore l’apartheid. Ce n’est pas très fair play. Et mettre au même niveau la différence sexuelle avec la couleur de la peau est quand même gonflé.

    Mon troisième tiret était une erreur.

    1. – “pour montrer que les sociologues ne sont pas absents de tout biais” : je ne suis pas sociologue (ni de formation, ni de métier), et vous ne “montrez” rien dans votre 1ère partie; vous me faites un reproche vague et n’étayez ce reproche d’aucun élément factuel.

      – “il me parait toujours intéressant de savoir depuis quelle subjectivité on parle” : je suis d’accord avec vous; c’est justement ce que j’ai fait au début de http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2012/12/22/arret-sur-mirages/ (§ “Qui parle ?”), par exemple.

      – Votre définition de la masculinité et de la féminité n’est pas très claire. En tenant compte de la phrase qui la précède, je comprends que vous appelez “masculinité” un ensemble de caractéristiques psychologiques/comportementales typiquement observables chez les hommes, “féminité” l’équivalent chez les femmes, que selon vous ces caractéristiques diffèrent substantiellement, et que cette différence est en partie “naturelle”, i.e. non entièrement explicable par la “culture” (pour le dire vite). Dans ce cas, ma réponse à votre question se trouve dans le § mentionné ci-dessus : “Ce qui nous différencie […] c’est tout d’abord nos croyances : Sébastien Bohler semble convaincu qu’il existe des différences naturelles entre hommes et femmes sur le plan psycho-comportemental […]. Pour ma part, je suis au contraire très dubitative vis-à-vis de cette thèse”. Pour en revenir au sujet de mon blog, je n’ai pas la prétention d’y présenter une démonstration que c’est ma croyance qui est la bonne. Mon propos est de mettre en évidence la caractère fallacieux des discours selon lesquels la croyance attribuée ci-dessus à S. Bohler est démontrée par des données scientifiques.

      – Ma comparaison avec la “blanchitude” et la “négritude” avait pour seule fonction de (vous) faire prendre conscience du caractère extrêmement vague de votre formulation, car j’ai remarqué qu’il était souvent efficace de remplacer homme/femme par blanc/noir dans un discours pour faire prendre conscience de certains impensés. N’y voyez rien d’autre, sincèrement.

  19. Oui en effet comme beaucoup de vulgarisateurs , il y a un certains flous sur les compétences réelles dont vous disposez ( mon ton est descriptif ici pas polémique) comme M. BOHLER d’ailleurs et ayant déjà vu des gens intelligents écrire des tas de bêtises, le citoyen que je suis et le modeste lecteur tend à se montrer méfiant et sans concession vis à vis des “entrepreneurs moraux” qui sont plus dans une démarché de conviction (foi) que dans une démarche scientifique (factuel et pas factuel partiel) et qui peuvent induire leur public en erreur pour une cause politique. Cela comprend bien évidemment autant les essentialistes non réflechi que les constructionnistes “gramscien”

    Quand je parlais de “biais sociologique” , je me suis trompé vu que vous n’êtes pas sociologues mais je n’étais pas loin, il faut avouer. Votre sujet , sauf erreur de ma part se concentre majoritairement sur la critique de la vulgarisation tournant autour de la distinction hommes/femmes et des déterminismes de l’identité séxué.

    En toute objectivité, on peut dire que vous vous concentrez sur la réfutations des éléments de vulgarisations concernant uniquement les éléments physiologique ( je n’ai peut être pas pas le bon terme). Je n’ai pas vu semblable critique sur les méthodologie d’études sur les facteurs environnementaux c’est à dire les études sociologiques de genre sur votre blog. Ma question quelle est la raison ? Deux hypothèses. 1ere hypothèse vous n’avez pas le temps. 2ème hypothèse : invalidez par la critique méthodologiques les études physiologiques sans évoquez les éventuels failles des études “environnementales” renforce le positionnement constructionnistes. J’espère réellement qu’il s’agit de la 1ère hypothèse.

    Concernant “la masculinité” et la “féminité” quelques éléments de réponses. Il y a déjà un problème linguisitique sur ce que l’on entend par “nature”. On peut l’entendre comme un donné biologique brut d’un être point barre. On peut l’entendre également comme une donnée biologique brut et la relation entre cette donnée et les êtres en question. Le terme “culture” n’est pas mieux desservi par ailleurs. Pour moi la masculinité et la féminité n’ont aucun sens sur le plan uniquement physiologique. La masculinité par exemple c’est un rapport qu’on les individus mâles a leur propres corps influencé à la fois par le donné biologique substantiellement différents de celui de la femme, un rapport à soi et une relation aux autres. Je pense qu’on peut constater des traits communs chez les hommes et des traits communs chez les femmes dans les comportements sans pour autant nier l’individualité de chacun.

    – En contrepoints de vos propos sur le cerveau , je me permets de vous envoyez un article internet : http://www.scilogs.fr/raisonetpsychologie/le-sexe-du-cerveau/

    Mais peut être l’avez vous déjà lu et si c’est le cas je m’en excuse. Je ne pense pas que ces deux scientifiques soient des falsificateurs. Et je ne pense pas que leur travaux ne relève pas de “croyances” pas d’interprétation à partir d’un fait.

    Mon argumentation a juste pour but de vous faire réfléchir , dans le cadre d’un échange courtois. Si mes propos ont pu contribué un peu à votre réflexion , j’en serai ravi.

    1. John,

      Vous me rangez parmi les “vulgarisateurs”, or ça n’est pas du tout ce que je fais sur ce blog (ni dans la vie).

      Vous jugez qu’il y a un certain flou sur mes compétences alors que je fais preuve d’une totale transparence sur la présente page de mon blog.

      Concernant la question que vous vous posez, aucune des hypothèses que vous formulez n’est la bonne. Vous trouverez dans http://allodoxia.odilefillod.fr/2013/05/24/boris-cyrulnik-stop-ou-encore-partie1/#comment-1474 une partie de la réponse (ainsi que ma réaction à l’article que vous proposez ici comme “contrepoint”). La seconde partie de ma réponse à votre question, c’est que s’intéresser aux “éventuels failles des études ‘environnementales'”, comme vous dites, n’a aucun intérêt dans la mesure où même les biologistes les plus déterministes admettent qu’il est amplement démontré que l’ “environnement” pèse sur la différenciation des trajectoires développementales selon le sexe, et la question n’est donc pas là. Mais je pense que cet échange est vain, car vous ne savez manifestement pas de quoi vous parlez lorsque vous évoquez les “études ‘environnementales'”.

      Vos attaques ad hominem n’ont aucun intérêt, et vous n’apportez aucun élément factuel susceptible de susciter une discussion ou d’enrichir la réflexion de quiconque, et c’est pourquoi je ne posterai pas votre prochain commentaire s’il est du même acabit. Désolée de vous décevoir, mais tout ce que vos propos m’inspirent, c’est de l’agacement et de la fatigue.

  20. Bonjour, Madame
    Je viens de découvrir votre site, et je suis tout à fait impressionné par vos analyses bibliographiques très fouillées. Bravo pour ces critiques utiles sur les différences entre les sexes. A ce sujet je ne sais pas si vous connaissez l’excellent site « le cerveau à tous les niveaux » ? Je vous propose de chercher (dans le thème « le bricolage de l’évolution », puis dans le sous-thème « notre héritage… » ; « psychologique », « avancé »), et vous avez une présentation objective et rigolote de la psychologie évolutionniste!
    Toutefois votre démarche de négation systématique ressemble parfois à une croyance, et en tout cas le raisonnement est trop manichéen. Concernant votre attaque sur Boris Cyrulnik, je suis également réservé. L’argument d’usurpations de titre est faiblard. Cyrulnik est simplement un psychiatre « touche à tout », un clinicien –naturaliste tantôt conteur, tantôt penseur, et certainement il s’amuse des titres ronflants créés par les journalistes. Comme d’autres autrefois (G. Canguilhem, André Bourguignon, Jacques Cosnier, ou encore Albert Demaret…) il n’a pas un diplôme d’éthologie, mais je vous affirme qu’il est un bon éthologue-vulgarisateur et ses connaissances en psychologie sont tout à fait excellentes (si je suis votre raisonnement, j’ai forcément raison, car je possède un « vrai » doctorat d’éthologie, et quelques diplômes de psychologie –même si je ne fais plus de recherches éthologiques depuis plus de vingt ans – !) Bref, à mon avis oubliez les diplômes et autres concours « à la française », c’est totalement vain et artificiel. Et si je dois proposer un conférencier à mes étudiants en psycho, je préfère contacter un éthologiste créatif qu’un « vrai » biologiste-expert frustré et barbant ! Par ailleurs dans la pratique universitaire, il est souvent très stimulant de proposer des sujets de recherches sur les différences entre les sexes à des apprentis-chercheurs … Même si on ne « croit » pas à la psychologie évolutionniste ! Je vous propose de vous intéresser aux seuils olfactifs selon les sexes ! C’est généralement très amusant, et c’est parfois surprenant.
    En tout cas, pitié, n’utilisez pas l’argument éculé des théories du complot ! Non, je vous affirme que ceux qui s’intéressent un peu à l’évolution ne sont pas tous des affreux extrême-droite!
    Bien cordialement (et encore bravo pour votre blog)

    1. Monsieur Mouches, je commence à être lasse des attaques qui comme la vôtre sont basées sur des reproches vagues (mon “raisonnement est trop manichéen”) ou m’attribuent des raisonnements qui ne sont pas les miens : je n’utilise pas l’usurpation de titres de Cyrulnik comme argument pour disqualifier ses propos, je démontre leur caractère mensonger et fantaisiste par des arguments factuels ; je ne pars absolument pas du principe qu’une personne diplômée dans telle discipline exprime la vérité censément établie dans cette discipline (je n’ai au contraire cessé d’écrire le contraire) ; je ne me préoccupe des diplômes maquillés ou inventés que lorsque les médias, éditeurs ou personnes concernées s’en servent, elles, comme argument pour vendre leur camelote ; je ne réduis pas les recherches sur les différences entre les sexes à celles menées dans le cadre de la psychologie évolutionniste ; je n’utilise pas l’argument des théories du complot ; je n’ai jamais écrit ni pensé que les personnes qui s’intéressent à l’évolution, dont je fais partie, sont toutes d’extrême-droite.
      Si vous jugez que le site « le cerveau à tous les niveaux » fournit un état des lieux objectif de l’état des connaissances sur l’ensemble des sujets qu’il aborde, j’en suis désolée pour vous (et pour vos étudiants), car bien qu’il soit globalement de bonne qualité j’y ai relevé nombre d’assertions problématiques. Si vous avez des critiques factuelles sur tel ou tel point d’un de mes articles n’hésitez pas à les poster, mais de grâce épargnez-moi le reste. Merci.

  21. Merci pour cette réponse hyperrapide! Naïvement, j’avais vraiment cru que votre raisonnement était manichéen (du style : la vérité se trouve chez Catherine Vidal alors que les autres propos sont assimilés à « une droitisation rampante des esprits »). Mais bon, je me suis trompé, vous êtes tout à fait objective, neutre, ouverte, je suis rassuré, et en prime je constate que vos connaissances des neurosciences dépassent celles de l’université McGill, aussi je vais dormir tranquille…
    Continuez, votre travail est en tout cas utile (mais surveillez quand-même votre Ego !)

    1. Voilà une attaque déplacée de plus, maniant l’ironie et me prêtant à nouveau des raisonnements qui ne sont pas les miens. Au cas où ça pourrait faire tilt, je vous signale que ce que vous me prêtez à tort est exactement ce dont vous souffrez :
      – c’est vous qui avez un raisonnement manichéen en caricaturant l’éventail des positions possibles : pour vous soit on considère que “la vérité se trouve chez Catherine Vidal” et que les autres propos relèvent de la droitisation rampante des esprits, soit on est objectif et neutre (je ne revendique ni l’une ni l’autre de ces positions) ;
      – c’est vous qui vous fiez aux marqueurs académiques d’autorité pour juger de la véracité d’allégations : pour vous ce qu’écrit “l’université McGill” est évidemment plus fiable que ce que quelqu’un comme moi peut dire (pas de chance : ce qu’ont écrit les auteurs des pages consacrée à l’ocytocine du site en question, par exemple, n’est absolument pas conforme à l’état des connaissances).
      Si vraiment vous trouvez mon travail utile, ce dont je doute, prenez le temps de le (re)lire car vous ne l’avez manifestement pas bien compris, et faites donc des critiques précises et factuelles que je publierai sans sourciller, mais cessez de poster ce genre de commentaires (le prochain du même acabit ne sera pas publié le cas échéant). Par avance merci.

  22. Bonjour,
    tout d’abord merci pour vos articles très développés, et bien fournis en références, qui, n’en déplaise aux critiques, rende ce travail difficilement réfutable. Juste une suggestion: serait-il possible de proposer un lien PDF vers les articles, permettant un lecture plus aisée! Merci.

  23. Sur ce site le peu que j’ai lu en 1h30 m’incite à y revenir souvent.
    Des faits intelligemment mis en relation et non des assertions invérifiables et souvent trompeuses est ce que j’ai découvert ici.
    Merci

  24. J’ai lu votre article sur Boris Cyrulnik, suite à son intervention à la Grande Table, sur France Culture, ce midi. Il avancé ce propos qui m’a glacé: “1/3 des enfants qui, pendant les premiers 10 mois de leur vie, n’ont pas été “secure” formeront la population des “mauvais élèves”. Ce déterminisme basé sur des statistiques improbables a provoqué ma colère et une amie m’a proposé de lire votre blog, dont elle m’avait déjà parlé. J’ai trouvé que les journalistes qui ont interrogé BC ont été incisifs, mais somme toute, assez révérends. D’où le caractère indispensable de votre démarche hors médias, qui participent pour des raisons commerciales à l’affabulation entretenue par BC.

  25. Merci pour les articles de ce blog que j’ai découvert récemment. Je ne manquerais pas de l’indiquer à ceux que ces sujets intéressent. J’essaierai maintenant de jeter un coup d’oeil aux sources quand elles sont indiquées et facilement disponibles la prochaine fois que je lirai une des revues que vous citez.

  26. Bonjour Odile,

    J’ai découvert votre travail à l’occasion d’une réflexion qui m’amenait à citer Boris Cyrulnik dans une future publication car il est selon moi un remarquable “storyteller”. Merci de m’avoir alerté sur l’inauthenticité de certaines de ses affirmations.

    J’ai vu votre vidéo sur l’utilisation médiatique des résultats de la recherche qui me semble être votre véritable angle de travail et non le genre/sexe ou Cyrulnik mais ce n’est-là qu’une hypothèse de ma part.

    Voici ma question et n’hésitez pas à prendre contact directement avec moi si vous voulez par mon mail direct: un nouveau média se développe sur la planète très utilisé par certains chercheurs anglophones à côté de bien d’autres intervenants, j’aimerais avoir votre point de vue sur ce media, il s’agit de TED et des TEDx.

    A bientôt j’espère.

    DC

    1. Merci pour votre message. Concernant mon angle de travail, vous avez tout-à-fait raison, mais je pense qu’on ne peut pas faire ce type d’analyse dans des domaines de recherche scientifique qu’on ne connaît pas bien, d’où ma focalisation sur les questions de sexe/genre (non exclusive toutefois, comme vous pouvez le voir sur ce blog).
      Pour un développement plus précis de ce que j’évoque dans la vidéo que vous avez vue, je vous recommande cet article : http://gss.revues.org/3205
      Les conférences TED/TEDx néchappent malheureusement pas aux travers de la vulgarisation : j’en ai une en tête en particulier dont je parlerai peut-être prochainement… Le fait d’être un authentique chercheur ne garantit pas que ce qu’on raconte reflète honnêtement l’état des connaissances scientifiques. Il y a deux pbs typiques : la personne déborde sur des questions qui sortent de son domaine de compétence pour “accrocher” son public, et elle privilégie ses hypothèses de recherche en négligeant de signaler qu’il ne s’agit que d’hypothèses et qu’il existe des théories concurrentes.

  27. Bonjour
    Je découvre avec plaisir et enthousiasme votre blog… et crains de n’y voir pas de nouveau article publié, car les billets se sont arrêtés en juillet 2014 !
    J’espère que vous continuerez cette activité salvatrice pour le plus grand plaisir de vos lecteurs.
    Bravo

  28. Relecture plus aboutie effectuée. Si je peux me permettre, je vais quand même vérifier que j’ai bien saisi (on n’est jamais trop prudent).
    Vous vous proposez d’alerter tout un chacun sur l’écart qu’il peut exister entre les données scientifiques et ce qu’il en est rapporté dans la vulgarisation. Vous espérez que cela aiguisera l’esprit critique des lecteurs, et que ces-derniers demanderont de ce fait une vulgarisation de meilleure qualité.
    Vous voyez, moi aussi je suis sujette à la distorsion des propos, puisque j’ai d’abord fait dire à votre “A propos” quelque chose qu’il ne dit pas. Vous avez donc eu raison de me reprendre.
    J’ai remarqué que vos articles traitaient beaucoup de la question du sexe/genre. Pour quelle(s) raison(s) ? Vous expliquez vous intéresser aux vulgarisation dans le domaine des “sciences biomédicales et du psychisme”. Est-ce une sujet très traité par les sciences en question, ou très vulgarisé ? Est-ce un sujet que vous appréciez particulièrement ? Est-ce un sujet très souvent mal vulgarisé, car plus sujet aux distorsions que d’autres ?
    Merci pour vos réponses ; j’espère que je ne vous ennuie pas trop (car vous faites un travail long et titanesque).

    1. Mes billets traitent bcp des questions de sexe/genre car c’est sur celles-ci que j’avais commencé une thèse à l’EHESS (que je n’ai finalement pas menée à son terme pour diverses raisons). Pour ce qui est de vos autres questions, vous trouverez des éléments de réponse dans la deuxième partie de l’article que j’ai publié l’an dernier dans Genre Sexualité & Société (http://gss.revues.org/3205), en particulier son paragraphe “Des défauts structurels dans la communication scientifique”.

  29. Merci beaucoup pour cette intervention.
    Pour info, je ne prépare pas de “Coppens-bashing”. D’abord parce que ça n’est pas dans mes habitudes de tirer sur l’ambulance : je concentre au contraire mes “attaques”, ou remises en question, sur les discours à la mode, les experts écoutés avec respect et autres vulgarisateurs ayant le vent en poupe ou que personne n’ose contredire – ce qui fait beaucoup, beaucoup de choses à traiter en priorité. Ensuite parce que comme je l’ai écrit, je ne me suis pour ma part penchée que sur L’Odyssée de l’espèce. Or j’ai déjà dit l’essentiel de ce que je voulais en dire dans un article publié en décembre 2014 (http://gss.revues.org/3205) : “[…] alors que les comportements et les rôles caricaturalement sexués de nos ancêtres10 relèvent de l’invention des scénaristes, l’implication d’Yves Coppens en fait « un portrait totalement réaliste de nos origines, validé par de grands paléontologues11 », note 10 = “Les femelles cuisinent, ont besoin d’être aidées (pour marcher, pour traverser une rivière), rassurées, protégées par un mâle, séduisent ou se laissent violer par les mâles dominants, accordent leurs faveurs sexuelles aux mâles contre de la nourriture ; les mâles les convoitent sexuellement en permanence, chassent, défendent le groupe, sont audacieux, sont ceux qui découvrent ou inventent tout : taille de la pierre, fabrication de lance, construction de l’habitat, maîtrise du feu, transmission des connaissances, conscience de la mort, etc.” et note 11 = “Science & Vie, « L’odyssée de l’espèce », n° 1023, 2002, pp. 168-175.”. C’est en effet la fabrication d’une fausse légitimité scientifique par l’utilisation de son nom qui méritait à mon avis d’être soulignée, plutôt qu’une “faute” commise par Coppens. Consacrer un billet de mon blog à ce documentaire me permettrait de documenter précisément ce qui n’est que résumé ci-dessus, et d’espérer attirer davantage l’attention des enseignants de SVT et du MEN qui continuent à promouvoir une utilisation non critique de ce documentaire en classe, ce qui est très choquant au-delà des questions de sexe/genre (la théorie générale qui y est présentée a été remise en cause, et le documentaire n’est pas seulement sexiste mais également raciste). Mais je pense que j’aurai d’autres chats à fouetter.
    Cela étant dit, je regrette que Coppens se soit contenté de mettre peu d’enthousiasme dans la promotion de ce documentaire. Je regrette également qu’il se soit prêté au “jeu” que je critique sans relâche sur ce blog, à savoir celui qui consiste à présenter une théorie – sa théorie – d’un phénomène au grand public sans faire passer en même temps clairement le message qu’il ne s’agit que d’une théorie, qu’elle n’est pas consensuelle et qu’elle pourrait être facilement remise en cause par l’arrivée de nouvelles données, celles disponibles étant très lacunaires. C’est effectivement louable d’être capable de dire publiquement “je me suis trompé”, et ça n’est manifestement pas donné à tout le monde, mais c’est encore mieux d’éviter de parler au nom de “la science” ou de la “vérité scientifique” quand on sait qu’on ne fait qu’exprimer une hypothèse.

  30. Ouh là, j’ai apparemment commis une maladresse vu la vigueur de votre réaction ! Ma phrase contenant “au nom de ‘la science’ ou de la ‘vérité scientifique'” avait sans doute un air de généralité qui n’était pas dans mon intention. Elle doit être remise dans son contexte : j’étais en train de parler du “jeu” auquel Coppens s’est prêté en participant à l’élaboration du docufiction L’Odyssée de l’espèce, le seul de ses “faits d’armes médiatiques” auquel je me suis intéressée comme je l’ai rappelé.

    En l’occurence, c’est le dispositif du docufiction lui-même qui “parle”, en quelque-sorte, pour dire “voilà ce que dit la science”, et cet effet est redoublé par la manière dont ce docufiction a été présenté dans les médias (comme Science & Vie cité plus haut) et ailleurs. Si d’après ce que vous dites Coppens n’a participé que mollement à sa promotion, il n’a pour autant pas que je sache cherché à attirer l’attention sur le fait qu’il contenait pas mal de choses très hypothétiques et d’autres auxquelles il ne souscrivait pas.

    Je suis d’accord pour dire que par définition, toute théorie scientifique est susceptible d’être un jour remplacée par une autre, et aussi pour dire que ce n’est pas parce qu’une théorie est consensuelle qu’elle est “vraie”, ou plus susceptible de l’être qu’une théorie controversée. Néanmoins, je maintiens – et là je ne pense pas spécialement à Coppens – que lorsqu’on présente une théorie dont on sait qu’elle est très fragile et/ou dont on sait que d’autres scientifiques la contestent avec des arguments qui sont jugés recevables au sein de la communauté scientifique, on a le devoir de le faire comprendre au grand public. Et ça n’est vraiment pas difficile de le faire : pas besoin “d’introduire de chiantes notions d’épistémologie”, il suffit juste de prendre quelques précautions oratoires.

    Comme vous le soulignez, les théories élaborées en paléoanthropologie sont par exemple particulièrement fragiles comparativement à celles d’autres disciplines, mais ce qui est parfaitement clair pour les chercheurs concernés ne l’est pas nécessairement pour le grand public. Et ça n’est pas une vue de mon esprit qui prendrait les gens pour des imbéciles mais plutôt un constat. Figurez-vous que pas plus tard qu’il y a 3 jours, j’ai pris le temps de débunker un article de mauvaise vulgarisation qui ressurgit régulièrement sur Facebook depuis 2 ans, prétendant qu’une étude vient de “démontrer” que les “premiers artistes” de l”humanité étaient des femmes, parce qu’il est visiblement pris pour argent comptant par pas mal de gens pas bêtes du tout, y compris des chercheurs en sciences sociales ! Encore une fois je ne considère pas les téléspectateurs comme des imbéciles ni ne les infantilise mais regarde simplement la réalité en face, celle que j’observe y compris dans mon entourage : quand un scientifique, ou une voix off dans un documentaire, explique quelque-chose à la TV, si ce quelque-chose paraît plausible beaucoup de gens pensent que ce qui est dit reflète effectivement l’état des connaissances scientifiques.

    Quant aux archétypes “assez patriarcaux et machistes sur les moeurs d’Homo erectus” qui ne sont pas “si scandaleux” que cela à vos yeux, le problème ne se pose pas dans les termes où vous l’exposez. Il ne s’agit pas de savoir si ce qui est montré est plus plausible ou non que ne l’aurait été un scénario montrant une société plus égalitariste. Je ne pense pas qu’une femme aurait pu dire, comme vous le faites, “Pas de quoi s’exciter pour si peu”. Car le problème qui me saute aux yeux à moi (en tant que femme sans doute, mais aussi en tant que vigile critique de la propagation des théories psycho-évolutionnistes en France depuis 20 ans), c’est qu’en montrant ainsi nos ancêtres, on accrédite l’idée que de tout temps, les hommes ont été ceux qui protégeaient les femmes, les guidaient, que de tout temps les femmes ont du faire avec le viol parce que c’est comme ça, c’est “dans leur nature” à eux, que ce sont les hommes qui ont tout inventé : le feux, etc. Ma sensibilité à ce genre de questions fait que bien qu’étant “blanche”, je trouve de même très problématique de montrer des brutes épaisses stupides supplantées par une nouvelle race d’homo bien plus intelligente en choisissant de faire des premiers des gens basanés et des seconds des gens à la peau claire.

  31. Bonjour,
    Ne sachant où signaler un blog pour ces propos franchement discriminants envers la femme et son sexisme revendiqué mais je n’ayant rien trouvé, à part votre blog, je me permets de vous laisser l’adresse de ce site (j’ai entré l’adresse du blog dans la zone “Site web” comme si c’était le mien. Mais évidemment ce n’est pas le cas) car il correspond exactement à ce que vous combattez. Peut-être saurez-vous mieux que moi à qui il faut s’adresser. Remerciements anticipés.
    PS : Je précise que je suis un homme mais que ça n’empêche pas que les différents articles de ce blog que je vous signale m’ont carrément effaré.

    1. J’ai retiré le lien hypertexte afin de ne pas faire de publicité à ce blog qui relève d’un masculinisme décérébré particulièrement vomitif (en plus de son antisémitisme). Ce blog et la page FB qui lui est associée ont été signalés dans un réseau féministe et de chercheur.es en étude de genre hier : peut-être que quelqu’un se fendra d’une analyse, quoi que je pense que ce serait faire trop d’honneur au débile mental qui en est l’auteur anonyme et à ses propos indigents.
      PS : vous vous êtes trahi, “la femme” n’existe pas 😉

    1. Merci pour ce gentil message ! Vous aussi me manquez :). Et je suis d’autant plus embêtée que j’avais commencé une “série” qui reste inachevée depuis août 2015. Je ne sais pas encore quand je pourrai sortir la tête hors de l’eau pour m’y remettre. Ca devrait être possible avant la fin de l’année tout de même.

      1. “et cet abandon pour un clito en 3D…”
        Car c’est bien le point de départ de ma lecture de votre blog ou plutot des commentaires et réponses de votre blog qui m’ont passionnés, en particulier ceux avec Marie Andersen et A. Langaney.
        Votre perspicacité à pourfendre les pseudo-vulgarisateurs est réjouissante à voir quand on se rappelle que “l’avion renifleur” a trouvé un super supporter et que la mémoire de l’eau a fourni son lot de controverses.
        Cependant je me trouve fasse à une contradiction : comment critiquer une vulgarisation qui vous est destinée sans être un expert du domaine (et qui n’a donc pas besoin de cette vulgarisation) ?
        Je suis impatient de voir l’impact qu’aura votre sculpture 3D, une “vulgarisation” qui pourrait faire du bruit.

        1. Ah mais pas du tout : l’ampleur du buzz autour du clitoris en 3D est sans commune mesure avec le peu de temps que j’ai consacré à ce micro-projet ! Si j’ai dû mettre ce blog sur pause, c’était avant tout pour :
          – traduire Brain storm – The flaws in the science of sex differences de Rebecca Jordan-Young, publié par Harvard University Press en 2010, qui sort à la rentrée aux éditions Belin sous le titre (non choisi par moi) Hormones, sexe et cerveau,
          – concevoir des vidéos, ainsi que du matériel pédagogique associé, traitant de manière anti-sexiste les sujets en rapports avec le sexe (au sens large) censés être abordés au collège et au lycée, ce afin de pallier les nombreux biais, manques et erreurs actuellement présents dans les manuels scolaires et les supports émis par l’administration de l’Education nationale. Le résultat sera visible à partir de janvier 2017 sur la plateforme matilda.education.
          Indépendamment de ces deux gros morceaux, je mène ou ai mené des projets visibles ou non, ayant abouti ou non…
          Cela étant dit, j’ai beau relire votre question, je ne la comprends pas. Que voulez-vous dire ?

          1. Il me semble pouvoir reformuler sa question comme suit : “si je lis de la vulgarisation, c’est que je ne suis pas expert, et si je ne suis pas expert, comment porter un oeil critique sur cette vulgarisation ?”
            A titre personnel, je puis dire que lire votre travail a sérieusement renforcé mon sens critique à l’égard des récits et publications en tous genres qui me passionnent. Il n’est pas forcément besoin d’être spécialiste pour repérer, y compris dans de véritables publication scientifiques, les raccourcis, les errements logiques, les pures conjectures habillées en déductions, les fragilités statistiques Néanmoins, vous lire apporte un surcroît de réflexes, de rigueur, et bien souvent un surcroît de plaisir car acquérant ainsi un plus grand sens de la nuance, du tri, de la synthèse, on établit beaucoup plus aisément des liens entre les différents travaux que l’on lit, et ces liens sont faits de ce qu’ils ont de plus solide.
            Il se passe rarement un mois sans que, lisant un article ou une publication parlant de paléoanthropologie, je me dise que vous seriez utile à la discipline. 🙂

  32. Bonjour Madame Fillod,

    La décence veut qu’envers certaines féministes je me présente sous la forme d’un mec cisgenre blanc. Mais je viens vous écrire sous la plume d’un certain féminisme – et pour sûr il y en a et vous allez en croiser un paquet. Par exemple, j’ai lu ci-dessus que Badinter pouvait être une référence féministe… Certes ! Mais pour moi c’est une référence ennemie.

    J’entends bien que votre travail soit à visée scientifique et sociologique, mais en vous référençant à Bourdieu et en dévoilant votre objectif de travail, vous avez un pied en politique, l’autre est bien ancré dans l’étude… Et ça, moi, j’applaudis cette démarche, cette frontière. D’autres la reprocheront et seront hargneux avec celle-ci, mais ce n’est pas mon cas ; cela fait longtemps qu’on entend les discours féministes réactionnaires et/ou réformistes ; cela fait longtemps aussi que la parole féministe soit légitimée par avance par la nature du sexe plutôt que par la parole et la nécessité d’impliquer les hommes, de les éduquer, pour ce grand projet d’égalité qui reste, hélas, incompatible avec une économie de la concurrence et de la compétition.

    Bref, soyez la bienvenue. Et bon sang, déconstruisez !

    Pour ce qui est des sujets que j’attends plus personnellement, ce serait des sujets sur la construction de l’érotisme dans notre société (française ? – faut bien délimitée), cela peut toucher aussi bien le mythe de l’allaitement – et les soi-disant propriétés miraculeuses de la Nature pour l’enfant… et cela peut toucher aussi la prostitution officielle ou clandestine (où l’on dit que la faiblesse des femmes les conduit invariablement à être le réconfort et l’intendante de ces messieurs). Je ne sais pas s’il y a eu des études scientifiques sur ces sujets, certainement… Mais la part de médiatisation et de culture sur ce sujet de l’érotisme et de la séduction naturelle est tout bonnement foisonnante.

    Merci encore de mettre des mots sur ce que je combats personnellement dans mon activité politique quotidienne.

  33. Bonjour,

    Je me permets de vous écrire pour vous poser une question, en espérant ne pas vous importuner !

    D’abord merci infiniment pour votre travail, sur ce blog et ailleurs (j’ai acheté le bouquin de Rebecca M. Jordan-Young traduit par vos soins, je n’aurais pas eu le courage de le lire en anglais…).

    Pour ce qui concerne les questions de sexe/genre et tous les débats conceptuels/épistémologiques/terminologiques qui vont avec, vous vous inscrivez, sauf erreur de ma part, plutôt dans la tradition critique des sciences issue du féminisme matérialiste. Il me semble que vous retenez plutôt la définition du genre telle que donnée par Christine Delphy, par exemple, plutôt qu’une autre ?

    Désolé si je fais fausse route, cette impression est lointaine, elle remonte à la lecture de vos billets au fur et à mesure de leurs publications.

    J’ai lu plus haut sur cette page que vous aviez lu la thèse de Priscille Touraille. Je me demande si vous avez aussi lu ses articles sur l’usage des concepts de sexe et de genre ? « “L’indistinction sexe et genre, ou l’erreur constructiviste” » et « Déplacer les frontières conceptuelles du genre ».

    Sans avoir de qualification particulière pour en juger, je trouve ces articles très justes et ils m’ont fait reconsidérer le concept de genre tel qu’utilisé par les féministes matérialistes (pas pour le rejeter mais pour en avoir un plus solide).

    Et je me souviens, à vous lire il y a longtemps, que je m’étais dit que vous ne preniez pas en compte les critiques de P. Touraille sur l’utilisation des concepts de sexe et de genre. Désolé je ne peux pas étayer mon propos, ce n’est pas très sérieux… juste une très vieille question qui me taraude et je viens la poser aujourd’hui !

    Et donc pour synthétiser cette question : avez-vous connaissance des travaux de P. Touraille en dehors de sa thèse ? Et, si oui, que pensez-vous de sa reconceptualisation des sexe et genre ?

    1. Oui, je connais bien ces deux articles de Priscille Touraille, et je les trouve pertinents. Je suis en particulier d’accord avec ce reproche qu’elle fait dans l’un d’eux à Judith Butler (et qu’on pourrait faire à bien d’autres) : “Elle s’engage dans l’impasse d’une négation du sexe, par manque de familiarité avec la pensée des sciences de la vie et par une confiance acritique – et problématique – accordée aux théorisations féministes venant de la biologie”.
      Mon approche me semble être aux antipodes de cela.
      En même temps, mon approche des questions de sexe/genre est aussi assez éloignée de celle de Christine Delphy. Qu’est-ce qui vous fais penser que je retiens sa définition du genre, et à laquelle exactement faites-vous référence ?
      Mon usage des mots “sexe” et “genre” sur ce blog est peu précautionneux, par facilité et parce que je ne pense pas que dans ce contexte ce soit important. Mais s’il fallait relire mes billets à la lumière de ces deux articles de Prsicille Tourraille, il me semble que c’est plutôt mon usage du mot “sexe” qui pourrait être critiqué, non ?

  34. Bonjour Mme Fillod,

    Je suis interne en rééducation, inscrit en DIU de neuro-urologie cette année, et j’ai comme mission de faire un topo interactif sur la sexualité des personnes victimes de blessure médullaire (para-, tétraplégie)
    L’anatomie clitoridienne étant mal connue des soignants, mais aussi du grand public, je souhaitais savoir s’il était possible de me procurer un clitoris modélisé en 3D, et si oui, sous quelles conditions.

    Je vous remercie,

  35. bonjour Madame
    Je suis sexologue à Bordeaux et suis très intéressé par votre réalisation d’un clitoris en 3D en taille réelle comme outil thérapeutique vis à vis de beaucoup de patientes victimes de fausse croyances sur leur propre anatomie
    Je trouve que c’est un argument pédagogique d’un grand intérêt
    Comment serait-il possible de s’en procurer ou d’en faire réaliser un exemplaire ?
    Avec mes remercîments et mes félicitations pour vos travaux
    Dr Claude Esturgie

    1. Merci pour votre message. Je vous envoie par mail (à l’adresse que vous avez indiquée pour saisir ce commentaire) toutes les informations nécesssaires.

  36. Bonjour,
    Je découvre votre travail grâce à l’émission de France Inter. Je vous remercie pour vos travaux. Je suis très intérressée par votre travail que je découvre sur votre blog. Je viens de lire a propos et je ne comprends pas bien vos sources de financements. Pourriez vous en dire plus ?
    Merci

    1. Depuis que mon CDD de chercheure à l’EHESS (financé par l’IEC) a pris fin (en 2011), mon travail n’est financé par aucune institution, association, personne morale ou privée autre que moi-même. Pour l’essentiel, je vis actuellement grâce à l’épargne que j’ai constituée au cours de ma carrière dans le privé.

  37. “L’utérus ne fait pas plus la femme que la mélanine ne fait l’esclave”.
    Beau moment de lumière ce matin sur France Inter. Si bien que, même si c’est notre blog qui a un tout autre objet que le votre, nous avons voulu relayer l’adresse du votre ici: http://dndf.org/
    La phrase d’entrée de ce mail, dans le droit fil de la magnifique phrase de Simone de Beauvoir (“on ne nait pas…”) veut montrer sur quel champ nos pensées et idées se retrouvent.
    Nous, ce qui nous intéresse, c’est de croiser la domination de classe et la domination de genre dans notre compréhension de ce monde et, par là même, dépoussiérer un peu la géniale phrase de Marx:
    “L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. ”
    Il pourrait ajouter, aujourd’hui, ” et de la domination des femmes”
    Merci pour votre travail d’éclaireur, à tous les sens du terme…

  38. bonsoir,
    comme la personne avant moi, je viens juste aujourd’hui de découvrir votre travail par le biais de France Inter et de prendre connaissance de votre blog qui est une mine d’informations que je prendrai de temps de consulter avec assiduité.
    cordialement
    Alain

  39. Bonjour Madame,
    je viens de lire votre “à propos”.
    Une petite correction : on ne dit pas “chercheure”, mais chercheuse.
    A. Dupré

    1. Je sais qu’elle n’est pas dans nos dictionnaires, mais la forme “chercheure” est souvent utilisée notamment au Canada, pays pionnier dans l’abandon du masculin générique en français. J’aime bien employer cette forme car elle correspond à une option de démasculinisation (et non de “féminisation” comme on le dit trop souvent) du français qui correspond à mes yeux à un moindre mal. En effet, d’un côté on visibilise les femmes exerçant certaines fonctions ou métiers dont il importe de souligner qu’ils ne sont pas “masculins” par défaut ou par essence, mais de l’autre on le fait de façon à ce que les deux genres ne soient pas “radicalement” distingués, ce qui va dans la direction d’une langue épicène qui je l’espère, finira par émerger. Ca permet aussi d’éviter à l’écrit les graphies du type “chercheur/euses”, remplacées par le plus élégant “chercheur·es”. Pour la même raison, je préfère “auteure” à “autrice”.

  40. Merci pour votre travail, que j’ai consulté assidûment et qui force l’admiration !

    J’ai entendu dans votre interview à France Inter, que vous vous définissiez plus comme “anti-sexiste” que comme “féministe”. Quelle nuance voyez-vous entre les deux termes et pourquoi ce positionnement ?

    Bien cordialement

    1. Merci pour votre message.
      Je me définis en effet comme anti-sexiste plutôt que féministe.

      Mon premier problème avec le second adjectif, c’est qu’en raison de son radical, il peut être compris par certaines personnes comme ayant pour objectif la défense des femmes (ou pire, du “féminin”), ce qui n’est pas du tout mon combat.

      Mon second problème, c’est qu’il existe de multiples façons d’être féministe, et certain.es féministes ont des idées que je ne partage pas ou des projets politiques auxquels je suis opposée. Même si on considère que l’ensemble des courants féministes partagent “un but commun : définir, établir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes” (wikipedia), ça laisse la place à plusieurs définitions de la notion d’égalité et à une grande variété de stratégies, sans compter les contradictions potentielles entre ces différents objectifs d’égalité.

      Par ailleurs, mon but ne concerne pas que “les femmes et les hommes” mais tous les êtres humains, et n’est pas exactement celui qui est énoncé ci-dessus. Je me définis comme anti-sexiste car ce que je combats, c’est le sexisme : les attitudes discriminatoires basées sur le sexe, ainsi que les croyances erronées ou infondées qui souvent fondent ces attitudes. Cela va des inégalités de traitement subies par les filles et les garçons dès leur naissance aux dispositions inégalitaires du droit français “en faveur” des femmes (qui favorisent la prise en charge des jeunes enfants par leur gestatrice), en passant par les chirurgies imposées à certaines personnes intersexes sans autre justification que le souhait de les faire rentrer dans la norme binaire du genre, et mille et une autres choses.

  41. Je viens de découvrir votre blog et de me régaler de deux articles au lieu de travailler! j’ai particulièrement apprécié celui sur le Dr Cyrulnik. je suis formatrice pour des professionnels de la petite enfance et certains sont allés en formation dans son nouvel institut. certaines choses apprises laissent rêveurs et me font émettre des doutes sur la connaissance du terrain, soit la collectivité pour des petits et pose, pour moi, la pertinence de l’utilisation d’un matériau lié à la prise en charge d’adultes qui ne vont pas bien pour décider de l’éducation d’enfants qui vont quand même assez bien en général. j’ai aussi aimé l’article sur l’instinct maternel. et j’aime que vos articles soient longs et pleins de substance. je déteste le buzz, le pret-à-penser et le pret-digéré.

  42. “Et j’aime que vos articles soient longs et pleins de substance”.

    J’ai lu ce blog comme on lit un bouquin, ça m’a fait une jolie fin.

    C’est aussi un heureux hasard, donc un commentaire.

  43. Simplement je souhaitais vous dire bravo pour votre travail utile et rigoureux !
    Je viens d’écouter vos conférences sur l’orientation sexuelle et sur les mirages de la biologie du genre psychologique.
    Étudiant en économie, j’ai eu la chance d’être sensibilisé aux biais de publications et autres biais pesant sur la production de la connaissance scientifique. En vous écoutant, je me rends compte qu’il est facile de baisser son seuil de vigilance dès qu’on sort de son domaine de prédilection. Merci pour votre appel à l’exigence intellectuelle face à la désinformation.
    Il semble que votre chaîne Youtube soit assez récente, j’espère que vous allez continuer à publier des vidéos c’est un très bon format à mon avis pour diffuser vos recherches. Avez-vous aussi pensé aux podcasts ?
    Bonne continuation !

    1. Merci beaucoup.
      Pour ce qui est de ma chaîne YouTube (https://www.youtube.com/channel/UCIplqbMNZAn1kqQHWvO0VRg), elle est en effet très récente et sert pour l’instant surtout à rendre visible les deux captations de conférences que vous mentionnez, ainsi qu’une petite vidéo sur le clitoris. Je ne sais pas encore si je vais l’utiliser pour publier des vidéos ad hoc, formatées comme il faut pour permettre une diffusion plus large de certains résultats (pas trop longues, pas trop techniques, etc). La question est de savoir si mon travail peut s’y prêter. Le cas échéant, restera à trouver une forme adéquate et à développer ou mobiliser les compétences nécessaire à la mise en oeuvre : je ne compte pas me transformer en youtubeuse parlant face caméra, l’idée étant plutôt de réaliser des séquences d’images animées avec commentaire en voix off. Sans aucun support visuel (podcast), ça me paraît difficile. Je vais en tout cas y réfléchir.

  44. Bonjour,

    Vos articles sont rigoureux et efficaces. Avez-vous pensé à vois intéresser au sujet des “zèbres”, qui impacte de nombreux enfants et parents? Jeanne Siaud-Facchin ou Raymonde Hazan, par exemple… Mais on y retrouve aussi Marcel Rufo et quelques autres étranges docteurs, comme Olivier Revol… Voir aussi du côté de Psyrène, Cogito’z…

    1. Ce blog n’est pas destiné à répondre à ce genre de questions. Voici néanmoins deux réponses :

      1- Voir #18 sur la page https://odilefillod.wixsite.com/clitoris/detox, qui parle un peu des phénomènes d’émission de liquide via les canaux des glandes para-urétrales et/ou l’urètre, par certaines femmes au moins, lors de certaines activités sexuelles. Voir aussi le paragraphe sur les homologies F-H en bas de la page https://odilefillod.wixsite.com/clitoris/anatomie.

      2- Oui, les autres femelles mammifères ont un clitoris.

  45. Merci beaucoup pour ce travail monumental!!! J’ai essayé d’utiliser un article avec mes élèves de terminale, mais pas facile: il fallait que je simplifie un peu et j’ai eu peur de vider vos analyses de ce qui fait leur force, notamment la minutie

  46. Merci beaucoup pour votre site, j’espère que vous continuerez à le nourrir ! En tout cas, pour moi qui découvre en ce moment les bouquins de Stephen J. Gould (la mal mesure de l’homme résonne – hélas – très fort quand je relis votre article sur le ratio 2D/4D, vu ce qu’on lui fait dire jusqu’à l’absurde), la rigueur dont vous faites preuve donne envie de faire de la sociologie de la science. On se plaît aussi à rêver que dans la formation scientifique il y ait une part plus importante de socio et épistémologie : le piège de la vision de soi-même comme scientifique objectif/impartial/neutre/sans biais est manifestement toujours aussi vivant et actif !

  47. Bonjour Odile,

    Étant en train de rédiger un mémoire sur la masculinité dans le contexte de la séduction, j’ai été amené à entendre les différents protagonistes du sujet et je me réjouis de tomber sur vos travaux (bien qu’ils semblent inquiéter les nombreuses « vérités » sur lesquelles je commençait à m’appuyer concernant l’origine prétendument biologique des genres…).
    Face a toutes les incertitudes dont semble vouloir se prémunir le discours scientifique, et donc, le manque de consensus que l’on ne peut que constater si l’on veut bien rester objectif à ce sujet, je vais finalement prendre la direction des sciences sociales, psychologies évolutionnistes afin d’essayer de mettre en lumière ce qui différencie le comportement entre hommes et femmes, et plus particulièrement -en ce qui me concerne- à propos de leur rapport à la séduction et à l’amour, sujet qui finalement a tôt fait d’englober une part plus large de nos comportements…
    Bref, d’une part je tiens à vous dire que je serai absolument ravi de vous soumettre, si vous le voulez bien, le fruit de mon travail à votre regard critique, auquel je serai éminemment sensible.
    Et d’autre part je souhaiterai connaître votre position en ce qui concerne le « paradoxe Norvégien », où, pour le résumer (lien vers la vidéo qui le décrit) malgré une société plus égalitaire, très peu de femmes veulent travailler comme ingénieur ou dans les domaines techniques, et d’une façon générale les genres ne partagent pas les mêmes centres d’intérêt…
    https://youtu.be/l3V_3tgbeb8

    Merci infiniment pour votre soutien.
    Bonne journée
    William

    1. – Non merci, ne m’envoyez pas votre mémoire.
      – J’ai parlé de la vidéo dont vous donnez le lien il y a bientôt 7 ans, ici : https://allodoxia.odilefillod.fr/2013/10/04/sexes-mensonges-et-video-baron-cohen.
      – Je n’ai pas de “positions” en général, ni en particulier sur ce sujet. Pour des réflexions intéressantes et sérieuses sur le “gender paradox”, je recommande la lecture de la série de billets qui se trouve sur https://www.genderscilab.org/blog/the-gendersci-lab-takes-on-the-gender-equality-paradox-hypothesis-introduction-and-primer.

  48. Bonjour,
    intéressé depuis le début de la pandémie à départager le vrai du faux, le précis de l’à peu-près, et le doute scientifique du complotisme, tentant de m’y retrouver à travers les innombrables commentaires des “rassuristes” et “alarmistes”, indigné par la médiocrité du débat public, incapable de trancher entre “l’evidence” et “l’eminence” “based medicine”, entre Axel Kahn et Didier Raoult p.ex. , je vois à la lecture encore cursive de vos graphiques et commentaires sur la surmortalité, que vous vous êtes engagée mieux que je n’aurai jamais pu faire dans la production de statistiques comparatives et commentaires associés. J’avais bien vu vos commentaires acérés d’avril sur les premiers résultats publiés par l’IHUM, mais ne les avais pas lu avec attention, les assimilant à des critiques que je trouvais malveillantes et imperméables à toute critique de méthodes qui n’étaient qu’iconoclastes par rapport à un rigorisme inadapté à l’urgence épidémiologique et aveugle aux conflits d’intérêts rongeant la crédibilité des principales revues médicales trustant le marché.
    Avant même de pousser plus avant mes lectures de votre site et de vos travaux, je tiens à vous en remercier, et je suis heureux de les faire connaître dans le cercle, bien restreint, de mes relations.

  49. En humble humaine tentant d’étoffer ses connaissances anti sexistes, je vous remercie de rendre possible de telles lectures. Suis admirative et reconnaissante du fruit de votre travail fourni.

  50. Bonjour,
    juste un grand merci pour tout ce que vous avez fait, qui est si précieux, pour le plaisir de lire toutes vos qualités en matière de discussion rationnelle avec des scientifiques de mauvaise foi (FR, si tu lis ceci 😉 ) et donc aussi pour vous dire que vous manquez !

  51. Bonjour,
    Je souhaite vous remercier pour le travail énorme que vous réalisez et pour votre engagement pour la diffusion d’un savoir scientifique loin des raccourcis et des stratégies de sursimplification pour lesquelles optent les médias dès qu’il s’agit des différences homme/femme.
    Ce serait intéressant de publier un billet sur les quelques stéréotypes concernant les effets des menstruations sur les comportements et le psychisme des femmes.

    1. Merci pour votre message ! Comme vous pouvez le voir mon blog est en jachère depuis un bon moment déjà… Je ne sais pas encore si je vais à nouveau y publier des choses. Quoi qu’il en soit, je prends note de votre suggestion.

  52. Bonjour,

    “Neuroscientists have long sought to explain behavioral sex differences based on average differences between men’s and women’s brains.
    Thus far, no such neural substrates have been reliably identified for specific behavioral or psychiatric differences between men and women.” (Rock J./Elliot L. (2022))

    “Indeed, the possibility that both distinct and unique brain patterns may exist has been fervently discussed. For example, it has recently been demonstrated that human brains may be mosaics
    consisting of male and female patterns.” (Mueller S. C. et al 2021)

    “Sex differences and hormonal effects in presumed cisgender individuals have been well-studied and support the concept of a mosaic of both male and female “characteristics” in any given brain.” (Uribe C. et al. 2022)

    On dirait que ça commence enfin à faire son chemin (en tout cas, parmi la communauté scientifique) qu’on n’a pas pu prouver à ce jour que des différences neurologiques entre “hommes” et “femmes” expliquent les différences de comportement qu’on observe actuellement dans la société.

    Ma question : j’ai trouvé 2-3 études dont les résultats suggèrent qu’on pourraient distinguer un cerveau “cis” d’un cerveau “trans” (activité cérébrale, neurobiologie — je n’ai pas citées ici toutes les études que j’ai parcourues ici, parce que je ne les retrouve pas…). Qu’en pensez-vous ?

    Merci beaucoup pour votre travail. Ça m’a permis de croire en moi. J’espère lire un jour un livre de vous dans lequel vous débunkez des études scientifiques, tout comme vous le faites ici 🙂

    1. Bonjour,

      Je suis bien embêtée de répondre un peu désagréablement à quelqu’un qui me remercie pour mon travail mais mon intégrité intellectuelle l’exige, alors…

      Tout d’abord, je voudrais dire que l’idée qu’on n’a pas pu prouver à ce jour que des différences neurologiques entre “hommes” et “femmes” expliquent les différences de comportement qu’on observe actuellement dans la société ne commence pas à faire son chemin dans la communauté scientifique : même parmi les plus fervents défenseurs d’un fort déterminisme biologique en la matière, je n’ai jamais lu formulée ne serait-ce que l’hypothèse que des différences cérébrales (structurelles ou fonctionnelles) naturelles pourraient expliquer “LES différences de comportement qu’on observe actuellement dans la société”. Tous reconnaissent que des facteurs socio-culturels entrent en jeu. A contrario, si on parle de différences cérébrales tout court (i.e. pas naturelles), à moins de rejeter l’idée que nos comportements sont commandés par notre cerveau, on ne peut que souscrire à l’idée qu’ultimement, toute différence de comportement découle d’une manière ou d’une autre d’une différence cérébrale, qu’on ait ou non aujourd’hui les moyens techniques de la déceler.

      Ensuite, je relève que deux des références que vous avez indiquées ne sont pas correctes : si votre 2e citation est bien issue de Mueller et al 2021 (https://doi.org/10.1016/j.jsxm.2021.03.079), la 1ère l’est de Rauch [et non “Rock”] & Elliot 2022 (https://doi.org/10.1016/j.neuroimage.2022.119732) et la 3e de Nguyen et al 2019 (DOI: 10.1038/s41386-018-0140-7), à moins qu’Uribe et al (le même groupe de chercheurs que celui qui a publié Mueller et al 2021) aient fait un copié/collé de cette phrase quelque part en 2022 (?). Cela m’interroge, car je me demande si vous les avez lues, or citer des articles scientifiques sans les avoir lus est l’une des pratiques que je dénonce.

      Deux autres pratiques courantes que je dénonce sont le cherry picking ainsi que la citation d’articles pour leur faire dire ce qu’ils ne disent pas. En l’occurrence, Nguyen et al 2019 ne soutiennent pas l’idée qu’on n’a pas prouvé que des différences cérébrales entre hommes et femmes expliquent des différences psychologiques. Au contraire, ils s’inscrivent complètement dans la théorie organisationnelle/activationnelle du cerveau par les hormones gonadiques. Ils affirment par exemple ceci dans cette revue de la littérature (en s’appuyant sur des études inconsistantes, fragiles ou ne montrant pas ce qu’ils prétendent qu’elles montrent) : “The presence of the androgen testosterone and its aromatization to estradiol in utero cause the fetal brain of the male to organize in such a manner to result in a more masculine phenotype across the lifespan. The absence of androgen production by the female fetus and estrogen-binding activity of alpha-fetoprotein in the female fetus lead to a more feminine brain phenotype. […] At puberty, gonadal steroids act upon the programmed brain and, together with life experience and genetics, create a phenotype that is along the gender continuum […]”, et ils défendent notamment l’idée que les différences cérébrales créées par les différences hormonales donnent aux hommes de meilleures capacités visuo-spatiales et en mathématiques qu’aux femmes. Selon eux, “Gonadal steroids have a profound impact on brain structure, function, regional connectivity, and neurochemistry which underpin executive functions, affect, and reward processing. It is critical that future research considers these cognitive domains […]”. Ils écrivent aussi : “Research in this area has the potential to inform our understanding of the developmental origins of gender identity”.
      Bref, il ne fait aucun doute pour eux que les différences hormonales naturelles qui existent entre femmes et hommes exercent de profonds effets sur le cerveau in utero puis tout au long de la vie à partir de la puberté, et que ces effets se traduisent par des différences cognitives et comportementales (dans lesquelles ils semblent inclure aussi l’identité de genre). Il ne font qu’acter le fait que ces différences ne sont pas binaires, mais multidimensionnelles et formant un continuum, ce qui n’a rien à voir.

      De même, la phrase “it has recently been demonstrated that human brains may be mosaics consisting of male and female patterns” que vous citez de Mueller et al 2021 ne fait qu’acter ce constat d’absence de binarité (en s’appuyant en l’occurence sur les travaux de Daphna Joel), mais s’appuie sans distance critique sur la notion de “male and female patterns”. Ils commencent d’ailleurs bien mal leur article en affirmant : “Sex differences in human neuroanatomy are well documented”, citant en référence Ruigrok et al 2014, une étude particulièrement pourrie qui n’a en rien “bien documenté” les différences neuroanatomiques entre les sexes chez l’humain, dont j’ai eu l’occasion de parler sur ce blog et ailleurs. L’originalité de leur position, si l’on peut dire, réside dans le fait que face à l’incohérence qu’ils relèvent entre des observations faites sur les cerveaux de personnes trans et l’idée que les personnes MtF auraient en quelque sorte un cerveau plus “féminin” que celui des hommes cis et les personnes FtM un cerveau plus “masculin” que celui des femmes cis, ils suggèrent ceci : “transgender persons seem to present with their own unique brain phenotype. Indeed, regionally-specific variations are consistent with the view by Guillamon et al., who suggested that transgender people demonstrate different extents of phenotypically male and female brain patterns. These differences may be due to a variety of factors including molecular and neurodevelopmental factors, either alone or in interaction with one another. […] The outcomes of our study highlight the underlying neurobiology of gender identity and pose novel questions to be followed up regarding neurodevelopmental, genetic, and hormonal factors.”. Ces auteurs pensent que les différences génétiques et hormonales entre femmes et hommes influent sur le développement et le fonctionnement du cerveau de sorte à créer des différences cognitives et comportementales, et ils voient la transidentité comme résultant d’une sorte de perturbation de ce neurodéveloppement typique, simplement ils savent que cela ne se traduit pas par quelque chose de binaire (d’un côté le cerveau & psychisme “de femme”, de l’autre le cerveau & psychisme “d’homme”).

      Pour répondre à votre question, je rappellerais tout d’abord qu’on ne sait pas à ce jour “distinguer un cerveau “cis” d’un cerveau “trans””. Simplement, des études telles que celle de Mueller et al entretiennent l’idée qu’on pourrait un jour arriver à le faire. En ce qui me concerne, je dirais qu’on a à peu près autant de chances de savoir le faire un jour que de savoir distinguer un jour un cerveau “homosexuel” d’un cerveau “hétérosexuel”, par exemple.

      1. Mon commentaire était trop long, voici la suite :

        D’ailleurs, Daphna Joel et Luba Vikhanski (2019:29, traduit avec DeepL depuis l’allemand, je ne possède pas le livre en langue originale) écrivent :
        “Ironie mise à part, la conviction que ‘les cerveaux masculins sont comme ceci et les cerveaux féminins sont comme cela’ reste extrêmement répandue, **tant dans le monde scientifique** que dans le grand public. Aujourd’hui – tout comme au cours des siècles précédents – la conviction générale est que **les différences entre les cerveaux des hommes et des femmes sont à l’origine de prétendues différences fondamentales entre les sexes**.”

        Voilà ce que je voulais dire/où je voulais en venir. Je suis au courant que notre cerveau est censé influer sur nos comportements, ce n’était pas ce que j’insinuais 🙂

        Je pourrais entre autres encore citer des parties de votre post “Les cerveaux en bleu et rose selon Jacques Balthazart (partie 1)”, mais j’espère que vous avez compris maintenant où je voulais en venir avec l’énoncé “On dirait que ça commence enfin à faire son chemin (en tout cas, parmi la communauté scientifique) qu’on n’a pas pu prouver à ce jour que des différences neurologiques entre “hommes” et “femmes” expliquent les différences de comportement qu’on observe actuellement dans la société.”

        Je réponds tout soudain à la suite de votre message. Merci pour vos explications !

        Et je confirme qu’on ne reçoit pas de notifications par mail lorsque quelqu’un répond à notre post :O

  53. Et il y a toujours la problématique “cause” et “effet”… Qui a commencé ? Le cerveau – et lui seul (!) – exit éducation, socialisation… – “cause” des “effets” sur les comportements observables ?
    Un comportement récurrent “cause” des “effets” qui finissent par être visibles à l’analyse du cerveau… (plasticité cérébrale, adaptée aux interactions avec l’environnement…)
    Je suppose que cela est pris en considération, parmi les différentes études…
    (pas assez lu ce blog ou quoique ce soit d’autre pour savoir si cela a déjà été abordé)…

    Et principe de vérification de l’existence même des “faits” – même si ça aussi peut s’avérer plus ardu que ce qu’on imagine, avant de les expliquer (éviter le “ridicule” d’expliquer ce qui n’existe pas… cf. “histoire de la dent d’or de Fontenelle”…)
    Ici, concernant des différences de comportement d’origine biologique, il faudrait déjà les établir, si ça n’est déjà fait… Pas simple, il me semble, vu de loin… !!
    Voili voilou, pour ma petite contribution… j’espère pas trop inutile… :o)

  54. Bonjour,

    Merci pour votre réponse 😀

    D’accord, alors je reformule : “…EN PARTIE les différences de comportement qu’on observe actuellement dans la société.”

    Dans Méta de Choc (je n’ai pas réussi à retrouver le passage exact), Élisabeth Feytit vous dit quelque chose comme “Il n’existe donc pas de différences biologiques entre les cerveaux des femmes et de hommes qui expliqueraient l’origine des différences psychiques entre les deux sexes.”, auquel vous répondez quelque chose comme “Je n’ai jamais dit que ça n’existe pas, j’ai dit que ça n’a jamais été prouvé.”. Si je ne m’abuse vous n’avez pas repris/corrigé la deuxième partie de son énoncé à elle.

    Épisode 3/4 (~minute 30.18-37.35), vous parlez de plusieurs études dans lesquels des groupes de recherche se sont penchés sur les différences cérébrales entre “hommes” et “femmes” qui, soi-disant, permettent d’expliquer certaines différences qu’on observe dans les comportements des “femmes” versus “hommes” :
    “Ça a été une des toutes premières études (~1995) d’imagerie par IRM fonctionnelle comparant les hommes et les femmes […]. Il y avait des articles partout, dans le Nouvel Obs, dans le Monde, avec des gros titres ‘ah, ça y est, les hommes et les femmes pensent différemment’, avec des images qui ont décrites que c’était sur le traitement du langage. […] Les femmes utilisaient les deux hémisphères de leur cerveau en même temps, alors que les hommes n’utilisaient qu’un côté. […] Ils ont bourré [en parlant d’une plus étude avec un échantillon beaucoup plus important que celle que vous mentionnez juste avant et qui a été faite plus tard] […] l’abstract […] de considérations qui n’ont rien avoir leur étude sur des différences fonctionnelles […]. Mais le texte dit ‘ah oui, on sait que les hommes et les femmes ont des comportements complémentaires adaptatifs’ […].”

  55. Bonsoir Madame Fillod,

    Je parcours votre blog aujourd’hui pour la première fois. Votre rigueur dans vos analyses et votre écriture est impressionnante. Bravo et merci vraiment.

    Je l’ai rejoint par le biais d’un article sur Cairn traitant de Boris Cyrulnik, lequel article (pas Boris C. !) vous cite comme une source de qualité et en reprend des éléments.

    Sur votre blog, plusieurs de vos articles et de leurs contenus ou commentaires rejoignent mes centres d’intérêts. Dans le désordre :
    – Notre chère université française,
    – L’épigénétique et les troubles psychiques : j’ai vu que vous aviez un article traitant si je ne me trompe pas de “Schizophrénie et neurosciences”. Êtes-vous restée attachée à ce domaine de discussions ?
    (D’ailleurs, c’est en lisant un article sur L’épigénétique que je suis ensuite arrivé sur Cairn, et cet article était publié sur Slate.fr, ce qui me fait penser à vous demander si vous pouvez en quelques mots me dire l’idée que vous vous faites de ce site ; quant à moi, si Slate.fr m’a dirigé indirectement vers votre blog, il aura été utile…),
    – A la croisée de la santé mentale et des recherches médicales et autres, le sujet de l’anorexie m’intéresse tout particulièrement. Si vous le souhaitez, je pourrai vous préciser un peu plus les éléments auxquels je pense.

    Merci à vous encore une fois,

    Très cordialement,
    Martial Dubreuil.

  56. Bonjour,

    Je recentre le propos de mon commentaire précédent du 19 septembre.

    Madame Fillod,
    A travers vos recherches essentiellement menées autour des questions de genre et de sexe, aboutissant clairement à la déconstruction “des discours à prétention scientifique concernant l’existence de dispositions psychiques naturellement genrées”,
    avez-vous eu l’occasion de vous pencher sur les discours concernant la naturalisation des troubles psychiques, conjointement à leur explication par des traumatismes vécus (“traumatismes”, sous-entendu vécus dans “l’environnement” / le “social”) ?

    Connaissez-vous d’autres recherches sur le sujet d’un niveau d’analyse des données, d’esprit critique quant à la vulgarisation des résultats des études, et de retranscription comparable au vôtre ? – sans obséquiosité 🙂

    Évidemment, si certains lecteurs (lectrices/lecteurs) pouvaient apporter de l’eau à mon moulin, je serais preneur.

    Bien cordialement,
    M. Dubreuil.

    1. Je me penche uniquement sur les discours de naturalisation. Sur ce blog vous trouverez :
      https://allodoxia.odilefillod.fr/2012/03/19/serotonine-races-et-civilisations/ = une étude de cas concernant la génétique de la dépression (où il est beaucoup question de Cyrulnik, qui parlait tranquillement de “gène du surhomme” pour désigner le variant du gène codant pour le transporteur de la sérotonine censé permettre à certaines personnes de ne pas sombrer dans la dépression malgré les difficultés de la vie…),
      https://allodoxia.odilefillod.fr/2012/07/11/schizophrenie-genetique/ = une étude de cas concernant la génétique (et non l’épigénétique) de la schizophrénie.
      Désolée je ne connais personne faisant le même travail que moi sur ce genre de sujets.

  57. Bonjour,

    La lecture d’Anne Prégent, lauréate d’un concours de vulgarisation scientifique, me dérange vraiment. Mais je suis tellement choqué et désemparé par les écrits et les travaux de Philip Gorwood, que je ne peux m’empêcher de revenir vers votre blog.

    Si vous décidez de publier ce commentaire, il est un peu long… (probablement huit parties – je pensais au départ en faire trois !).

    Anne Prégent, lauréate :
    “26 juil. 2019 — Montreal, Quebec, Canada · Laboratoire d’Étude sur le Développement de l’Enfant et sa Famille. Première place au concours de vulgarisation scientifique « Découvrir », chapeauté par l’ACFAS, avec le texte « L’anorexie : un cas qui pèse lourd » “.

    Concernant les travaux de Philip Gorwood rapportés par Anne Prégent (il en est fait référence également, entre autres, sur le site de la FFAB, Fédération Française Anorexie Boulimie), on peut au premier abord s’interroger sur le fait d’évaluer la réaction émotionnelle de 70 femmes anorexiques en leur montrant des images de corps très maigres, puis en observant l’augmentation rapide ou non de leur niveau de transpiration (j’aimerais quand même bien avoir les détails et les circonstances des expériences menées). Toujours est-il qu’ “à la vue de ces images, les femmes transpiraient davantage”, et que “le psychiatre français et son équipe ont déclaré que cette sudation était une réaction liée à l’addiction et non à la phobie de maigrir”. Chacun peut se faire une idée :
    “L’anorexie : un cas qui pèse lourd” :
    https://www.acfas.ca/publications/magazine/2019/04/anorexie-cas-qui-pese-lourd

    A suivre…

    Madame Fillod, merci de me dire via votre blog ou par mail si vous souhaitez que je poste les parties suivantes ou non. Merci à vous.

    1. Waouh, ce texte plein de bullshit (Ex : la dopamine est “l’hormone du bonheur” ; l’anorexie ne peut survenir que si on y est prédisposé génétiquement, c’est ce que démontre une étude de jumelles qui a trouvé 60 à 70 % de concordance ; “certains événements stressants de l’enfance modifient l’organisation des gènes de l’ADN”…) a gagné le 1er prix d’un concours de vulgarisation scientifique chapeauté par le département de psychologie d’un fac québecoise ! C’est affreux, ça me laisse sans voix. C’est même pas écrit correctement (“l’explication de l’anorexie pourrait s’expliquer par une piste bactérienne”). Sur le fond comme sur la forme je pense que ChatGPT fait largement mieux. J’interviens le 25 octobre au Congrès de l’Association des communicateurs scientifiques du Québec : si jamais elle a continué dans cette voie (j’espère que non), peut-être l’y rencontrerai-je… Bon mais ne postez pas la suite, je ne la mettrai pas plus en ligne que d’autres longs commentaires en plusieurs parties que vous avez postés, dans lesquels vous développez vos réflexions qui n’ont pas de lien direct avec ce que j’ai écrit. Merci pour votre compréhension.

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