Les faux nez biologistes de la psychologie évolutionniste

Les hypothèses de la psychologie évolutionniste, notamment relatives à des prédispositions liées au sexe, sont régulièrement relayées auprès du grand public sous couvert de vulgarisation de travaux de biologistes. Retour sur quelques impostures et un malentendu.

Un journaliste scientifique de premier plan écrivait récemment dans le journal Le Monde :

« Des études de psychologie ont montré que les messieurs hétérosexuels réussissaient moins bien des tests cognitifs après avoir discuté avec une dame qu’avant. L’inverse n’est pas vrai. Pourquoi ? En moyenne, les hommes ont, davantage que les femmes, la faculté de “sexualiser” les situations de la vie courante. […] Selon les biologistes, cette capacité à surinterpréter les signaux envoyés par les personnes de l’autre sexe est un biais que l’évolution a imposé à l’espèce pour que les mâles ne ratent pas une occasion de s’accoupler. Mais cet instinct de chasse de tous les instants a un coût […] car l’homme “s’épuise” mentalement […] en évaluant sans cesse sa partenaire pour déterminer sa valeur en tant que reproductrice, en contrôlant ses émotions, en se concentrant sur l’image qu’il désire offrir et en surveillant l’autre pour voir s’il lui fait bonne impression. » [1]

Ces affirmations non sourcées servent de préambule au compte-rendu d’une étude de psychologie expérimentale publiée dans Archives of Sexual Behavior. L’article en question rapporte des résultats conformes à l’hypothèse selon laquelle l’homme hétéro moyen, et pas la femme hétéro moyenne, perdrait momentanément une partie de ses capacités cognitives non seulement après une interaction avec une personne du sexe opposé (effet déjà avéré selon le journaliste), mais aussi à la seule anticipation d’une telle interaction.

Faits ou hypothèses ? Biologie ou psychologie évolutionniste ? Science ou sens commun ?

La lecture de l’article source [2] et sa comparaison avec celui du Monde fournit un exemple typique de la manière dont nombre de vulgarisateurs piochent dans les articles scientifiques les passages qui leur conviennent en ignorant délibérément ce qui pourrait gêner leur interprétation, mélangent faits et hypothèses, extrapolent et reformulent allègrement les écrits des chercheurs. Violant (une fois de plus) des principes déontologiques de base [3], le journaliste trompe ici en outre ses lecteurs sur la discipline scientifique censée étayer ses dires.

Affirmation n°1 : « Des études de psychologie ont montré que les messieurs hétérosexuels réussissaient moins bien des tests cognitifs après avoir discuté avec une dame qu’avant. L’inverse n’est pas vrai. »

En fait, une seule étude a rapporté cette observation, et comme les auteurs l’écrivent eux-mêmes dans le résumé de [2], elle ne fait que suggérer et non montrer cela. Il s’agit d’une étude préliminaire publiée en 2009, dirigée par le même chercheur que la présente et non répliquée, portant sur 53 jeunes hommes non représentatifs des « messieurs » selon les auteurs eux-mêmes, qui écrivent en outre que cet effet pourrait exister aussi chez les femmes hors du contexte spécifique de cette expérience de laboratoire [4].

Affirmation n°2 : « Pourquoi ? En moyenne, les hommes ont, davantage que les femmes, la faculté de “sexualiser” les situations de la vie courante. […] Selon les biologistes, cette capacité à surinterpréter les signaux envoyés par les personnes de l’autre sexe est un biais que l’évolution a imposé à l’espèce pour que les mâles ne ratent pas une occasion de s’accoupler. »

Lorsqu’ils expliquent le « pourquoi » de cette observation de 2009, les auteurs sont un peu plus prudents. Après avoir indiqué que les performances cognitives des hommes étaient perturbées parce qu’ils essayaient de faire bonne impression sur les femmes, ils écrivent que selon la théorie de l’Error Management, l’évolution a façonné un biais cognitif dans le cerveau des hommes les faisant souvent s’investir envers des femmes non intéressées par eux, l’avantage étant de minimiser le risque de manquer une occasion de s’accoupler. Ils rapportent ensuite que des recherches suggèrent qu’une exposition même très subtile à une femme peut déclencher chez les hommes le désir de faire bonne impression, ce qui serait cohérent avec cette théorie et expliquerait leurs observations [5].

Dans leur conclusion, ils indiquent que bien qu’ils suggèrent que les performances cognitives des hommes, et pas des femmes, sont ici perturbées en raison de pressions de l’évolution ayant rendu les hommes plus prompts à “sexualiser” des situations neutres, ils ne peuvent exclure la possibilité que cette différence entre les sexes soit causée par la socialisation [6]. Mais le journaliste a décidé d’ignorer cette explication alternative et de reformuler en faits ce que les auteurs eux-mêmes formulent en termes d’hypothèses.

Il a également décidé d’ignorer le passage dans lequel les auteurs comparent la diminution des performances cognitives qu’ils ont observée chez les hommes interagissant avec une femme à celle observée chez les blancs racistes interagissant avec des afro-américains, perturbés par leurs efforts pour ne pas avoir l’air de l’être [7] : il est vrai qu’il serait un peu plus délicat de faire ici le lien avec une explication évolutionniste… Mais revenons-en à cette dernière, justement. Lorsque les auteurs suggèrent cette explication, ils n’invoquent pas quant à eux « les biologistes », ni même des biologistes : les références qu’ils citent à l’appui de cette explication n’impliquent en effet pas un seul biologiste, toutes correspondant à des articles écrits par des chercheurs en psychologie, et singulièrement des chercheurs inscrivant leurs travaux dans le cadre de la psychologie évolutionniste [8].

Affirmation n°3 : « Mais cet instinct de chasse de tous les instants a un coût […] car l’homme “s’épuise” mentalement […] en évaluant sans cesse sa partenaire pour déterminer sa valeur en tant que reproductrice […] »

Ce passage permet de comprendre qui, et ce qui, s’exprime en fait dans cet article du Monde. Car ni l’article source ni ceux qui sont cités par celui-ci à l’appui de l’hypothèse évolutionniste exposée plus haut ne font de lien avec une notion d’ « instinct de chasse ». De même, le lien avec une supposée évaluation permanente de la valeur en tant que reproductrice est une autre invention du journaliste, de surcroît exactement contraire au raisonnement exposé par les auteurs et à la théorie psycho-évolutionniste sous-jacente, à savoir que les hommes, dont l’intérêt serait de s’accoupler chaque fois que c’est possible car cela maximiserait les chances de transmettre leurs gènes, seraient beaucoup moins regardants que les femmes quant à la qualité biologique des partenaires potentiels, par conséquent prédisposés à avoir une forte pulsion sexuelle les poussant à draguer à peu près n’importe qui, ledit comportement de drague étant responsable de la consommation de ressources cognitives.

Ce que Le Monde donne ici à lire sous couvert de vulgarisation scientifique n’est en fait qu’une reformulation incohérente et opportuniste d’hypothèses issues de la psychologie évolutionniste, fondant la « différence des sexes » dans un passé mythique d’hommes-chasseurs/femmes-cueilleuses ayant forgé des différences comportementales génétiquement déterminées, permettant d’ancrer l’identité masculine dans une spécificité biologique aujourd’hui perçue comme valorisante (ça n’a pas toujours été le cas), à savoir une supposée libido débordante dont même les inconvénients putatifs sont ici, significativement, reformulés en termes de « faculté » que les hommes ont davantage que les femmes et de « capacité » propre aux mâles.

Un cas loin d’être isolé

Tout se passe comme si la psychologie évolutionniste, discipline idéologiquement suspecte du fait de ses accointances avec la sociobiologie et l’antiféminisme, avait acquis droit de cité en France via ce type de discours : fonder en nature certaines différences entre les sexes dans les comportements sexuels conforte le sens commun, est conforme aux mythes savants (dont ceux produits par la psychanalyse), rassure quant à la certitude d’un fondement biologique solide des identités sexuées, et est susceptible d’attirer l’attention d’un public peu curieux de sciences mais toujours intéressé par la sexualité, celle-ci constituant justement l’un des derniers refuges des identifications de sexe mises à mal par les évolutions sociales.

Le fait que la psychologie évolutionniste ne soit pas reconnue académiquement en France favorise en outre un malentendu qui lui donne paradoxalement un surcroît d’aura scientifique. En effet, à la différence de pays où elle existe en tant que champ de recherche, dont les membres sont identifiés comme tels et s’expriment eux-mêmes dans les médias ou via des essais lisibles par le grand public, ici ce sont souvent des experts médiatiques censés s’exprimer au nom des sciences biologiques qui endossent son discours.

Concernant les théories évolutionnistes de la tendance masculine à avoir des pulsions sexuelles envahissantes, on peut notamment citer les quatre porte-paroles suivants, par le truchement desquels sont propagées des explications issues soit de la psychologie évolutionniste elle-même, soit de l’extrapolation à l’Homme de certains travaux d’écologie comportementale à la Desmond Morris (Le singe nu) ou à la Frans de Waal (Le singe en nous), extrapolation qui en est la sœur jumelle et l’inspiratrice :
– le neurobiologiste Jean-Didier Vincent, qui s’était déjà illustré en la matière dans un documentaire aux rediffusions multiples et a récidivé récemment dans le cadre de l’affaire DSK [9],
– son ex-épouse la docteure en neurobiologie Lucy Vincent, régulièrement présentée comme « neurobiologiste », voire chercheuse au CNRS, qui depuis 2004 répand activement des théories de psychologie évolutionniste étayées par le compte-rendu ad hoc d’études piochées dans divers champs de la littérature scientifique [10],
– le docteur en neurobiologie Sébastien Bohler, autre essayiste médiatiquement consacré et journaliste scientifique vulgarisant des thèses du même type [11],
– le paléoanthropologue Pascal Picq, qui lorsqu’il s’agit d’expliquer les comportements sexuels humains n’hésite pas à dire qu’il suffit d’observer ceux des grands singes et à affirmer que dès lors qu’un comportement est commun avec les chimpanzés, c’est qu’on en a hérité [12].

Qu’est-ce que la psychologie évolutionniste ?

Dans une population évoluant dans un environnement donné, si la variabilité interindividuelle d’un trait induit une variabilité du succès reproductif et si cette variabilité est déterminée au moins en partie par une variabilité génétique>, alors toutes choses égales par ailleurs, les variantes génétiques favorisant le succès reproductif deviennent plus fréquentes au fil des générations, voire s’étendent à toute la population sous certaines conditions. La théorie synthétique de l’évolution (ou néodarwinisme) pose que ce mécanisme de sélection de variantes génétiques, dont l’existence est un fait établi, est la cause principale de l’évolution des espèces. Telle que ses fondateurs la décrivent, la psychologie évolutionniste est une « approche » de la psychologie consistant à analyser le comportement humain à la lumière de cette théorie [13] : elle ne relève pas de la biologie.

Plus précisément, son propos est d’expliquer des traits psycho-comportementaux actuels par l’existence de dispositions psychiques d’origine génétique sélectionnées au cours de l’évolution. Bien que les hypothèses de recherche des psychologues évolutionnistes varient, on peut dégager quatre principes fondamentaux auxquels tous adhèrent :
1) les comportements humains sont le produit de mécanismes psychologiques opérés par des systèmes de traitement de l’information hébergés dans le cerveau;
2) la genèse de ces systèmes cérébraux est contrôlée notamment par les gènes;
3) les variantes génétiques conduisant à la genèse de systèmes cérébraux produisant des comportements maximisant le succès reproductif ont été sélectionnées au fil de l’évolution, et sont de ce fait présentes chez une large majorité, voire la totalité, des individus actuels;
4) la sélection de ces prédispositions cérébro-psycho-comportementales d’origine génétique date de l’âge de pierre (période d’environ 2,5 millions d’années à quelques milliers d’années avant notre ère), le laps de temps nous séparant de cette époque étant trop court pour avoir vu une évolution significative de l’espèce humaine.

Une focalisation sur les différences entre les sexes dans les comportements sexuels et parentaux

La psychologie évolutionniste a vocation à s’appliquer à l’explication de n’importe quel trait psychologique ou comportemental, dès lors que tous sont susceptibles de manière plus ou moins directe d’avoir un impact sur les chances de survie d’un individu jusqu’à l’âge adulte, sur le nombre de ses rapports sexuels fertiles au cours de la vie, ou encore sur les chances de survie de ses enfants. Cependant, les comportements sexuels (critères de choix de partenaire, intensité de l’activité sexuelle, monogamie vs polygamie, coercition sexuelle, réaction à l’infidélité…) constituent avec les comportements parentaux un des objets de prédilection de la psychologie évolutionniste.

Ils conditionnent en effet très directement et aujourd’hui encore le succès reproductif d’un individu, et comme indiqué plus haut le discours psycho-évolutionniste en la matière dispose d’atouts clés pour être bien reçu par le grand public. Or s’agissant de ces comportements, il existe dans notre espèce des asymétries physiologiques induisant des conditions de succès reproductif distinctes selon le sexe : la procréation nécessite un coït vaginal entre une femme et un homme, avec nécessité pour ce dernier d’obtenir une érection et une éjaculation; la gestation incombe aux femmes; les hommes peuvent être fertiles en permanence et jusqu’à un âge avancé; seule une femme peut, via l’allaitement, assurer la survie du nouveau-né. Par conséquent, la psychologie évolutionniste suppose que des dispositions comportementales différentes ont été favorisées au cours de l’évolution des deux sexes, découlant de l’expression de gènes agissant in fine sur le fonctionnement du cerveau (notamment via les hormones « sexuelles »).

A l’appui de cette doxa, les psychologues évolutionnistes font des hypothèses sur les conditions de vie de nos ancêtres de l’âge de la pierre (plus ou moins étayées par la paléoanthropologie et l’anthropologie), élaborent des scénarios associant telle condition de succès reproductif dans ces conditions à tel trait psycho-comportemental observable tendanciellement aujourd’hui, scénarios qu’ils corroborent en puisant d’une part des modèles dans l’éthologie et l’expérimentation animale, et d’autre part des indices dans divers champs de la psychologie, la psychiatrie, la génétique comportementale et la neurobiologie portant sur l’Homme (notamment l’imagerie cérébrale).

Une approche qui fait l’objet d’une critique peu pertinente

Le rejet de la psychologie évolutionniste est le plus souvent motivé par les applications politiques potentielles ou avérées de son discours. Ce motif de rejet est à juste titre balayé par ses promoteurs qui en font même une force, cette discipline étant présentée comme suffisamment autonome du social – gage de scientificité – pour oser braver le « politiquement correct ».

Une autre critique fréquemment adressée à la psychologie évolutionniste, et également déplacée, est sa supposée adhésion à l’idéologie du « tout génétique ». En fait, des principes énoncés ci-dessus ne découle nullement un déterminisme génétique fort, selon lequel les gènes d’un individu détermineraient entièrement la structure et le fonctionnement des systèmes cérébraux sous-jacents à ses comportements, et sauf exception les psychologues évolutionnistes reconnaissent explicitement que les interactions avec l’environnement influent sur la genèse de ces systèmes.

De même, il est parfois reproché aux psychologues évolutionnistes de considérer systématiquement que toute disposition sélectionnée par l’évolution est adaptative et par conséquent « bonne » pour l’espèce, ce qui n’est pas le cas. Certaines critiques plus techniques de théories psycho-évolutionnistes particulières sont parfois élaborées, par exemple concernant la validité de telle ou telle hypothèse sur les conditions de vie de nos ancêtres, mais sont elles aussi globalement inopérantes, car le problème de fond n’est pas là.

La psychologie évolutionniste est-elle une science ?

La psychologie évolutionniste peut être considérée comme une discipline scientifique dans la mesure où les énoncés qu’elle produit sont susceptibles au moins en théorie d’être réfutés par des expériences ou des observations [14]. En pratique, il est néanmoins souvent difficile de réfuter ces scénarios, car ils peuvent aisément être raffinés de manière à être rendus compatibles avec diverses observations, d’où la facilité avec laquelle se propagent les théories psycho-évolutionnistes ne pouvant être scientifiquement contredites.

En fait, les scénarios produits par la psychologie évolutionniste, qui sont ce qu’elle produit spécifiquement, ne sont que des hypothèses : ils sont plus au moins plausibles au regard des données scientifiques disponibles, mais en tant que tels ils ne peuvent être empiriquement prouvés. C‘est là que réside l’imposture continuelle de la vulgate psycho-évolutionniste qui présente ces hypothèses comme s’il s’agissait de faits scientifiques.

L’ironie de l’histoire

Si les observations rapportées dans l’article du Monde sont un jour confirmées par des études indépendantes et sur des échantillons représentatifs, elles resteront explicables par une double injonction sociale et culturelle : injonction à la drague et à la mise en valeur de qualités intellectuelles exercée sur les hommes (intelligence, statut social, caractère, humour…), et injonction à la passivité et à la seule mise en valeur de leur corps exercée sur les femmes. Cette injonction s’exerce via de multiples canaux : les pairs, la littérature jeunesse, le cinéma, la publicité… mais aussi via la vulgarisation prétendant que la biologie contemporaine a démontré qu’il existe des différences naturelles entre les sexes dans ces critères de choix de partenaire et symétriquement dans ces stratégies de séduction. Les comportements masculin et féminin correspondants, en situation d’interaction, ne consomment probablement pas le même niveau de ressources cognitives. La transformation des hypothèses de la psychologie évolutionniste en croyances solidement ancrées dans les esprits pourrait ainsi in fine créer les conditions de la reproduction des observations qui les étayent.

Odile Fillod

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Notes

[1] Pierre BARTHELEMY, « Les femmes rendent-elles les hommes stupides ? », Le Monde, 24/12/2011, pages Sciences & Techno. Ex-directeur du service Sciences et Environnement du journal, devenu journaliste indépendant, Pierre Barthelemy tient une chronique dans le supplément hebdomadaire Sciences & Techno, ainsi qu’un blog de vulgarisation scientifique sur le site du journal.

[2] Sanne NAUTS et al., The mere anticipation of an interaction with a woman can impair men’s cognitive performance, Archives of Sexual Behavior, 01/11/2011, en ligne sur http://www.springerlink.com/content/j5797p0205w350p6/fulltext.pdf (accès libre).

[3] Sont ici violés deux principes cités dans le rapport Charon : celui de publier une information honnête, fondée sur des faits vérifiés, et celui de départager soigneusement ce qui relève de l’information factuelle, de l’analyse et de l’opinion personnelle (Jean-Marie CHARON, 1999, Réflexions et propositions sur la déontologie de l’information. Rapport à Madame la ministre de la culture et de la communication, en ligne sur http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/994001381/0000.pdf). Voir un autre exemple de dérapage de Pierre Barthelemy analysé ici : http://allodoxia.odilefillod.fr/2012/02/16/intelligence-et-genetique/.

[4] J.C. KARREMANS et al, ,2009, Interacting with women can impair men’s cognitive functioning, Journal of Experimental Social Psychology, vol.45, p.1041-1044. Dirigée par Johan C. Karremans, chercheur en psychologie sociale à l’Université Radboud (Pays-Bas), l’étude avait été suscitée par une expérience vécue par un des membres de l’équipe, incapable de se rappeler son adresse après avoir parlé avec une très jolie fille sur qui il tenait à faire bonne impression (cf p.1041). Dans leur discussion des résultats, les auteurs suggèrent qu’ils pourraient contribuer à expliquer pourquoi les garçons ont de moins bon résultats à l’école que les filles, une partie de leurs ressources cognitives pouvant être consacrées à leur désir d’impressionner les filles (cf p. 1043). Il écrivent dans le paragraphe de discussion de leurs résultats : « We should acknowledge some limitations. First, participants were in their late adolescence, which seems especially an age when mating games are played to the max. The current findings may therefore not fully generalize to other age populations. Second, it is possible that, outside of the laboratory, the cognitive impairment effect would also more generally occur for females. Whereas men’s self-presentational concerns in mixed-sex interactions may be largely independent of the context, perhaps women would engage in similar cognitively taxing self-presentation toward attractive opposite-sex others in other, more informal, environments (e.g., a bar). » (p. 1044).

[5] Cf dans [2] : « There are several lines of research suggesting that men may expend their cognitive resources on an anticipated or pseudo-interaction with a woman even if they have little to no information about her mate value. Men are likely to perceive relatively neutral situations in sexualized terms: compared to women, they have a higher sex drive (Baumeister, Catanese,& Vohs, 2001), and they are so strongly attuned to sexual opportunities that they frequently overperceive women’s sexual intent (Haselton & Buss, 2000). According to error management theory (Haselton, 2003), evolutionary pressures shaped an adaptively biased system of judgment in men that minimizes the risk of missing mating opportunities, even though this means that men frequently invest resources in women who are not actually interested in them (Haselton & Buss, 2000). In line with this, there is research suggesting that even subtle exposure to a woman can trigger men’s motivation to make a good impression, and could already instigate processes related to impression management (e.g., risk taking behavior; Ronay & Von Hippel, 2010; Van den Bergh & Dewitte, 2006; Van den Bergh, Dewitte, & Warlop, 2003;Wilson & Daly, 2004). »

[6] Cf dans [2] : « Although we suggest that men’s, but not women’s, cognitive performance diminishes after a pseudo- or anticipated interaction because evolutionary pressures shaped men to be more likely to sexualize fairly neutral situations, we cannot rule out that the sex difference is caused by male-typical socialization ».

[7] Cf dans [2] : « Research on high-maintenance interactions suggests that certain types of interactions are cognitively taxing because they require people to manage their impressions and coordinate the interaction (Finkel et al., 2006). These studies suggest that interacting with a woman can be cognitively taxing for men (Karremans et al., 2009) and that interacting with African Americans can be cognitively taxing for high prejudice whites because they have to exert effort as not to appear prejudiced (Richeson & Shelton, 2003). As the term suggests, it has so far been assumed that high maintenance interactions are cognitively taxing due to factors within the interaction. The present study is the first to show that cognitive impairment effects can occur in the absence of an actual interaction, raising the interesting possibility that merely anticipating other types of high maintenance interactions might also affect people’s cognitive performance. Thus, it might also be the case that, for high prejudiced whites, merely anticipating an interaction with an African American can already affect their cognitive resources. ».

[8] Cf les références citées dans la note [5] ci-dessus :
– Roy Baumeister, chercheur en (et docteur en) psychologie sociale, a travaillé depuis les années 1980 notamment sur les différences entre les sexes dans les comportements sexuels, dans une perspective psycho-évolutionniste. Kathleen Catanese, docteure en psychologie sociale, est son ex-étudiante. Kathleen Vohs a fait un post-doctorat dans le laboratoire de Baumeister avant de devenir professeur de marketing.
– David Buss, docteur en psychologie spécialisé dans l’explication évolutionniste des différences entre les sexes dans les comportements sexuels, est l’un des fondateurs de la psychologie évolutionniste. Martie G. Haselton, son ex-étudiante avec qui il a élaboré la théorie de l’error management qu’ils ont appliquée en suggérant en 2003 le fameux biais perceptuel de sur-sexualisation propre aux hommes, est également docteure en psychologie et spécialisée dans le même domaine.
– Richard Ronay et William von Hippel sont chercheurs en (et docteurs en) psychologie sociale.
– Bram Van den Bergh, Siegfried Dewitte et Luk Warlop sont trois chercheurs en (et docteurs en) économie appliquée et marketing, titulaires d’un master en psychologie et férus de psychologie évolutionniste.
– Margo Wilson et Martin Daly sont psychologues et font partie comme Buss des fondateurs de la psychologie évolutionniste et de ses principaux représentants. Notamment auteurs en 1978 de Sex, Evolution and Behavior, ils ont été co-rédacteurs en chefs de la revue Evolution and Human Behavior (anciennement Ethology and Sociobiology).

[9] Dans La biochimie du coup de foudre, documentaire diffusé sur La Sept-Arte plusieurs fois de 1997 à 2006, en mars 2000 dans le cadre de l’exposition « Pas si bête ! 1000 cerveaux, 1000 mondes » du Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris, en mai 2009 dans le cadre de l’exposition du Museum d’Histoire Naturelle de Nancy « homme-femme : de quel sexe êtes-vous ? », etc, Jean-Didier Vincent témoigne explicitement en tant que neurobiologiste est explique notamment : « La guenon devenant femme, elle se met debout, il se produit un étrange bouleversement dans ses apparences, qui fait que le sexe qui était apparent chez la guenon devient enfoui chez la femme et caché, du fait même de la bipédie, entre ses jambes. L’ovulation, le désir sexuel, est scellé au regard de l’autre. Et par contre, les signes d’attraction sexuelle […] se répandent sur toute la surface du corps. La femme devient tout entière un objet de désir sexuel, et un objet de désir permanent. ». Dans Ce soir où jamais (France 3) le 31/05/2011, émission dans laquelle il est régulièrement invité, au cours d’une séquence consacrée à l’affaire du viol présumé d’une femme de chambre par Dominique Strauss-Kahn, il réagit en ces termes au propos d’une invitée regrettant que les rapports de genre et la culture des sociétés modernes fassent que le désir de certains hommes pour une femme puisse venir précisément du fait qu’elle est subalterne : « [Jean-Didier Vincent :] L’homme et la femme ne sont pas les mêmes choses, purée ! C’est deux sexes, différents ! Ca a pas été créé ! Il y a 95 % des espèces animales qui sont sexuées ! […] [Anne-Elisabeth Moutet :] Ce qui m’a choquée dans ce que vous avez dit monsieur, et vraiment choquée horriblement, c’est que toute la responsabilité c’est sur l’exhibitionnisme de la femme, et tout le désir, pour vous, c’est le désir de l’homme. [Jean-Didier Vincent :] Ah mais c’est comme ça ! C’est la nature, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise. Mais qu’est-ce que vous voulez, c’est pas de ma faute si les femmes ont des fesses, et que les hommes ont des fesses plates, c’est pas de ma faute si elles ont des seins et si nous n’en avons pas ! […] [Frédéric Taddéi :] Ce que vous voulez dire, Jean-Didier Vincent, c’est qu’en fait depuis cent mille, deux cent mille générations, finalement l’homme a très peu évolué, en dépit de la culture, de la civilisation, que les femmes ont essayé de nous inculquer. [Jean-Didier Vincent :] En dépit de la culture, en dépit de tout, il reste un homme. Alors, que ce soit les femmes qui nous aient éduqués, elles ont été maladroites parce qu’elles n’y sont pas arrivées effectivement. »

[10] Son éditeur Odile Jacob, chez qui elle a publié depuis 2004 plusieurs livres sur la « neurobiologie de l’amour » qui ont eu un très gros succès commercial, la présente seulement comme « docteur en neuroscience ». Depuis les travaux liés à sa thèse obtenue sous la direction de son futur mari au début des années 1990, tous menés sur la neuroendocrinologie de la lactation chez le rat, elle a abandonné toute activité de recherche pour se consacrer à la vulgarisation scientifique d’une part, et à la communication des laboratoires pharmaceutiques Servier d’autre part (depuis 2005). Ceci ne l’empêche pas d’être régulièrement présentée à tort comme chercheuse en (neuro)biologie, par exemple dans le Hors série de Science et Avenir de juillet 2009, p.40 (« Lucy Vincent – Neurobiologiste, CNRS ») ou plus récemment sur la page web dédiée à une émission animée par Brigitte Lahaie sur RMC, à laquelle elle est régulièrement invitée (selon http://www.rmc.fr/blogs/brigittelahaie.php?post/2012/02/14/L-invit%C3%A9-du-14/02-%3A-Lucy-Vincent consulté le 24/04/2012, Lucy Vincent « est une spécialiste de la neurobiologie de l’amour » et « poursuit aujourd’hui ses recherches sur la programmation génétique des rapports humains »). Au cours de cette émission du 14/02/2012, elle est présentée à l’antenne comme « neurobiologiste », et explique d’emblée la perspective évolutionniste dans laquelle elle se place pour justifier son extrapolation à l’Homme de résultats de la recherche animale : « C’est vrai que transposer des résultats qu’on a trouvé chez l’animal à l’homme, ça choque. Je comprends que ça choque. Mais en même temps, nous sommes faits de chair, d’os, de molécules, de neurotransmetteurs, et quand on voit les mêmes neurotransmetteurs chez l’animal et chez l’homme, impliqués dans le même type de comportement, on se dit qu’il y a quelques raisonnements qui expliquent dans le cadre de notre évolution, l’évolution de l’homme, hein, pourquoi on est devenus ce qu’on est, c’est un processus d’évolution, c’est biologique, c’est la sélection naturelle, donc quand on voit une façon d’expliquer notre comportement amoureux dans le cadre de cette évolution, je trouve que c’est pour le moins intéressant. ». Sur le sujet plus spécifiquement traité dans le présent article, on peut lire par exemple dans L’amour de A à XY (2010, Odile Jacob), p.133, l’exposé de la théorie selon laquelle le désir sexuel est naturellement bridé chez les femmes du fait de la pression évolutive induite par le coût des grossesses et de l’allaitement : « Les observation physiologiques corroborent donc l’existence d’un décalage entre le désir sexuel qu’une femme peut éprouver et l’angoisse des conséquences qu’elle peut redouter, ce qui est compatible avec la théorie évolutionniste que j’ai présentée ci-dessus. Suivant cette théorie, le désir sexuel féminin se situe en pleine zone de conflit. Pour commencer, il faut concilier le plaisir d’aujourd’hui avec le prix à payer pendant les dix-huit mois à venir. ».

[11] Tout de suite après avoir soutenu sa thèse en neurobiologie moléculaire dirigée par Jean-Pierre Changeux (en 2001, sur les récepteurs neuronaux impliqués dans la dépendance à la nicotine), Sébastien Bohler est devenu un professionnel de la vulgarisation scientifique. Il fait notamment office de rédacteur en chef du magazine Cerveau & Psycho, haut lieu de vulgarisation de théories psycho-évolutionnistes et plus ou moins fantaisistes notamment sur les différences entre hommes et femmes depuis sa création en 2003. Il est également chroniqueur pour Arrêt sur images (sur France 5 de 2004 à 2007, aujourd’hui sur le net), pour La tête au carré sur France Inter, et depuis 2012 pour 28 minutes sur Arte. Il est positionné comme expert en neurobiologie du sexe et de l’amour depuis la publication de La chimie de nos émotions aux éditions Aubanel en 2007, cité comme source de référence dans le magazine Sciences Humaines (en 2010 dans son dossier consacré aux secrets de la séduction), relayé à sa sortie via des invitations sur les plateaux d’Allô, docteur (France 5), de La tête au carré (France Inter), etc. Dans la suite intitulée Sexe & cerveau qu’il a publiée en 2009 chez le même éditeur, on peut par exemple lire, sur le sujet évoqué ici, une théorie évolutionniste originale brodant sur le thème des femmes biologiquement disposées à ne pas être attirées sexuellement par n’importe quel homme : « La crise du sperme : Les primates stagnaient dans ce monde de promiscuité livré à la compétition du sperme, cherchant à innover par des pénis plus longs et mieux profilés, mais cela restait insuffisant pour inventer l’intelligence, le langage et la beauté. […] Souvenons-nous des temps anciens et de ces guenons dont le sexe était un livre ouvert ; de ces organes génitaux qui gonflaient et rougissaient au moment de l’ovulation, indiquant aux mâles que c’était le temps de se jeter à l’assaut de la femelle, les uns après les autres. […] Mais souvenons-nous que la femme, depuis la crise du sperme, prend garde à bien choisir son conjoint. Dans ce nouveau contexte, elle orientera son choix vers le plus intelligent. C’est un changement radical par rapport aux âges de la compétition du sperme : en ce temps-là, la femelle était dans l’impossibilité de choisir un mâle pour l’une de ses qualités. Elle se contentait de recueillir le sperme de plusieurs mâles, et d’attendre que le sperme le plus abondant la fertilise. Mais la nouvelle Eve, en repoussant les avances d’une majorité de mâles, jette son dévolu sur celui qui lui semble doué des meilleures capacités (intelligence, beauté). On peut véritablement parler de sélection sexuelle de l’intelligence, une innovation inestimable au regard de l’évolution, qui va permettre l’explosion des capacités cognitives de l’être humain. » (p. 14 et p. 26-27).

[12] Dans Info sciences (France Info), invité le 31/08/2009 pour parler du livre Le sexe, l’homme et l’évolution qu’il vient de publier aux éditions Odile Jacob avec le sexologue Philippe Brenot, il explique, répondant à l’animatrice lui demandant ce qu’on sait de la sexualité des premiers Homo : « La méthode est simple : il suffit de comparer notre sexualité […] avec ce qu’on en connaît des autres espèces les plus proches de nous, […] les chimpanzés et les bonobos. Nous vivons dans des groupes multi-mâles multi-femelles, dans lesquels les mâles restent ensemble toute leur vie. Et à l’adolescence, ce sont les femelles qui migrent. Et ça, c’est exceptionnel, parce que chez tous les singes et les autres mammifères, c’est en général les femelles qui restent ensemble et les mâles qui migrent à l’adolescence. Donc on a hérité ça en commun : puisque c’est commun avec les chimpanzés et nous, on l’a hérité. Et à partir de là, comment va s’établir notre sexualité ? […] Depuis 6, 7 millions d’années on a divergé [avec l’apparition de la bipédie] […] Du côté des femmes, la bipédie permanente, et en plus quelque chose dont on fait très peu le commentaire, c’est notre pilosité : […] la pilosité pubienne qui dissimule le sexe des femmes. Donc on n’a jamais d’information, les femmes elles-mêmes d’ailleurs, du moment de la fécondité […]. Il y a une dissimulation de cette ovulation chez nous […], mais par ailleurs un ensemble du corps qui s’est complètement érotisé […], et donc ce corps de la femme qui a cette forme en violoncelle, et puis une réceptivité sexuelle permanente, c’est la triade féminine, […] ».

[13] Cf Leda Cosmides & John Tooby, “Evolutionary Psychology: A Primer”, en ligne sur http://www.psych.ucsb.edu/research/cep/primer.html.

[14] Par exemple, une étude de paléoanthropologie peut révéler que le premier pilier du scénario ne tient pas. Autre cas possible d’invalidation d’un scénario : si on démontre qu’une différence entre deux groupes humains dans un trait psycho-comportemental, supposée conséquente aux pressions évolutives différentes subies par ces groupes, est totalement indépendante des différences génétiques entre ces groupes. Autre exemple encore : une simulation informatique de l’évolution d’une population d’individus virtuels peut montrer que combiné à certains facteurs non pris en compte dans le scénario, le trait en question n’optimise pas le succès reproductif et tend en fait à disparaître.

42 réflexions sur « Les faux nez biologistes de la psychologie évolutionniste »

    1. Vous accusez votre adversaire d’etre baignés d’idéologie, en sous-entendant que votre argumentaire est neutre et oblectif Ce n’est pas le cas, vous etes une femme, vous étes impliqués émotionellement et cela fausse totalement votre pretendue “objectivité” (rappelez vous du proverbe, on ne peut pas etre juge et partie) Votre haine de la masculinité vous aveugle La théorie du genre n’est si populaire parmi les intellectuels que parce qu’elle est politiquement correcte Les hommes violents et ultra-machos seraient presque des victimes (de la méchante société qui les rends si méchants eux si bons si innocents a la naissance) Il est bien sur absurde de dire que l’éducation et la pression sociale n’ont aucune influence sur notre vie sexuelle et sociale Mais il est tout aussi aberrant d’affirmer que la biologie n’influence en rien nos comportement, que tout serait de la faute d’un ordre patriarcal totalitaire et implaquable Votre raisonnement est totalement illogique et anti-scientifique, bien que vous pretendez le contraire La théorie du genre a été inventé par des psychologues, des philosophes, des sociologues En bref des gens dont les connaissance en sciences “dures” notamment biologiques sont nulles voire quasi nulle La plupart des philosophes de l’antiquité ou meme du 19 ème siècle ne rejettaient pas les sciences dures comme aujourd’hui La différence entre sciences dures et sciences humaines n’existait pas De cette différenciation est née nombre de malentendus (les deux catégories de scientifique soit se haissent soit s’ignorent royalement) Ce qui permet aux sciences humaines d’ignorer completement les vraies sciences tandis que les chercheurs en sciences dures vivent souvent dans un monde clos, a l’écart des grands débats politco-philophique de notre temps. Vous semblez ignorer que sans séléction naturelle, sans différences sexuelles et biologique permettant la survie de l’espèce, l’humanité n’aurait pas pu survivre aux différentes maladies, catastrophes naturelles et autre guerres,conflits et crises qui ont émaillé notre histoire Pour la survie de l’espèce l’homme se devait d’etre fort tandis que la femme veillait a proteger sa progeniture . Cela est vrai pour la quasi totalité des espèces animales, on ne voit pas pas quel miracle l’homme serait une espèce a part (pour rappel les souris partagent 90 % de nos genes 99 % avec les grands singes) La libération des femmes n’est en rien la conséquences des luttes fémininstes ou d’une queleconque “dévirilisation masculine”mais plutot d’une adaptation a notre environnement Jusqu’a recemment, survivre nécessitait force physique et force morale importante (se battre pour proteger son territoire, les métiers d’autrefois étant beaucoup plus physique que ceux d’aujourd’hui) Le passage progressif a la tertiarisation et la pacification progressive du monde civilisé font que les qualités “masculines” sont beaucoup moins indispensable a notre survie d’autrefois On ne peut que s’en réjouir (certaines femmes peuvent devenir pompier, pilote de ligne ou neurochirurgienne, certains hommes ont parfaitement le droit d’etre infirmier, s’occuper de bébés ou de jeunes enfants sans que cela ne choque personne ou presque ) Parler de l’importance de la biolgie dans nos comportement ne signifie AUCUNEMENT le fait de dire que l’on ne peut pas lutter contre elle ou pire de dire qu’écouter nos pulsions ne peut etre que benefique Ce n’est pas parce que je dis que les hommes ont plus envie de sexe que les femme que c’est pour cela que je justifie le viol la drague balourde a la DSK (je sais pas si ce pauvre type est reelement un violeur ou juste un dragueur ultra-vulgaire aux mains baladeuse et a vrai dire je m’en cogne) La condition humaine, c’est la lutte contre la pulsion animale aussi puissante et présente soit elle Des disciplines diverses comme l’art, les sciences la philosophie la littérature et la religion n’ont été créer que pour tenter de nous echapper de notre animalité

      1. Cher andyz,
        Ce que vous faites est un mélange d’attaques ad hominem, de rhétorique de l’épouvantail (ou de l’homme de paille) et d’incantations qui ne relève pas d’une discussion argumentée, mais je vais quand même vous donner quelques éléments de réponse.
        – Non seulement je ne prétends pas être “neutre” mais j’ai au contraire affirmé le caractère situé de mon point de vue : voir au début de http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2012/12/22/arret-sur-mirages/
        – Je n’ai aucune “haine de la masculinité” (on ne me l’avait pas encore faite, celle-là !)
        – Il serait en effet “aberrant d’affirmer que la biologie n’influence en rien nos comportement”, et d’ailleurs j’ai affirmé le contraire : voir par exemple http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2012/05/30/debat-inne-acquis/
        – Je ne pense pas non plus que tout est “de la faute d’un ordre patriarcal totalitaire et implaquable”.
        – La “théorie du genre” n’a pas été inventée par “des psychologues, des philosophes, des sociologues” mais par le Vatican, en bref comme vous le dites par “des gens dont les connaissance en sciences « dures » notamment biologiques sont nulles voire quasi nulle” : voir http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2013/04/30/mariage-genre-vatican-science/.
        – Si vous pensez que je rejette les sciences “dures” ou ne les connais pas, jetez donc un oeil à la page “à propos” du blog.
        – Tout ce qui suit votre “Vous semblez ignorer que” n’est que le développement bien maladroit et bien mal argumenté de vos croyances, fondées je le crains sur une profonde ignorance qui s’ignore (la pire de toutes).

      2. “vous etes une femme, vous étes impliqués émotionellement et cela fausse totalement votre pretendue « objectivité »”.
        Argument complètement pitoyable. Je vais faire la même chose, tiensi : Vous êtes un homme, vous êtes impliqué émotionnellement et cela fausse totalement votre jugement car touché en plein coeur.
        Et tac.
        Pour info, puisque c’est une femme comme vous dites, il y a un “e” et pas de “s” à “impliquée” …
        Je ne lirais pas la suite car j’imagine à la hauteur de cet argument pathétique.

  1. Bonjour,

    Merci pour cet article.
    Cependant je ne comprends pas très bien ce passage :
    “Le rejet de la psychologie évolutionniste est le plus souvent motivé par les applications politiques potentielles ou avérées de son discours. Ce motif de rejet est à juste titre balayé par ses promoteurs qui en font même une force, cette discipline étant présentée comme suffisamment autonome du social – gage de scientificité – pour oser braver le « politiquement correct ».”

    Il me semble pourtant que la psychologie évolutionniste est très souvent évoquée dans certains discours pour justifier les inégalités femme-hommes (“nous sommes différents, chacun sa place”), voire le racisme.

    Par exemple Yves Christen (membre de la nouvelle droite) a écrit dans Le Figaro Magazine :
    La biologie a prouvé que les hommes sont naturellement inégaux.
    Hommes et femmes diffèrent aussi par leur cerveau.
    Confirmation, l’intelligence est héréditaire.
    Simone de Beauvoir avait tort, la féminité est innée.

    Et J-M lepen a dit quelque chose qui ressemble beaucoup à la théorie de la parentèle pour dire :
    ” J’aime mieux mes filles que mes cousines, mes cousines que mes voisines, mes voisines que les inconnus et les inconnus que mes ennemis. Par conséquent, j’aime mieux les Français, c’est mon droit, j’aime mieux les Européens ensuite, et puis ensuite j’aime mieux les Occidentaux, et puis j’aime mieux dans les autres pays du monde ceux qui sont alliés et ceux qui aiment la France.”

    Moi qui lutte contre le sexisme, j’entends tous les jours des justifications au système qui piochent dans cette discipline.

    1. En effet, la psychologie évolutionniste est très souvent invoquée pour justifier des idéologies sexistes et racistes (Yves Christen, Eric Zemmour, etc). Mon point était ici que ça n’est pas un argument pertinent pour la rejeter, et que quand c’est seulement à ce titre qu’on la rejette, on la renforce au contraire. Il faut critiquer la doxa qu’elle produit en mettant en évidence l’absence de preuves scientifiques des hypothèses qu’elle avance, et non pas seulement s’en offusquer au nom de ses conséquences et seulement lorsqu’elles paraissent scandaleuses (ex : quand Peggy Sastre relaie la théorie selon laquelle il existe une tendance naturelle des hommes au viol qui a été sélectionnée par l’évolution).

  2. Bonjour,

    Est-il possible d’avoir cet article en .doc?
    Il est très utile pour contrer à des arguments antiféministes et mysogines récurrents.

    Merci

  3. Je suis bien d’accord avec l’intérêt épistémologique qu’il y a à étudier les relations entre telle ou telle discipline scientifique, et les usages qui en sont fait dans la société au travers de la vulgarisation.
    De même quand vous posez la question “La psychologie évolutionniste est-elle une science ?” , je suis d’accord avec l’intérêt critique de la question .

    Sauf que pratiquement le même genre d’ objections que vous faites au sujet de la “psychologie évolutionniste” et de ses hypothèses et modélisations nécessairement partielles par rapport à la complexité du réel ( elle aussi supposée … et représentée ), pourraient être faites à toutes les approches “psychologiques” et plus largement à toutes les “sciences humaines”.

    Et bien évidemment aux modèles sociologiques ou culturalistes que vous pouvez vous-mêmes éventuellement utiliser.

    Je fais donc l’ hypothèse ( … ) qu’il y a autant d’interférences idéologiques potentielles dans les propositions supposées “objectives” de la sociologie féministe genre “women studies” qu’il y en a en effet dans les formes de “psychologie” dont vous faites la critique.

    Car bien sûr, personne ne peut arriver à démêler, dans un écheveau aussi complexe d’interactions de tous niveaux, en particulier à cause des boucles rétroactives multiples qui apparaissent, évoluent et disparaissent un peu partout , comment telle ou telle dynamique des formes et des processus en présence, finit par se mettre en place au détriment d’autres …

    Tout essai de “modélisation”, comme simplification inévitable, est donc susceptible d’être “accusé” de représenter un courant idéologique, et comme toujours dans ce cas, il est plus facile de “voir la paille dans l’ oeil de l’ adversaire que la poutre dans le sien” …
    Mais, être conscient de l’ activité consciente ou insconsciente permanente de biais idéologiques dans toute modélisation scientifique, ne doit pas non plus nous empêcher de percevoir l’ intérêt de la part “scientifique objective” éventuellement présente dans un nouveau paradigme … si nous arrivons en commun à nous mettre d’accord sur un tel critère généralisable de “scientificité”, ce qui malgré le travail de Popper , n’est pas gagné …

    Car rien ne vous empêche de dire que l’idéal de “scientificité” est lui-même idéologique, et pourquoi pas, j’ironise à peine, qu’il est une des marques du “pouvoir symbolique masculin” dans notre culture occidentale ?

    La question devrait alors plutôt franchement se placer sur ce terrain proprement idéologique, éthique, politique, etc. ( encore une proposition de domination symbolique masculine ? )

    Et donc non plus de chercher ce qui “expliquerait” notre situation actuelle en prétendant tirer de là des “leçons” pour notre action, mais bien en nous demandant CE QUE NOUS VOULONS FAIRE ENSEMBLE DANS L’AVENIR, qui que nous soyons et de quelque “genre” nous soyons aujourd’hui, parce que nous déciderions et voudrions être des “personnes souveraines, libres et égales”, de plus en plus , malgré tous les “déterminants” antérieurs , biologiques, culturels ou sociaux, qui pèsent sur nos “identités” actuelles respectives.

    1. Je suis bien d’accord : il y a autant d’ “interférences idéologiques potentielles” dans la sociologie féministe et plus largement dans les sciences humaines, pour reprendre vos termes. Et alors ? Si vous m’aviez mieux lue, vous verriez que je ne critique pas la psychologie évolutionniste en raison desdites interférences (j’écris même que cette critique n’est pas pertinente). Lisez aussi mon post sur la bosse des maths, et vous verrez que je mets en évidence à l’occasion aussi bien la paille que la poutre.

      Ce que j’analyse, c’est ce que vous appelez la part “scientifique objective” présente dans la doxa que je critique. Pour ce faire, je n’ai nul besoin d’un modèle sociologique ou culturaliste : j’examine simplement avec rigueur les contenus des articles scientifiques qui l’étayent, et le cas échéant je mets en évidence l’écart existant entre ce qu’ils disent et ce qu’on leur fait dire.

      Vous semblez penser qu’on ne pourra jamais démêler les parts respectives de la nature et de la culture, et qu’il faut donc dépasser ce qui semble être une aporie. Je ne partage pas du tout ce point de vue, malheureusement assez répandu, et ce pour deux raisons :

      – si démêler cet écheveau dont vous parlez est impossible au niveau d’un individu, il est en revanche tout à fait possible de déterminer s’il existe des causes “naturelles” aux différences neuro-psycho-comportementales entre les groupes de sexe (la recherche qui s’y attèle depuis des décennies se montre d’ailleurs assez productive par son échec réitéré à mettre au jour de telles causes);

      – quel que soit l’objectif fixé pour l’avenir, l’identification des causes de ces différences, et donc en particulier de leur éventuelle part naturelle, est un préalable à tout choix politique éclairé.

  4. Ne serait-ce pas que psychologisme et pas du tout de psychologie ? C’est pratique de mettre les habits de fête scientifiques d’un “isme” sexuel mais lorsqu’ils sont mal taillés, on voit vite les coutures qui baillent (et moi avec) de cette tentative d’habiller le sens commun de vertus.

  5. Bonjour,

    je reprends la citation de Pascal Picq

    “Nous vivons dans des groupes multi-mâles multi-femelles, dans lesquels les mâles restent ensemble toute leur vie. Et à l’adolescence, ce sont les femelles qui migrent. Et ça,

    **c’est exceptionnel, parce que chez tous les singes et les autres mammifères, c’est en général les femelles qui restent ensemble et les mâles qui migrent à l’adolescence. **”

    Même avec la précaution “en général” ça ne passe pas. Un tour vite fait : troupe souche (suricate, loups, hyène, lycaon, …), monogamie (dik-dik, gibbon, coyote, renard …), mixte couple / troupe (chacal), individus (rhinocéros, ours, élan, fauves, …), femelle qui changent de troupe (chimpanzé, hamadryas, …), troupe + harem hiérarchique (babouin, …), harem familial (gorille), etc.

  6. [désolé c’est très long, vos articles m’inspirent]

    Merci beaucoup pour ce blog qui aide bien à penser.

    Il y a je crois un problème fondamental dans presque toutes les études de sciences humaines ou sociales, c’est que :
    * l’objet de l’étude est sensé être “l’humain” (quoi ?)
    * les sujets d’expériences sont le plus souvent uniquement des humains “civilisés” modernes occidentaux (typiquement, des étudiants !)
    * comparer n’aide pas autant qu’on pourrait le croire (voir plus bas)

    Ca introduit un énorme biais, et même double :
    * Nos collectivités sont des systèmes de pouvoir, alors qu’il semble que ça n’ait rien d’héréditaire : les sociétés (proprement dit) primitives (les mal-nommés “chasseurs-cueilleurs”) ne sont pas des systèmes de pouvoir ; ils ne dressent même pas leur gosses.
    * Les sujets d’étude sont non seulement dressés, mais précisément à un type particulier de système idéologique extrêmement puissant, le nôtre.

    Du coup, il se forme une sorte de boucle de rétroaction du type de celle que vous évoquez (“La transformation des hypothèses de la psychologie évolutionniste en croyances solidement ancrées dans les esprits pourrait ainsi in fine créer les conditions de la reproduction des observations qui les étayent.”) ; qui fait qu’un chercheur qui cherche à justifier par une pseudo-science quelconque les dogmes de notre civilisation a pratiquement partie gagnée d’avance. Mais là, ce n’est pas l’effet rétroactif de la science sur la collectivité (je ne la nomme pas “société”) qui est en jeu, mais celui de la société sur elle-même, via “l’éducation” au sens le plus large (familiale, école, médias, milieux…)
    Pour caricaturer, si l’on dresse les gens à penser que les femmes sont là pour satisfaire les désirs des hommes, n’importe quel chercheur va trouver précisément ça en faisant une étude ; du moins en tendance, plus ou moins forte suivant l’efficacité du dressage. (C’est aussi le biais fondamental de disciplines comme la psychanalyse, et la plupart des psych*.)

    Et des études inter-culturelles aident peu. On peut au mieux s’en servir pour invalider des prétensions à l’universalité. Mais on ne peut pas en déduire de caractéristiques propres à l’humain, “naturelles”, “héréditaires”, “essentielles” (d’autant moins que la notion même d’espèce est un mythe).
    On peut comparer aux recherches sur les universaux du langage (semantiques, syntaxiques ou autres). On peut pas déduire ça de la linguistique comparée : si aujourd’hui ou demain tous les humains parlent un dialecte chinois, alors tous les traits propres audits dialiectes seront “universels” ! Ca veut dire quoi, “universel”, là ?

    Le résultat, ce que vous critiquez ici et aussi sur d’autres articles, mais vous le savez pê mieux que moi, est souvent nommé en anglais “just-so stories” (je traduis par “p’tites histoires juste comme ça”). Voir wikipédia (anglophone). Des spéculations, des conjectures, pas fondées sur les phénomènes (absence totale d’enpirisme) ; ‘ailleurs on connaît pas lesdits phénomènes, c’est ça le problème, et ce qui permet toutes les affabulations. [1]

    Néanmoins, les sociétés primitives ont l’énorme avantage d’être des sociétés, de n’être pas des systèmes de pouvoir (mais elles ont des traits coutûmiers qui les protègent contre la naissance de pouvoirs, indice qu’elles savent sans doute ce que c’est). Ce qui veut dire que leurs caractéristiques sont très certainement beaucoup plus proches de non pas la nature humaine, mais d’une culture “connaturelle”, qui joue avec la nature (des choses, de ses membres), au lieu de lutter contre elle. Mais de là à prétendre, comme n’hésitent pas à le faire certains chercheurs (anthropo, ethno) qu’il vivent comme les humains l’ont fait depuis l’origine (quoi ?)… je crois au contraire que, au minimum, ils ont changé significativement en se confrontant à des systèmes de pouvoir, issus de leur sein ou externes (dont les colonialistes occidentaux).

    Il faut donc trouver des moyens de reconstituer les caractères *courants*, *typiques*, tendanciels*, deS natureS deS humainS (chacun la sienne) par d’autres voies. Une théorie ; une vraie.

    Denis

    [Je précise, ce qui va pê vous heurter, que pour moi ladite “théorie de l’évolution” est une grosse just-so story. Ce qui est très con car depuis on connaît au moins certains des phénomèmes en jeu, des moteurs effectifs de la transformation de la vie : transfert de (sections de) génome, symbiose et endosymbiose, hybridation… bref on pourrait enfin commencer à étudier la “biohistoire” avec une théorie pas fumeuse en bout de mire. Pour la vie est une succession de quasi-stases entrecoupée de crises qui se stabilisent en nouvelles stases, etc. Et chaque crise naît de la synergie entre différents organismes ou populations.]

  7. Bonjour,

    Personnellement, mon impression est que la psychologie évolutionniste part d’un postulat de base qui n’est pas très solide.
    Je m’explique: l’idée est que les hommes et les femmes sont sélectionnés sur des critères différents et donc transmettent des caractères différents. Certes, mais les mécanismes de la reproduction sexuée étant ce qu’ils sont, les gènes des 2 parents vont être transmis à leur descendance filles et garçons de façon indifférenciée. Du coup, l’homme fort et courageux pourra parfaitement transmettre sa force et son courage à ses filles, et la femme douce et attentionnée pourra transmettre sa douceur à ses fils. A moins bien sûr de considérer que les caractéristiques spécifiques hommes/femmes soient toutes localisées sur les 2 chromosomes sexuels. Mais alors on se retrouve avec quelques problèmes:
    1) il n’existe aucune caractéristique cognitive ou comportementale que les hommes aient et les femmes pas du tout, ce qui élimine la possibilité de gènes associés uniquement portés par le chromosome Y.
    2) On pourrait imaginer des gènes récessifs qui comme le daltonisme sont portés par le chromosome X et qui ont donc une probabilité de s’exprimer chez les femmes égale au carré de la probabilité de s’exprimer chez les hommes (à peu près). Mais encore une fois, je ne vois pas de caractéristique cognitive ou comportementale chez les hommes et les femmes qui présenteraient de telles différences de distribution.
    Mes connaissances en génétique et en biologie se sont arrêtées au niveau Terminale alors j’ai de bonnes chances de me tromper, mais il me semble que des vrais scientifiques chercheraient à identifier des mécanismes de transmission des différences hommes/femmes avant de clamer partout que ces différences sont indéniablement innées.

    1. C’est bien l’idée que ce sont les gènes portés par les chromosomes sexuels qui sont à l’origine de différences psychiques entre les sexes qui est sous-jacente aux théories psycho-évolutionnistes du genre. Un certain nombre de chercheurs tentent d’identifier les mécanismes biologiques correspondants, et plusieurs pistes sont explorées qui en théorie ne sont pas absurdes.

      Votre point (1) ne tient pas car on peut très bien imaginer (c’est la plus ancienne piste explorée) que le gène SRY porté par le chromosome Y soit responsable de différences qui ne s’expriment pas sur un mode “tout ou rien” : puisqu’il est à la base du sexe gonadique (en gros, c’est sa présence qui fait que les gonades indifférenciées deviennent des testicules et son absence qui fait qu’elles deviennent des ovaires), c’est ensuite par le truchement des hormones que se ferait son action sur le cerveau. Exemple : les hommes auraient en moyenne naturellement plus de libido que les femmes parce qu’ils produisent plus de testostérone.

      Votre point (2) ne tient pas non plus car on peut de même très bien imaginer (c’est l’une des pistes explorées actuellement) que la différence de dosage des gènes portés par le chromosome X produise, en intéraction avec le reste du génome, un continuum d’effets qui ne s’exprimeraient pas non plus sur un mode “tout ou rien” : avoir deux chromosomes X au lieu d’un pourrait avoir des conséquences en théorie car l’inactivation d’un des deux peut être incomplète.

      Reste que si un certain nombre de pistes de recherche a priori pas absurdes sont explorées depuis des décennies pour certaines, aucune n’a abouti à ce jour, et la plus ancienne (qui attribue un rôle déterminant à la testostérone) a accumulé tant d’échecs et de contradictions qu’il devient peu probable qu’elle soit pertinente.
      Vous avez donc raison de souligner que rien ne permet de clamer que les différences sont indéniablement innées, ni a fortiori qu’elles ont été sélectionnées au cours de l’évolution pour leur valeur adaptative.

    1. Vos accusations me semblent très peu compatibles avec ce passage d’un autre de mes billets (http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2012/06/20/genre-evolution-testosterone/) :
      “Mais s’il faut être plus explicite pour ne pas s’exposer aux procès d’intentions, alors disons-le clairement : je pense qu’il n’y a aucun doute possible sur le fait que l’être humain a été, et reste soumis, à ce mécanisme fondamental de l’évolution des espèces. Je pense aussi que les trois hypothèses suivantes, qui sont suffisantes pour élaborer des théories psycho-évolutionnistes, sont raisonnablement fondées et font consensus dans la communauté scientifique :
      1. nos comportements sont notamment le produit de mécanismes opérés par notre cerveau;
      2. son développement et son fonctionnement sont notamment sous contrôle génétique;
      3. certaines variantes génétiques permettant ou favorisant la production de comportements maximisant le succès reproductif ont de ce fait été sélectionnées au cours de l’évolution.”

      1. Madame Fillod je vous remercie pour ces précisions et c’est bien volontiers que je reconnait ici mon erreur d’appréciation vous concernant et je que vous présente mes excuses.

      2. Merci pour cet article.

        Je me permets de le résumer ainsi : vous contestez l’idée selon laquelle les théories psycho-évolutionnistes seraient validées par une science dure, en l’occurrence la biologie.
        Est-ce là votre thèse ?

        En lisant le commentaire auquel je réponds, j’ai constaté que vous acceptiez cependant les hypothèses de départ suffisantes à l’élaboration de théories psyevo comme étant des hypothèses faisant consensus parmi les scientifiques.

        Si je comprends bien, vous considérez les postulats psyevo comme scientifiquement valides, mais lorsque des théories psyevo sont développées pour expliquer que des comportements particuliers et bien précis ( en l’occurrence la différence de “drague” entre hommes et femmes ) sont des comportements résultant d’une sélection adaptative et qu’ils sont innés , vous estimez que ces discours ne sont pas soutenues par un raisonnement valide scientifiquement.
        Est-ce là votre pensée ?

        Dans d’autres commentaires sur ce fil, certains comparent les théories evopsy aux théories du genre. Vous accusant, en quelque sorte, de pratiquer le deux poids deux mesures, d’être conciliante avec les théories du genre , et particulièrement hypercritique envers les théories psyevo. Vous répondez que non. Vous répondez que vous êtes autant critique envers les théories du genre dont vous contestez de même le caractère scientifique.

        Mais vu que vous soutenez que les théories evopsy ont des postulats valides. Et vu que ces postulats entrent en contradiction avec celui des théories du genre ( postulat consistant à dire que le genre est une construction sociale, totalement acquise ).
        La conséquence logique serait de dire : bien que les théories evopsy n’ait pas encore réussi à démontrer par l’expérience l’existence de comportements sexués innés et adaptatifs, elles ont tout de même des postulats de base supérieurs ( plus raisonnables ) à celui de la théorie du genre.
        Est-ce là votre position ?

        Si tel est votre position que pensez-vous de l’enseignement de disciplines reposant sur le postulat de la théorie du genre à l’Université ( Paris 8 il me semble et peut être d’autres ) ? Ces disciplines ont-elles une place légitime à l’Université si l’on considère leur postulat de départ comme déraisonnable ?

        Bien à vous,

        1. Je ne souscris pas à votre résumé lapidaire. Pour répondre à votre question, ça n’est pas là ma thèse.

          Je considère que certains postulats suffisants pour élaborer des théories evopsy (ceux que j’ai mentionnés) sont scientifiquement valides. Ca ne signifie pas que je considère que tous les postulats de tous les théoriciens evopsy le sont (typiquement, ils formulent des postulats relatifs à l’existence de tel ou tel module cérébral génétiquement programmé pour réaliser tel traitement qui sont peu plausibles).

          De plus, ça n’est pas parce que des postulats sont scientifiquement valides qu’on peut affirmer que n’importe quelle théorie tirée de ces postulats l’est aussi. Lorsque qu’une théorie évopsy est développée pour expliquer tel comportement ou telle différence comportementale bien précise, je ne me mets pas soudain à “estimer que ces discours ne sont pas soutenus par un raisonnement valide scientifiquement” ; je me pose simplement la question de savoir si cette théorie est étayée par des éléments de preuve suffisants pour y adhérer. Il se trouve qu’aucune théorie évopsy élaborée pour expliquer des différences psychologiques, cognitives ou comportementales entre hommes et femmes n’est étayée par de tels éléments. Il s’agit à chaque fois de théories reposant sur des séries d’ hypothèses (en plus des postulats généraux de l’evopsy) plus ou moins plausibles, susceptibles d’expliquer des phénomènes qu’on peut très bien expliquer autrement, en se passant desdites hypothèses, en particulier sans avoir besoin de postuler l’existence d’une influence biologique non mise en évidence (en faisant simplement appel à des influences sociales qui sont quant à elles connues, et dont l’existence est acceptée y compris par les psychologues évolutionnistes les plus radicaux). Pour faire une comparaison, je considère que les postulats de la théorie de l’évolution sont scientifiquement valides, mais ça ne m’empêcherait pas de mettre en doute une théorie respectant ces postulats et expliquant que le cochon descend de l’être humain.

          Je ne conteste pas le caractère scientifique de toute théorie prétendant expliquer telle ou telle différence psychologique et comportementale entre hommes et femmes par le système de construction sociale du genre, bien au contraire. Comme pour les théories evopsy, certaines théories sont plus ou moins bien étayées, mais elles ont en général des postulats de base plus raisonnables que les théories evopsy car encore une fois, elles se basent sur des phénomènes dont l’existence est avérée (ex : dès leur naissance, les enfants sont traités différemment par les adultes selon leur sexe) alors que les théories evopsy ont toujours recours à des phénomènes dont l’existence ne l’est pas (ex : le fait de produire plus de testostérone induirait, du fait de l’action de celle-ci sur le cerveau, une différence comportementale entre hommes et femmes).

          L’enseignement des données de la recherche concernant les déterminants sociaux des différences psychologiques, comportementales, sociales entre hommes et femmes a évidemment toute sa place à l’université.

  8. (Préambule nécessaire 1 : mon langage parfois maniéré n’est pas ironique, et je parle ainsi à tout le monde, les exceptions sont rares )

    (Préambule pas vraiment nécessaire 2 : je réponds bien ici à votre dernier commentaire, je ne voulais voir mon texte écrasé par la mise en page )

    (Préambule vraiment pas nécessaire 3 : je ne sais pas mettre en italique ou souligner, je mets ici en majuscule pour mettre en valeur un mot, nul besoin de m’imaginer en train de vous hurler dessus lorsque vous le lisez )

    Chère Mme Fillod,

    Je tiens d’abord à vous remercier pour votre réponse qui fut prompte et fort intéressante. Mais comme toute réponse intéressante, elle suscite plus de nouvelles questions qu’elle apporte de réponses aux anciennes. J’essaie constamment de satisfaire ma curiosité et je vais donc, hélas pour vous qui risquez de perdre votre temps avec un modeste internaute, continuer à réclamer de votre part des éclaircissements.

    Tout d’abord sur mon résumé lapidaire. Lapidaire et lacunaire il l’était. Je ne crois pas cependant avoir été si loin du but puisqu’il s’agit, me semble-t-il , dans votre article, de contester l’idée selon laquelle une théorie psyevo ( celle décrite dans l’article ) est soutenue par la biologie. Mais la chose a peu d’importance finalement, compte tenu du reste de votre commentaire qui suscite grandement mon intérêt sur d’autres points.

    Je vous cite :
    “Je considère que certains postulats suffisants pour élaborer des théories evopsy (ceux que j’ai mentionnés) sont scientifiquement valides.”

    Auriez-vous l’amabilité de fournir soit l’argumentation qui permet de le démontrer, soit un lien vers une argumentation qui permet de démontrer la validité scientifique des postulats psyevo que vous avez mentionnés ?

    Je vous cite :
    “Ca ne signifie pas que je considère que tous les postulats de tous les théoriciens evopsy le sont”
    Très bien. Je ne crois pas avoir soutenu que c’était le cas cependant. En relisant mon commentaire j’aurais peut-être dû préciser que je parlais bien des postulats SUFFISANTS à l’élaboration des théories evopsy. Au temps pour moi.

    Je vous cite :
    “typiquement, ils formulent des postulats relatifs à l’existence de tel ou tel module cérébral génétiquement programmé pour réaliser tel traitement qui sont peu plausibles”

    Les fonctions de ces modules cérébraux ne sont-ils pas observables ? La cartographie du cerveau ne permet – elle pas de les observer ? Je suis un parfait néophyte en la matière, mais je vois mal comment postuler l’existence d’une fonction d’un module cérébral. Un théoricien psyevo pointe-t-il du doigt une partie du cerveau en disant “je postule que ici est logé l’attirance des hommes pour les fesses rebondies” ? N’ont-ils jamais confronté leurs postulats à l’expérience par exemple en pratiquant l’ablation de parties du cerveau sur des animaux et en observant leurs comportements ?

    Je vous cite :
    “De plus, ça n’est pas parce que des postulats sont scientifiquement valides qu’on peut affirmer que n’importe quelle théorie tirée de ces postulats l’est aussi.”

    Je ne cherchais pas à montrer une incompatibilité dans votre discours. Ce que vous dites là est juste. Et je souscris à ce que vous dites à la suite et qui appartient au même paragraphe.

    Je vous cite :
    “Je ne conteste pas le caractère scientifique de toute théorie prétendant expliquer telle ou telle différence psychologique et comportementale entre hommes et femmes par le système de construction sociale du genre, bien au contraire.”

    Corrigez-moi si je me trompe mais il me semble que les études de genre repose sur un postulat bien particulier qui est de dire que la biologie n’intervient en rien dans les comportements genrés. N’est-ce pas d’ailleurs pour cette raison que les théoriciens du genre évitent le terme sexe en lui préférant le terme genre ? Or ce postulat qui évacue la biologie entre en contradiction avec les postulats psyevo que vous avez mentionnés et que vous dites accepter.

    Qu’on se comprenne bien, je sais bien que les représentations sociales sexuées jouent un rôle dans la création de comportements différenciés suivant le sexe. Et leur étude n’est pas la cible de mon mépris. Cependant leur étude existait déjà avant les études de genres. Lorsque les poètes du Moyen-âge se posait la question de ce que devait être le fol’amour, il cherchait à analyser, entre autre, la représentation de l’homme et de la femme. Les critiques littéraire existant avant les études de genre et qui cherchaient à analyser des récits impliquant un homme, une femme, leur rapport, ont développé une analyse des représentations des deux sexes.
    La chose n’est pas nouvelle.

    Ce que les études de genre ont apporté de nouveau consiste en deux choses : 1) apporter une analyse transdisciplinaire portant spécifiquement sur les différences de représentations que les sociétés humaines se font du genre ; 2) postuler que ses représentations sont seules causes des différences de comportements entre les hommes et les femmes.

    Autant le 1) ne pose aucun problème. Autant le 2) entre en contradiction avec les postulats suffisants à l’élaboration des théories psyevo que vous avez mentionnés et que vous dites accepter.

    Par ailleurs le 2) pose un sérieux problème politique puisqu’il justifie des manoeuvres de contrôle sociale ( de l’art notamment ) par des idéologues qui y voient un outil dans le but de créer une utopie égalitaire. Si ce sont les représentations qui créent la réalité, et que la réalité nous déplaît, changeons les représentations et la réalité changera. Et comme cela se fait au nom de la cause si noble de l’égalité des sexes, on se permet des excès avec des attaques en règle contre l’érotisme et les archétypes traditionnels dont l’art a pourtant besoin s’il ne veut pas se contenter d’ériger des sapins\sextoy sur la place Vendôme ou d’exposer des urinoirs. Ce postulat peut potentiellement créer un état d’esprit orwellien qui ne peut que susciter l’effroi, et cet état d’esprit repose sur l’idée selon laquelle l’artiste crée la réalité, et donc pour contrôler la réalité politique il faut modifier l’art. Chaque individu soucieux de la liberté artistique devrait s’en soucier.

    Mais comme vous l’avez si bien dit dans votre article nous ne devons pas contester une théorie en ayant comme critère les conséquences politiques de cette théorie. Examinons seulement si elle est vraie ou fausse, et non si elle emporte des conséquence politique bonne ou mauvaise. De ce point de vue vous pouvez, selon votre désir, ignorer le paragraphe précédent. Mais je vous demande, si vous le voulez bien, au moins de répondre à ces questions :
    – est-ce que le ( ou bien: un des) postulat des théories du genre est d’évacuer la biologie comme facteur des différences sexuées de comportement ?
    – est ce que un des postulats des théories psyevo est de considérer la biologie comme un facteur ( pas le seul cependant ) des différences sexuées de comportement ?

    Si vous répondez oui à ces questions, ils me semblent donc qu’il faut constater l’incompatibilité des deux systèmes d’analyse. Donc soit l’un des deux à tort, soit les deux ont tort. Mais les deux ne peuvent pas avoir raison.

    Si vous acceptez les postulats psyevo que vous avez mentionnés, vous ne pouvez que rejeter celui de la théorie du genre. A moins que je me fasse une fausse idée de ce qu’est le postulat de la théorie du genre. Mais là j’en doute, il me semble bien que l’expression “théorie du genre ” a été choisi justement pour évacuer la biologie, et je crois avoir entendu beaucoup d’érudits s’en réclamant et qui ne cachaient pas leur mépris pour les explications biologisantes.

    J’attends avec impatience votre réponse,
    Bien à vous,

    1. Je répète ce que j’ai écrit : “je pense […] que les trois hypothèses suivantes, qui sont suffisantes pour élaborer des théories psycho-évolutionnistes, sont raisonnablement fondées et font consensus dans la communauté scientifique :
      1. nos comportements sont notamment le produit de mécanismes opérés par notre cerveau ;
      2. son développement et son fonctionnement sont notamment sous contrôle génétique ;
      3. certaines variantes génétiques permettant ou favorisant la production de comportements maximisant le succès reproductif ont de ce fait été sélectionnées au cours de l’évolution”.
      Je n’ai guère de temps à perdre à justifier cette opinion, exprimée en tant que telle, d’autant que vous semblez la partager. J’en viens donc au cœur de notre désaccord / incompréhension et à vos autres questions.

      Sur les postulats relatifs à l’existence de modules cérébraux génétiquement programmés, typiquement un théoricien evopsy dira plutôt (je reprend votre exemple) : “je postule que’il existe, peu importe où elle se trouve, une structure cérébrale modulant l’attirance pour une personne selon certaines caractéristiques de son physique ; je postule que plusieurs variantes des gènes déterminant le fonctionnement de cette structure ont existé, peu importe quels gènes et quelles variantes, et que selon qu’un individu était possesseur de telles ou telles variantes, cette structure l’orientait ou non vers les personnes aux fesses rebondies ; je postule que pendant un temps suffisamment long, une part suffisamment importante de l’espèce humaine a été soumise à des pressions de sélection telles que les individus porteurs des variantes favorisant la préférence pour les fesses rebondies avaient plus de descendants fertiles au détriment des autres individus, et que par conséquent les humains actuels naissent (tous ou la plupart d’entre eux) désormais équipés de ces variantes”.

      Comme vous pouvez le voir, cette théorie évopsy imaginaire (quoi que…) bien particulière, qu’on appellera “théorie de la préférence innée pour les fesses rebondies” ou TPIFR, repose sur pas mal de postulats spécifiques, au-delà des hypothèses générales que j’ai dit accepter et que j’ai rappelé plus haut.

      Imaginons qu’il existe une “théorie de la préférence culturellement construite pour les fesses rebondies” ou TPCCFR, qui reposerait quant à elle sur l’observation que dans les livres illustrés pour enfants, tous les gentils ont des fesses rebondies et les méchants des fesses plates, que les parents disent à leurs enfants dès le plus jeune âge de se méfier des personnes à fesses plates, font régulièrement devant eux des commentaires laudateurs lorsqu’ils voient une personne à fesses rebondie, etc, etc. Si les partisans de la TPIFR sont incapables de démontrer l’existence de la structure cérébrale en question, de désigner les gènes concernés et de montrer l’influence des variantes desdits gènes sur le fonctionnement de cette structure, et même de démontrer simplement que le fait d’avoir ou non une préférence pour les fesses rebondies est inné, je ne vois pas ce qui permettrait de dire que la TPIFR est supérieure à la TPCCFR.

      Concernant les explications evopsy des différences observables entre hommes et femmes opposées à ce que vous appelez les “théories du genre”, on est exactement dans cette situation. Ca ne signifie ni que les 3 hypothèses ci-dessus ne sont pas valides, ni que toutes les théories evopsy sont à jeter à la poubelle. De même, on peut parfaitement adhérer à l’idée que telle ou telle différence psychologique entre hommes et femmes n’est pas causée par leurs différences biologiques sans pour autant rejeter ces 3 hypothèses ni l’évopsy en général. Il n’y a pas de contradiction. De nombreux psychologues évolutionnistes travaillent sur autre chose que les différences sexuées de comportement et ne considèrent pas nécessairement que la biologie est l’un des facteur déterminant telle ou telle de ces différences, a fortiori toutes les différences ; ils ne sont pourtant pas en contradiction avec les hypothèses générales de la psychologie évolutionniste.

      Les études de genre ne reposent pas sur le postulat que la biologie n’intervient en rien dans les comportements genrés. Certain-e-s chercheurs font ce postulat, mais ça n’est pas nécessaire ni automatique, loin de là. Par exemple, l’article que j’ai publié dans Genre Sexualité & Société (http://gss.revues.org/3205), une revue qui publie typiquement des recherches en études de genre (voir ses comités ici, avec plein de gens que vous n’aimez pas : http://gss.revues.org/983), ne repose très clairement pas sur ce postulat. Je vous invite aussi à jeter un coup d’œil au tout dernier article d’Anne Fausto-Sterling, l’un des grands noms des études de genre (http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/dev.21345/abstract) : vous serez sans doute surpris. Je pourrais multiplier les exemples.

      Les chercheur-e-s en études de genre n’évitent pas du tout le terme “sexe” pour lui préférer le terme “genre”. Ils utilisent ces deux termes pour désigner des choses bien différentes. L’expression “théorie du genre” en français n’a pas été “choisie justement pour évacuer la biologie” mais créée par les détracteurs des études de genre et de certains mouvements sociaux (plus précisément, elle prend son origine dans des textes écrits par Msgr Tony Anatrella au début des années 2000).

  9. Je vous cite :
    “Je n’ai guère de temps à perdre à justifier cette opinion [les 3 postulats psyevo mentionnés], exprimée en tant que telle, d’autant que vous semblez la partager.”

    Non je ne la partage pas. Je n’en sais strictement rien. D’où ma requête que vous êtes libre de ne pas honorer.

    Je vous cite :
    “voir ses comités ici, avec plein de gens que vous n’aimez pas”

    Je n’ai rien contre eux. J’ai un problème avec les politiques qui s’en inspirent ( mal sans doute ). Mais vu la vitesse à laquelle vous construisez un joli moule (voir aussi citation précédente) pour y loger votre contradicteur, je suppose qu’à vos yeux je suis une espèce de crypto-fasciste qui milite activement pour la mise en place de l’esclavage des femmes ( sans doute un problème avec ma mère). Si vous avez besoin d’un méchant pas beau il fallait me le dire d’emblée, je me serais présenté ainsi.

    A la vérité ces sujets m’intéressent peu ( sexisme, féminisme, genre et sexe etc.. ). Je cherchais juste à savoir ce qu’était les théories psychologie évolutionniste et je suis tombé sur votre article. Je n’ai pas vraiment d’opinion sur le sujet.

    Mais je peux répéter le mantra pour vous montrer que je fais bien partie de la grande famille progressiste : les femmes sont les égales des hommes, le sexisme c’est pas bien, il faut plus de femmes au pouvoir, etc… Je suis né dans les années 80, je connais les codes du conformisme ambiant. D’ailleurs ne pas les respecter est probablement illégal.

    Sinon tout le reste de votre propos est très éclairant, je vous en remercie sincèrement.

    Notre désaccord reposait sur ma méconnaissance des études de genre. Le postulat que je croyais être celui de la théorie du genre n’est pas le bon, et cette théorie n’existe que dans l’esprit de ceux qui la combattent. Dans ce cas effectivement il n’y a pas incompatibilité dans votre système d’analyse.

    Je précise toutefois que je ne mettais pas en avant une incompatibilité entre le fait d’accepter les 3 postulats psyevo que vous avez mentionnés et le fait de réfuter des théories psyevo particulières. Je mettais en avant l’incompatibilité de ces 3 postulats et le postulat que je croyais être celui de la théorie du genre. Mais vu que ma définition du postulat de la théorie du genre était erroné, ceci importe donc peu.

    Je n’ai pas encore lu les articles que vous avez mis en lien, mais je vais essayer de m’y mettre ( je ne peux rien promettre, d’autres sujets suscitent mon intérêt ).

    Sur une note un peu différente, mais pas tant que ça, j’aurais encore une question.

    Existe-t-il des gênes culturellement formés ?
    Autrement dit est-ce que la civilisation humaine a une histoire assez longue pour qu’émerge en son sein une mutation mieux adapté à un environnement artificiel, et qui du coup se reproduise et remplace tous les autres individus.
    Si on dit à tous les enfants que les fesses rebondies c’est mieux, au bout de combien de temps celui qui naît avec la mutation génétique lui donnant de façon inné un amour immodéré pour les fesses rebondies, finis par l’emporter dans la sélection et à répandre ses gênes dans toute la population. De sorte que ce comportement inné ait en vérité des origines culturelles, venant donc de l’acquis.

    Est-ce possible ?

    Bien à vous,

    1. J’avais cru voir de la malice dans votre façon de m’interpeller et de parler de la “théorie du genre” comme si cela existait (alors qu’il s’agit d’une invention de la mouvance catholique conservatrice). Dans votre 1er commentaire, vous me posiez notamment les deux questions suivantes : “que pensez-vous de l’enseignement de disciplines reposant sur le postulat de la théorie du genre à l’Université ( Paris 8 il me semble et peut être d’autres ) ? Ces disciplines ont-elles une place légitime à l’Université si l’on considère leur postulat de départ comme déraisonnable ?”. C’est aussi en référence à cela que j’ai ironiquement parlé de “gens que vous n’aimez pas” car plusieurs chercheurs-enseignants de Paris 8 sont dans les comités de la revue GSS. J’en avais logiquement conclu que votre demande de preuves concernant les 3 hypothèses évoquées n’était qu’une interrogation rhétorique.

      Je me suis donc apparemment trompée, et je vous prie de croire que j’en suis désolée.

      Quoi qu’il en soit, je ne vous voyais pas comme une espèce de crypto-fasciste militant pour la mise en place de l’esclavage des femmes. Et je n’attend pas non plus de mes interlocuteurs qu’ils montrent patte blanche en prononçant un mantra censé respecter un “conformisme ambiant” auquel je n’adhère pas nécessairement (je ne dirais pas “il faut plus de femmes au pouvoir”, par exemple, et j’étais opposée à la loi sur la parité en politique). Là, pour le coup, c’est vous qui imaginez des choses 😉

      Bref, reste que je n’ai pas de temps à consacrer en ce moment à d’aussi longs échanges et souhaiterais donc en rester là.
      Pour ce qui est de vos deux dernières questions :

      – des variantes génétiques peuvent parfaitement avoir pris le dessus dans l’espèce humaine sous l’effet d’une pression “artificielle” ; un exemple bien connu est celui de la mutation génétique faisant qu’on digère le lactose à l’âge adulte, dont le succès au sein de l’espèce humaine est probablement lié au développement de l’élevage ; sur les différences entre hommes et femmes, voir par exemple l’hypothèse stimulante et bien argumentée de Priscille Touraille susceptible d’expliquer l’émergence de la différence de stature entre hommes et femmes par une pression culturelle ;

      – le mécanisme de sélection ne fonctionne pas ainsi que vous le décrivez dans votre exemple ; on peut dire ce qu’on veut à tous les enfants pendant des centaines de milliers d’années, ça ne changera rien au génome humain ; pour qu’une telle modification advienne sous pression culturelle, il faudrait : 1) qu’une mutation génétique apparaisse donnant de façon innée un amour immodéré pour les fesses rebondies (pour autant que cela soit possible, ce qui n’est pas évident) ; 2) que d’une manière ou d’une autre, la société favorise le succès reproductif des individus nés avec cette mutation au détriment des autres (il doit bien être possible d’imaginer une de ces manières, mais en tout cas le seul fait de dire à tous les enfants que les fesses rebondies, c’est mieux, ne peut avoir cet effet, il faut imaginer d’autres contraintes).

  10. Si vous le désirez, nous pouvons en rester là.
    Afin de ne pas stimuler votre envie d’avoir le dernier mot, je ne rebondirai pas sur votre dernier commentaire.

    Merci pour cet échange.

    1. En règle générale je n’ai pas envie d’avoir le dernier mot, et il m’arrive assez souvent de me ranger à l’argumentation d’un interlocuteur avec lequel j’étais initialement en désaccord. Je trouve même que c’est un des grands plaisirs de la vie de participer à un échange qui se conclut ainsi ! Sur ce blog la question se pose différemment, car lorsque je suis interpellée publiquement sur tel ou tel point avec des arguments que je pense mauvais, ou lorsqu’on me pose une question à laquelle je pense pouvoir répondre de manière pertinente, si je ne réponds pas les lecteurs pourront conclure que je n’ai rien à opposer aux arguments en question ou que je ne ne sais pas quoi répondre, ce qui est un problème.
      Merci de votre compréhension.

      1. Ceci est parfaitement compréhensible.

        Je suis tout à fait d’accord avec vous concernant les conversations. En l’occurrence tout le plaisir fut pour moi.

        Je vous lirai de temps à autre désormais ( je vous ai mis dans mes favoris, oui oui vous pouvez rougir ).

        Et peut-être reviendrais-je vous poser des questions de façon malicieuse…

        Au plaisir d’engager à nouveau une conversation avec vous,
        A bientôt donc et bonne continuation.

  11. Bonjour

    Merci pour votre blog en général, pour cet article en particulier, sans oublier les réponses que vous prenez soin d’apporter aux commentaires. Je suis depuis longtemps intrigué par le crédit de la psychologie évolutionniste, et aurais grand besoin de muscler mes compétences et mes arguments sur le sujet ; en particulier, je suis intéressé par la genèse de la division sexuelle du travail et je viens de lire un auteur qui, en passant, prétend l’expliquer par des raisonnements relevant de l’évo-psy.

    Auriez-vous de bons conseils de lecture ? (en français, je ne connais pour ainsi dire comme ouvrage critique que celui de Suzanne McKinnon, dont je me suis fait l’écho sur mon blog).

    Merci d’avance !
    Cordialement

    PS : au sujet de Pascal Picq, il me semble que la manière dont il s’exprime dans l’ouvrage coécrit avec P. Brenot est beaucoup moins abrupte (et moins susceptible de critique) que l’interview que vous citez.

  12. Bonjour,

    Je suis parfaitement néophyte dans beaucoup de domaines auxquels vous faites référence ici, néanmoins je m’intéresse depuis peu aux questions de genre, et je suis régulièrement tombée sur ce blog:
    http://www.scilogs.fr/raisonetpsychologie/
    dont beaucoup d’articles ont enbranlé mes convictions (néophytes et lacunaires mais plutôt non essentialistes je dirai).
    Par exemple cet article :

    http://www.scilogs.fr/raisonetpsychologie/tour-de-passe-passe-statistique-faire-disparaitre-les-differences-hommes-femmes/

    qui sous-entend notamment que l’on a montré (même s’il ne s’agit que d’un chercheur, c’est l’effet que fait le discours) que dans les pays présentant des systèmes plus égalitaires entre les sexes les différences comportementales entre les sexes étaient plus fortes que dans les sociétés plus patriarcales, ce qui signifierait en gros que lorsque les femmes sont plus libres de leurs choix et plus émancipées de la “domination masculine”, elles tendent toujours à avoir des “comportements féminins”…ce qui par extension sous entend que ces comportements seraient bien naturels…
    Tout cela m’a paru de prime abord, – rien qu’en essayant d’imaginer comment ils avaient procédé pour déterminer le “niveau de patriarcat” des pays et comment ils avaient defini et décelé dans des cultures totalement différentes les traits sensés être masculin ou féminin – relativement fumeux, et la tentative de parcourir l’étude correspondante (de David Schmitt) n’a pas plus éclairé la profane que je suis, j’ai fini par tomber sur votre blog, et je voulais savoir si vous aviez un avis sur cet article en particulier, voire sur ce blog en général.

    Merci d’avance de votre réponse,

    Cordialement,

    Laura

    1. Sur Schmitt (2014) en particulier, i.e. sur ce chapitre écrit par David Schmitt dans un ouvrage collectif de psychologie évolutionniste, je ne peux développer ici et maintenant le long commentaire (critique) qui serait nécessaire, mais seulement répondre à votre question : oui, j’ai un avis. Il est d’abord que cette revue biaisée de la littérature par Schimtt n’a pas “montré que la plupart des différences psychologiques étaient plus grandes dans les sociétés présentant une plus grande égalité entre les sexes et plus réduites dans les sociétés plus patriarcales” (dixit Nicolas Gauvrit dans ce billet de son blog). A fortiori, on ne peut pas dire que ce texte de Schmitt “réfute l’idée que les différences psychologiques entre les sexes seraient apprises” (idem). J’ai bien conscience que cet avis n’a guère d’intérêt en l’absence d’arguments précis, mais encore une fois il ne m’est pas possible de faire plus ici et maintenant.

      Sur ce billet de blog plus globalement, il faudrait là encore rentrer dans un long développement pour discuter de chacune des études que Nicolas Gauvrit cite comme argument à l’appui de sa thèse, et aussi pour monter qu’il caricature les recherches de Daphna Joel et laisse entendre qu’elle a dit des choses qu’elle n’a pas dites. Puisqu’il fait notamment référence à “l’éminente chercheuse Margaret McCarthy” pour balayer la position de Daphna Joel comme étant dépassée ou à contre-courant du consensus scientifique, je voudrais quand même signaler qu’elles ont publié ensemble un article en forme de discussion dans une revue de neurobiologie (Joel et McCarthy (2017), Incorporating sex as a biological variable in neuropsychiatric research: where are we now and where should we be? Neuropsychopharmacology, 42(2):379-385), ce qui montre que le sujet est loin d’être “plié” et que Joel est loin d’être discréditée. Je signale aussi une autre info qui peut être intéressante pour mettre en perspective les position de McCarthy, à savoir ce qu’elle écrit elle-même dans cet article : « My personal research goal is to discover the basic cellular and molecular mechanisms by which sex differences in the brain are established by hormones early in development ».

      Quant aux écrits de Nicolas Gauvrit plus généralement, tout ce que je peux vous dire est qu’ils souffrent de sérieux biais dès lors qu’il est question des différences cognitives et comportementale naturelles entre femmes et hommes, sujet sur lequel il a des convictions si profondes que cela nuit gravement tant à sa sélection et perception des études scientifiques sur le sujet qu’à son compte-rendu de celles-ci. J’en ai donné une illustration ici : http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2014/07/23/camion-poupee-jeux-singes/ (cas n°12).

      1. Très bien, c’est déjà éclairant, merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre, et ce aussi promptement.Je vais lire l’article en lien de cepas. N’hésitez pas à développer par la suite si vous en avez le temps !

        Merci, du reste, pour votre blog,

        Laura

        1. De rien. En relisant ma réponse, je réalise que la citation de Margaret McCarthy (« My personal research goal is to discover the basic cellular and molecular mechanisms by which sex differences in the brain are established by hormones early in development ») pourrait laisser croire qu’il est acquis que les hormones, in utero ou ou en période périnatale, établissent des différences cérébrales entre les sexes, et qu’il ne resterait plus qu’à mettre au jour les mécanismes cellulaires et moléculaires de ce phénomène.
          Je précise donc que RIEN de tel n’est acquis concernant l’espèce humaine, et que les recherches de McCarthy portent uniquement sur des rongeurs – plus exactement sur certaines lignées de rongeurs sélectionnées pour l’étude en laboratoire. C’est notamment parce que la variable “sexe” ne signifie pas exactement la même chose chez une souris ou chez un rat, ou a fortiori chez un rat, un mouton, un chimpanzé ou un humain, que l’idée de l’inclusion automatique de cette variable dans les études animales a été critiquée. Le débat, assez technique, est loin de correspondre à la vision simpliste qu’en donne Nicolas Gauvrit dans son billet de blog, ou encore Claudine Junien ailleurs.
          McCarthy a publié de nombreuses revues de la littérature sur la sexuation biologique du cerveau qui listent une grande quantité d’études dont elle omet très souvent de préciser qu’il s’agit d’études faites sur des souris ou des rats, ce qui est une des causes de la vision faussée qu’ont de ce champ de recherche des personnes telles que Nicolas Gauvrit, qui ne l’ont jamais exploré en profondeur. De même, elle publie régulièrement des études dont le titre laisse croire qu’elles ont mis en évidence un mécanisme lié au “sexe” en général alors qu’elles concernent des souris ou rats de laboratoire. Voici quelques exemples de titres de ses articles les plus cités ou mis en avant par elle sur la page de son labo :
          – “Induction of PGE(2) by estradiol mediates developmental masculinization of sex behavior” = étude sur des rats de Sprague-Dawley
          – “Steroid receptor coactivator-1 (SRC-1) mediates the development of sex-specific brain morphology and behavior” = étude sur des rats de Sprague-Dawley
          – “A novel mechanism of dendritic spine plasticity involving estradiol induction of prostaglandin-E-2” = étude sur des rats de Sprague-Dawley (précisé dans le full text seulement)
          – “Microglia are essential to masculinization of brain and behavior” = étude sur des rats de Sprague-Dawley (précisé dans le full text seulement)
          – “A developmental sex difference in hippocampal neurogenesis is mediated by endogenous oestradiol” = étude sur des rats de Sprague-Dawley
          – “Brain feminization requires active repression of masculinization via DNA methylation” = étude sur des rats de Sprague-Dawley + des souris KO
          – “Steroid-induced developmental plasticity in hypothalamic astrocytes: Implications for synaptic patterning” = étude sur des rats de Sprague-Dawley
          – “Estradiol induces hypothalamic dendritic spines by enhancing glutamate release: A mechanism for organizational sex differences” = étude sur des rats de Sprague-Dawley
          – “Glutamate-mediated excitotoxicity in neonatal hippocampal neurons is mediated by mGluR-induced release of Ca++ from intracellular stores and is prevented by estradiol” = étude in vitro sur une culture de neurones prélevés dans des hippocampes de rats de Sprague–Dawley (précisé dans le full text seulement, le résumé étant quant à lui introduit et conclu par des considérations sur les nouveau-nés humains)
          – “Histone Deacetylation during Brain Development Is Essential for Permanent Masculinization of Sexual Behavior” = étude sur des rats de Sprague Dawley ((précisé dans le full text seulement)
          C’est sûr qu’en ajoutant “in laboratory mice” ou “in Sprague-Dawley rats” dans les titres, ça ferait tout de suite moins d’effet…

  13. 11- Je dirais que la psychologie évolutionniste est axée sur l’anthropologie préhistorique, une psychopathologie évolutionniste. En fait, cette dernière est antérieure à la première et s’enracine dans l’éthologie plutôt que dans l’histoire biologique de l’espèce humaine. Je fais le rapprochement entre les possibles vestiges ou résurgences de conduites adaptées aux comportements des espèces animales plus ou moins proches de l’homme. Ainsi, les animaux territoriaux sont marqués d’une hyperactivité motrice définissant les limites de leur territoire ou d’une prise de nourriture, surtout chez les femelles, d’une alimentation suffisante au profit des plus jeunes.

  14. Bonjour,
    Votre article bien intéressant m’interpelle à l’endroit où il n’échappe pas à une mode curieuse, celle d’accuser la psychanalyse de maux mal renseignés.
    Vous dites donc : “fonder en nature certaines différences entre les sexes dans les comportements sexuels conforte le sens commun, est conforme aux mythes savants (dont ceux produits par la psychanalyse)”
    Pourtant, Freud et plus tard Lacan sont très clairs à ce sujet : les positions psychiques sexuées (appelées féminine et masculine) ne sont pas déterminées par le sexe biologique. En revanche, les individus sont socialement poussés à se conformer à la position que la culture a déterminée comme correspondante à leur sexe, ce que chacun des deux admet comme abusif.
    Si vous le souhaitez, je peux retrouver lespassages précis, qui sontsans équivoque.
    Alice Cohen

    1. Ce n’est pas une mode et elle est encore moins curieuse : comme cela a été pointé de longue date, la psychanalyse en tant que champ intellectuel producteur de discours savants (mais résolument non-scientifiques), d’énoncés généraux sur l’humain, contient maintes affirmations de liens étroits, consubstantiels, entre sexe biologique et positions psychiques sexuées. On peut trouver chez Freud ou chez Lacan des passages qui nuancent ou contredisent cette idée (chez le premier davantage que chez ce dernier, il me semble), mais également des passages qui la confortent. Par ailleurs, la psychanalyse ne s’arrête pas à Freud et Lacan. Cela étant, je veux bien que vous indiquiez les passages précis et sans équivoque qui selon vous contredisent cette idée. NB : je ne parle pas de passages affirmant que ces positions ne sont pas (entièrement) “déterminées” par le sexe biologique, ce qui est un truisme.

  15. Bonjour Odile et merci pour cet article si agréablement étayé.
    Un passage de la biographie m’interpelle [11].
    L’explication proposée par Bohler selon laquelle la sélection sexuelle du pléistocène se serait déroulée de telle façon que les femmes auraient sélectionné les hommes pour leur intelligence et les hommes auraient sélectionné les femmes sur leur physique.
    Spontanément pourtant, l’explication “miroir” me parait tout aussi formulable et argumentable: que les femmes aient sélectionné les hommes sur leur physique et que les hommes aient sélectionné les femmes pour leur intelligence (je n’ai d’ailleurs jamais lu aucune étude suggérant que la taille de la poitrine corrèle à une meilleure lactation, etc).
    Connaissez-vous de quelconques recherches ayant formulé une telle hypothèse?
    Ou, de manière générale, une approche de la psychologie évolutionniste qui n’aboutisse pas à des considérations “anti-féministe”?
    Merci!

    1. Merci. Non je ne connais pas de recherches ayant formulé une hypothèse de ce genre.
      Je ne sais comment répondre à votre dernière question, je n’en comprends pas bien le sens.

  16. Merci de votre réponse. Je vais tenter de préciser.
    De ce que j’en ai lu jusqu’à présent, il semble que les théories psycho-évolutionniste favorisent le sexe masculin.
    Par exemple en lui attribuant plus d’intelligence (S. Bohler [11] – évidemment on peut argumenter sur la supériorité de l’intelligence vs les qualités physiques) ou en le dédouanant de ses comportements d’agression (JD. Vincent [9] ).
    Les postulats de la psychologie évolutionniste favorisent-ils toujours le sexe masculin?
    Certaines études sont-elles neutres sur le sujets?
    Voire, certaines favoriseraient-elles, à l’inverse, le sexe féminin?
    Si peut-être un biais de recherche pourrait s’observer ici à la faveur des hommes, j’étais curieuse de savoir si le biais “miroir” pouvait s’observer à la faveur des femmes.

    1. Ni Sébastien Bohler ni Jean-Didier Vincent ne sont des psychologues évolutionnistes.
      Les postulats de la psychologie évolutionnistes ne favorisent pas “le sexe masculin”.

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