Ocytocine et instinct maternel : suite

Un échange contradictoire sur la théorie de l’ocytocine comme cause d’un « instinct maternel » fournit de nouveaux exemples d’utilisation douteuse des publications scientifiques par des vulgarisateurs. C’est aussi l’occasion de montrer ce qu’on trouve réellement, quand on prend la peine de la lire, dans la littérature scientifique invoquée à l’appui de cette théorie.

J’ai récemment souligné des distorsions importantes opérées dans l’invocation de travaux scientifiques censés étayer la théorie selon laquelle la sécrétion d’ocytocine péripartum favorise chez les femmes l’attachement à leur bébé ou le développement de comportements « maternels » envers lui [1]. Peu après, un article citant le mien a été publié sur un blog dédié aux questions liées à l’exercice de la parentalité [2]. Son auteure, sous le pseudonyme de Drenka, qui dit avoir un « fort instinct maternel », exprime un apriori favorable vis-à-vis de cette théorie. Elle m’oppose que « les études que [je cite] s’accordent sur le fait qu’il y a un faisceau d’indices que l’ocytocine / la prolactine jouent un rôle dans l’attachement », ajoutant qu’ « on peut en particulier citer cette étude : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17958710 » [3].

Pour appuyer ma contradictrice, une autre jeune maman se présentant comme « journaliste scientifique » et « féministe cartésienne » intervient sous le pseudonyme de Miliochka en affirmant qu’ « il est évident que l’ocytocine joue un rôle dans la naissance de l’attachement », et qu’ « on ne peut nier les nombreuses études scientifiques démontrant très clairement que l’ocytocine joue un rôle dans le processus d’attachement (et pas seulement maternel d’ailleurs) », étayant son propos par un lien hypertexte [4]. Ce lien renvoie au résultat d’une recherche par mots-clés ramenant environ 180 références de publications scientifiques indexées dans la base PubMed.

Pour m’y être déjà heurtée, je connais cette stratégie consistant à renvoyer à une imposante liste de références plus ou moins en rapport avec l’objet de la discussion et portant souvent sur des animaux, en posant qu’il suffit d’y puiser pour trouver les preuves demandées. Je ne me démonte donc pas, et demande à Miliochka de m’indiquer les articles scientifiques qui « démontrent très clairement » que la libération d’ocytocine induite par l’accouchement ou par l’allaitement joue un rôle dans le développement de l’attachement d’une mère à son bébé ou de comportements maternels à son endroit, puisque c’est de ce point précis qu’il était question [5]. Miliochka renvoie alors à une seconde référence : selon elle, cette « méta-analyse datant de 2011 indique que “l’oxyctocine apparait comme d’une importance cruciale pour comprendre les relations mère-enfant” ». Elle ajoute que n’étant ni statisticienne ni neuroendocrinologue, elle ne se permettrait pas de remettre en cause cette conclusion, terminant cette phrase par de suggestifs points de suspension [6].

La « méta-analyse » de 2011 démontre-t-elle ce rôle de l’ocytocine ?

La seule lecture du résumé de l’article, accessible dans le lien auquel renvoie Miliochka [7], permet déjà d’identifier deux distorsions opérées par elle. La première, qui compte tenu de sa profession dénote soit une ignorance inquiétante, soit un à-peu-près regrettable, est qu’il s’agit d’une revue de la littérature et non d’une méta-analyse. La seconde, plus grave car sans aucun doute délibérée, est qu’elle a choisi de ne traduire que la phrase de l’abstract qui pouvait sembler étayer les convictions qu’elle exprimait dans ses précédents commentaires (« l’ocytocine apparait comme d’une importance cruciale pour comprendre les relations mère-enfant »). Or la phrase suivante précisait la conclusion de l’étude rapportée dans l’article et donnait une image plus juste de l’état des connaissances : « Les résultats de cette revue de la littérature suggèrent que la recherche pionnière, mais préliminaire, menée à ce jour est prometteuse et que sa réplication sur de plus larges échantillons est nécessaire. » [8].

J’ai signalé ces deux distorsions sur le blog, en soulignant que des résultats préliminaires à répliquer étaient loin de constituer ce qu’on peut appeler un fait scientifique, de tels résultats obtenus sur de petits échantillons étant très fréquemment invalidés, et j’ai demandé à Miliochka si elle avait le texte complet de l’article. Je n’ai pas obtenu de réponse [9]. Je pourrais m’arrêter à cette conclusion des auteurs, mais je voudrais signaler quelques informations intéressantes tirées de la lecture de leur article.

Les auteurs y soulignent en introduction qu’on ne peut directement extrapoler à l’Homme les observations faites chez l’animal sur ce sujet [10] : il n’est jamais inutile de le rappeler. Ils rapportent ensuite le résultat de leur revue systématique des études ayant examiné les liens entre ocytocine et relations mère-enfant chez l’Homme publiées entre 1950 et 2009. Ils n’ont identifié que huit études répondant à ce critère, toutes publiées entre 2005 et 2009, ce qui ainsi qu’ils le relèvent indique la nouveauté de ce champ de recherches. Ils relèvent également que les méthodologies employées différaient grandement d’une étude à l’autre, rendant difficile la comparaison entre elles et empêchant toute méta-analyse (si Miliochka avait lu l’article, cela aurait du attirer son attention). Ils signalent surtout qu’aucune des huit études n’a mesuré le niveau d’ocytocine cérébral, ce qui rend leur interprétation problématique car, selon leurs propres termes, la corrélation entre niveaux d’ocytocine cérébraux et périphériques est incertaine, deux études ayant notamment relevé une absence de corrélation entre niveaux d’ocytocine dans le liquide céphalo-rachidien et dans le sang chez les femmes enceintes, sachant en outre que la seule (apparemment) étude ayant comparé les niveaux d’ocytocine dans le liquide céphalo-rachidien entre femmes enceintes et non enceintes n’a pas trouvé de différence [11].

Les huit études analysées dans cette revue de la littérature publiée en 2011

Concernant l’analyse des huit études proprement dite, les auteurs indiquent dans l’abstract que sept d’entre elles ont rapporté des associations entre ocytocine et « certains aspects des liens mère-bébé », ce qui a sans doute contribué à induire Miliochka en erreur. Car cette phrase est trompeuse : la lecture de l’article montre que seules deux de ces études sont pertinentes au regard de la question du possible lien causal entre libération d’ocytocine péripartum et attitudes maternelles. En effet, les six autres explorent soit la variation du niveau d’ocytocine périphérique causée par l’interaction de mères avec leur enfant (Bick et Dozier, 2009 ; Strathearn et al, 2009), soit le lien possible entre le niveau basal d’ocytocine périphérique et une mesure douteuse de la propension à l’attachement en général (Tops et al, 2007), soit divers liens possibles chez les enfants entre ocytocine et qualité de leurs liens d’attachement avec leurs parents, vers l’âge de 4 ans (Fries et al, 2005) ou à l’âge adulte (Meinlschmidt et Heim, 2007; Gordon et al, 2008) [12].

Ces résultats – par ailleurs préliminaires et en attente de réplication – ne sont guère susceptibles d’étayer la théorie dont il est ici question. Revenons donc aux deux seuls articles pertinents cités dans cette revue de la littérature, en notant tout d’abord qu’une autre revue de la littérature publiée en 2011, traitant de la neuroendocrinologie du comportement maternel chez les primates en général, n’avait concernant l’ocytocine retenu que ces deux études, et soulignait qu’elles devaient être interprétées avec précaution, les auteurs concluant qu’il fallait continuer les recherches pour savoir si l’ocytocine avait ou non une action dans le cerveau favorisant le comportement maternel [13].

Les deux articles publiés en 2007 par le groupe de Feldman et Levine

Les deux études en question ont été publiées en 2007 par le groupe de Ruth Feldman et Ari Levine. Ces deux études sont en fait deux articles issus d’un unique ensemble d’observations faites sur un échantillon de 62 femmes. Leur niveau d’ocytocine a été mesuré dans le sang à trois moments : durant le 1er trimestre de la grossesse (T1), durant le 3ème (T2), et au cours du mois suivant l’accouchement (T3).

Le premier article [14] rapporte une absence de corrélation entre le niveau d’ocytocine, quel que soit le moment de sa mesure, et le degré d’attachement des mères à leur fœtus. Le seul résultat statistiquement significatif rapporté est que chez les femmes dont le niveau d’ocytocine avait augmenté entre T1 et T2, le score moyen sur deux des six sous-échelles de leur mesure du degré d’attachement était supérieur à celui des femmes dont le niveau d’ocytocine avait diminué ou était resté stable. Les auteurs de la revue de la littérature citée par Miliochka soulignent la fragilité de ces résultats, notamment en raison de la validité contestée des sous-échelles utilisées. Ils mettent en revanche en valeur le second article. Dans celui-ci [15], les auteurs rapportent des corrélations positives entre les niveaux d’ocytocine à T1, T2 et T3 et une mesure des comportements maternels faite à T3 [16].

Si on examine ensemble les résultats exposés dans ces deux articles, on voit qu’ils sont difficiles à interpréter conjointement : les niveaux d’ocytocine pré- et postpartum dans le sang seraient liés au « comportement maternel » au cours du 1er mois, mais non à l’attachement maternel au fœtus, et inversement l’augmentation de ce niveau au cours de la grossesse serait liée à celui-ci mais non à celui-là. C’est probablement la raison pour laquelle les auteurs ont publié séparément, dans deux revues distinctes, ces résultats apparemment incohérents [17]. Regardons maintenant de plus près ce second article, qui est justement celui auquel me renvoyait Drenka au début de notre échange, et pour cause, puisqu’il s’agit a priori de la seule étude réellement susceptible d’étayer la théorie en question ici.

L’étude de Feldman et Levine selon laquelle les niveaux d’ocytocine péripartum prédisent la qualité du lien mère-bébé

Notons tout d’abord que les auteurs restent prudents dans leur conclusion, puisque selon eux, leurs résultats « suggèrent que le système neuroendocrinien lié à [et non « causant »] la formation des liens socio-affectifs chez les mammifères joue peut-être un rôle similaire chez l’Homme » [18]. La prudence s’impose d’autant plus cinq ans plus tard, sachant que cette étude n’a été ni répliquée par d’autres chercheurs, ni étendue par ses auteurs [19]. Ari Levine, co-auteur de cette étude dans le cadre de sa thèse en « psychobiologie », n’a d’ailleurs pas poursuivi dans cette voie : il a abandonné la recherche pour créer un centre de psychothérapie, où il officie en tant que thérapeute du couple et de la famille, vantant ces recherches censées avoir fait de lui un expert de l’attachement et des liens affectifs [20].

La prudence s’impose encore davantage si l’on souhaite utiliser cet article pour dire que l’élévation du niveau d’ocytocine causée par l’accouchement et/ou l’allaitement a un effet (positif) sur le développement des attitudes maternelles envers le bébé. Cette prudence s’impose pour de nombreuses raisons. Citons-en quelques-unes :
– ce qui est rapporté ici est une simple corrélation, qui peut être expliquée autrement que par un effet de l’ocytocine [21];
– loin d’étayer l’hypothèse selon laquelle c’est l’élévation physiologique du niveau d’ocytocine liée à l’accouchement et/ou à l’allaitement qui contribue au développement des attitudes maternelles, l’étude la contredit plutôt [22];
– c’est d’un niveau d’ocytocine périphérique qu’il s’agit ici, ce qui ne permet pas d’inférer un lien avec le niveau cérébral d’ocytocine, ni a fortiori avec une action de celle-ci dans le cerveau (cf note [11]);
– l’étude a été faite sur un échantillon de petite taille, en outre non représentatif des mères en général [23], et ses résultats peuvent par conséquent être fortement biaisés;
– à supposer (ce qui reste très hypothétique) que la corrélation trouvée traduise un effet de l’ocytocine, cet effet serait très faible puisque le niveau d’ocytocine ne rend compte que de 7% de la variabilité du comportement maternel mesuré sur l’échantillon [24];
– les auteurs ont choisi une modélisation statistique des données qui n’allait pas de soi, biaisant la conclusion ; je reviendrai sur ce point pour illustrer la façon dont les données peuvent être présentées de manière avantageuse par des chercheurs déterminés à produire un résultat, et pour montrer que faute d’avoir la culture minimale requise, un grand nombre de vulgarisateurs sont dans l’incapacité de distinguer dans un article ce qui relève des faits et ce qui relève de leur interprétation. J’attends pour l’instant de disposer des données brutes, si les auteurs se décident à me les transmettre (à suivre…).

Les auteurs ne discutent aucune de ces limitations, ce qui est en soi révélateur de la faible qualité de l’article comme du processus de relecture auquel il a été soumis. C’est du reste sans doute cette faible qualité qui explique pourquoi les auteurs ont échoué à faire publier dans une revue plus prestigieuse une étude en théorie aussi importante, puisqu’elle est censée démontrer pour la toute première fois chez l’Homme un lien entre ocytocine prépartum ou postpartum et attitudes maternelles [25].

Une autre étude citée à l’appui de cette théorie

Fin avril, Drenka a publié un nouvel article dans lequel elle revient sur cette théorie, à travers son compte rendu commenté d’un livre publié aux éditions Robert Laffont en 2005 par un psychiatre ayant succombé aux sirènes de l’essayisme grand public sur l’amour et la sexualité. Elle en cite notamment le passage suivant :

« Si, en général, maman nous aime si fort, c’est grâce à l’ocytocine (il y a d’autres facteurs, bien évidemment !). Les femmes délivrent une grande quantité de cette hormone lors de l’accouchement, via les contractions utérines, comme c’est le cas lors de l’orgasme. La sécrétion d’ocytocine se poursuit durant la tétée, un déclencheur qui vaudra aussi lors de la vie sexuelle, avec la succion des seins. […] La démonstration en a été apportée récemment en image par deux chercheurs, Bartels et Zeki. Grâce à l’IRM (imagerie par résonnance magnétique) fonctionnelle, ils ont montré que les circuits qui s’illuminent à la vue de l’amant désiré ou du nourrisson chéri sont situés dans des zones anatomiquement connues pour être riches en récepteurs à l’ocytocine. » [26]

L’étude de Bartels et Zeki publiée en 2004 [27] est en effet l’autre argument classiquement invoqué dans la vulgarisation à l’appui de la théorie examinée ici. Ainsi, dans un livre publié en 2011 aux éditions Odile Jacob par deux psychiatres renommés, ce sont les deux études mentionnées par Drenka – celle-ci et celle de Feldman et Levine vue plus haut – qui sont citées pour illustrer la « biologie de l’attachement » (titre du sous-chapitre) des mères à leurs enfants, présentées sans aucune distance critique et librement interprétées, en des termes carrément fantaisistes s’agissant de celle de Bartels et Zeki [28].

Cette étude a été menée sur un échantillon de 19 mères (une vingtième a été exclue in fine) d’un enfant âgé d’au moins 9 mois, d’âge moyen légèrement supérieur à 2 ans, c’est-à-dire pas leur « nourrisson chéri », donc. Les auteurs ont analysé l’activation cérébrale causée par la vision d’une photo de leur enfant vs la photo d’un autre enfant familier, et ont comparé leurs résultats à ceux d’une étude similaire qu’ils avaient publiée en 2000, menée sur 11 femmes et 6 hommes amoureux auxquels ils avaient montré une photo de leur partenaire vs celles d’amis. Les auteurs rapportent des différences entre les deux conditions (vision de son enfant vs vision d’un autre enfant), ainsi que des points communs mais aussi des différences entre les résultats des deux études [29]. Ils rapportent également un certain degré de recouvrement entre les sites connus pour leur densité particulière en récepteurs à l’ocytocine ou à la vasopressine d’une part, et les régions plus spécifiquement activées par la vision de son propre enfant ou de son partenaire amoureux d’autre part.

Une unique remarque suffit à invalider l’idée que cette étude constitue la « démonstration » prétendue par le psychiatre-essayiste ci-dessus : comme les auteurs le suggèrent eux-mêmes, en étant du reste beaucoup plus prudents que leurs vulgarisateurs quant au caractère conclusif de leur étude, ces résultats sont compatibles avec l’hypothèse que le fait d’avoir développé une grande proximité affective avec une personne modifie la réactivité de certaines régions cérébrales à la vision de cette personne [30]. Ainsi, cette observation sur des mères s’étant occupées de leur enfant pendant des mois pourrait n’avoir strictement aucun rapport avec les variations hormonales liées à leur accouchement ou à leur éventuel allaitement. Le plus drôle, c’est qu’une étude publiée par Ruth Feldman vient appuyer cette interprétation : selon les auteurs, leurs résultats obtenus sur un échantillon de 24 hommes et femmes parents d’un premier enfant âgé de 6 mois « montrent » que les périodes au cours desquelles se construisent les liens avec l’enfant modifient la réactivité cérébrale à la vision d’une photo de celui-ci [31].

Odile Fillod

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Notes

Pour aller plus loin : Odile Fillod (2014) « Oxytocin as proximal cause of ‘maternal instinct’: weak science, post-feminism, and the hormones mystique », in Schmitz & Höppner (dir.), Gendered Neurocultures. Feminist and Queer Perspectives on Current Brain Discourses, Vienna: Zaglossus, pp. 239-255.

[1] Odile Fillod, « Instinct maternel, science et post-féminisme », 12/03/2012, http://allodoxia.odilefillod.fr/2012/03/12/maternite-science-feminisme/.

[2] Drenka, 23/03/2012, « Elisabeth Badinter vs Sarah Blaffer Hrdy, instinct maternel ou pas ? », en ligne sur http://lesvendredisintellos.com/2012/03/23/elisabeth-badinter-vs-sarah-blaffer-hrdy-instinct-maternel-ou-pas/.

[3] In [2], drenka, commentaire du 26/03/2012.

[4] In [2], miliochka, 23/03/2012 et 02/04/2012. Lien posté par miliochka : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed?term=ocytocin%20attachement.

[5] In [2], Odile Fillod, commentaire du 03/04/2012.

[6] In [2], miliochka, commentaire du 06/04/2012.

[7] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21250892. Ce lien renvoie à l’article suivant : Megan GALBALLY, Andrew James LEWIS, Marinus van IJZENDOORN, Michael PERMEZEL, 2011, The role of oxytocin in mother-infant relations: a systematic review of human studies, Harvard Review of Psychiatry, vol.19(1), p.1-14. Remarque : malgré son intitulé qui peut sembler prestigieux et ses 20 ans d’existence, la Harvard Review of Psychiatry est une revue assez mineure : de facteur d’impact à peine supérieur à 2 sur les 5 dernières années, elle n’a jamais été référencée dans le Science Citation Index de ISI Web of Science, l’étant seulement dans le Social Science Citation Index.

[8] On peut lire dans l’abstract de [7] : « Oxytocin appears to be of crucial importance for understanding mother-infant relationships. The findings of this review suggest that the pioneering, but preliminary, research undertaken to date is promising and that replication with larger samples is needed. Research that draws on more robust measures of attachment and bonding, as well as improved measures of oxytocin that include both central and peripheral levels, will elucidate the role of oxytocin in human mother-infant relationships. ».

[9] Remarques faites et question posées dans [2], Odile Fillod, commentaire du 12/04/2012. A ce jour Miliochka n’a pas répondu à ce commentaire.

[10] Cf in [7], p.1-2 : « Whereas the hormonal regulation of the mother-infant relationship has been a focus in animal studies, human studies are still in the initial stages and present a number of methodological challenges. […] Translating observations and findings from animal research into understanding human maternal behaviors is not straightforward. Cross-species comparisons always need to be mindful of differences in the biological function of seemingly analogous behavior. More generally, direct comparison of the reproductive and parenting strategies of humans and other species is often difficult. At the measurement level, for instance, many studies use the licking grooming/arched-back nursing standard to assess maternal behavior in rats, whereas human caregiving is typically investigated through the direct observation of diverse interactive behaviors between infant and mother, as well as by self-report and interview measures seeking to elicit the underlying psychology of caregiving. […] In addition, whereas the patterns of early caregiving behavior in animals who show parental care tend to vary within a narrow range, human maternal behavior varies widely according to culture, age, circumstances around delivery, social supports in the postpartum, and even neurobiological factors. »

[11] Cf in [7], p.9-10 : « No studies in this review directly measured central OT levels—for instance, through cerebrospinal fluid levels (which is no doubt due to the invasive nature of central measurement for research participants). No existing studies show that centrally administered OT exerts direct effects on OT receptors or even that it acts on other neurotransmitter systems. A review of peptides and their capacity to cross the blood-brain barrier indicated only that it is likely, despite some uncertainty, that peptides, including OT, are capable of crossing. The correlation between central and peripheral levels of OT and the effects of centrally administered OT on receptor regions have yet to be established. […] The correlation between central and peripheral OT is uncertain since two studies of pregnant women have found no correlation between CSF and plasma OT levels. No differences in CSF OT levels in pregnant versus nonpregnant women have been identified. Given that OT is produced both centrally and peripherally, further investigation of the relation between peripheral and central levels of OT is needed in order to understand the accuracy of the peripheral measures and to resolve uncertainty as to the proper manner of measuring OT. »

[12] Selon les informations données dans l’article cité par Miliochka ([7]), les résultats de ces six études peuvent être résumés comme suit :
– Etude de Bick et Dozier (2009), portant sur 26 mères d’un enfant de 4 ans. Le caractère plus ou moins maternant de leur comportement pendant qu’elles interagissaient avec leur enfant ou un inconnu du même âge assis sur leurs genoux a été noté par des observateurs, et leur niveau d’ocytocine mesuré (dans les urines) après cette interaction. L’article ne rapporte (curieusement) aucun examen des liens possibles entre niveau d’ocytocine et comportement des mères. Il rapporte seulement qu’après cette interaction, leur niveau d’ocytocine était plus élevé lorsqu’il s’agissait d’un enfant inconnu que lorsqu’il s’agissait du leur.
– Etude de Strathearn et al (2009) portant sur 30 mères. Le « style d’attachement » d’un échantillon de femmes avait été évalué pendant leur grossesse, à l’aide d’un questionnaire cernant la qualité des liens d’attachement vécus avec leurs propres parents. Les auteurs en ont ensuite sélectionné 15 de style « sûr », et 15 de style « angoissé évitant ». Aux sept mois de leur bébé, ils ont mesuré leur niveau d’ocytocine (dans le sang) avant et après 5 minutes de jeu avec lui. L’article rapporte que les mères de style d’attachement « sûr » avaient suite à cette interaction une plus grande élévation de leur niveau d’ocytocine que les autres.
– Etude de Tops et al (2007) portant sur 18 femmes ayant la quarantaine, dont on a mesuré le niveau d’ocytocine (dans le sang) ainsi que les scores à une mesure des traits de caractère. L’article rapporte que le niveau d’ocytocine était corrélé au score à la sous-échelle « attachement » d’une des 4 dimensions de cette mesure (la dimension « dépendance à la récompense »), cette sous-échelle évaluant l’expression et le partage des émotions avec les amis.
– Etude de Fries et al (2005) portant sur 39 enfants âgés de 4 ans environ, dont 18 ayant souffert de négligences postnatales et vécu en orphelinat avant d’être confiés à une famille d’accueil. L’article rapporte que le niveau d’ocytocine des enfants (dans les urines) était en moyenne, après une interaction de 30 minutes avec leur mère, un peu moins élevé chez les enfants ayant vécu en orphelinat, la différence n’étant cependant pas statistiquement significative. Les auteurs de la revue signalent en outre que la mise en question de la méthode de mesure de l’ocytocine utilisée dans cette étude pourrait l’invalider globalement.
– Etude de Meinlschmidt et Heim (2007) portant sur 19 jeunes hommes, dont 9 ayant été séparés de l’un ou l’autre de leurs parents avant l’âge de 13 ans. L’article rapporte que chez eux, l’administration intranasale d’ocytocine a augmenté le niveau de cortisol salivaire (indicateur de stress) alors qu’elle l’a diminué chez les 10 autres hommes. Les auteurs de la revue signalent en outre qu’aucune étude n’a montré que l’administration intranasale d’ocytocine a un effet direct sur les récepteurs à l’ocytocine ou agit sur d’autres systèmes de neurotransmission (cf le passage cité dans la note [11]).
– Etude de Gordon et al (2008) – groupe de Feldman et Levine – portant sur 45 étudiants des deux sexes. L’article rapporte que leur niveau d’ocytocine (dans le sang) était corrélé négativement à leur détresse psychologique et positivement à la qualité des liens avec leurs parents (mère et père séparément, et les deux combinés), toutes deux auto-évaluées.

[13] Wendy SALTZMAN, Dario MAESTRIPIERI, 2011, The neuroendocrinology of primate maternal behavior, Progress in Neuro-Psychopharmacology & Biological Psychiatry, vol.35, p.1192-1204, article écrit par des chercheurs eux-mêmes auteurs d’études sur le sujet, et donc favorables à cette hypothèse de recherche. Extrait: « Few studies have evaluated a possible role of oxytocin in primate maternal behavior. […] In women, mothers whose plasma oxytocin levels increased from early to mid/late pregnancy (in a single blood sample at each time point) reported significantly higher levels of attachment to their fetuses than those whose oxytocin levels decreased or remained stable across the same time period; however, attachment to the fetus was not related to absolute oxytocin concentrations at either time point (Levine et al., 2007). Moreover, women’s plasma oxytocin concentrations during both early pregnancy and the early postpartum period showed significant positive correlations with maternal behavior (Feldman et al., 2007). These correlational findings in macaques and women must be interpreted cautiously, however, in view of the possible dissociation between peripheral and central oxytocin concentrations, the failure of peripheral oxytocin to penetrate into the brain, and the acute effects of suckling bouts on circulating oxytocin levels (Leng et al., 2005; Neumann, 2008). […] Thus, in primates, as in nonprimate mammals, oxytocin may act within the brain to facilitate the onset of maternal behavior; however, this conclusion must remain tentative until additional, larger-scale experimental studies are performed. »

[14] Ari LEVINE, Orna ZAGOORY-SHARON, Ruth FELDMAN, Aron WELLER, 2007, Oxytocin during pregnancy and early postpartum: individual patterns and maternal-fetal attachment, Peptides, vol.28(6), p. 1162-1169.

[15] Ruth FELDMAN, Aron WELLER, Orna ZAGOORY-SHARON, Ari LEVINE, 2007, Evidence for a neuroendocrinological foundation of human affiliation: plasma oxytocin levels across pregnancy and the postpartum period predict mother-infant bonding, Psychological Science, vol.18(11), p. 965-970.

[16] Les mères ont été filmées une fois, pendant 15 minutes, durant une interaction avec leur bébé dans une salle où elles étaient placées seules avec leur enfant. Des observateurs ne connaissant pas leur niveaux hormonaux ont ensuite visionné les enregistrements et codé leurs comportements selon une échelle créée par Ruth Feldman. La mesure du « comportement maternel » obtenue in fine agrège la fréquence de fixation du regard sur le visage du bébé, celle de l’expression d’un affect positif vis-à-vis de lui, celle des gestes affectueux, et celle du « parler bébé ».

[17] Cette pratique du « saucissonnage » des résultats d’une unique étude pour en faire plusieurs articles n’est malheureusement pas rare chez les chercheurs évalués à l’aune du nombre d’articles qu’ils publient. Elle peut aussi à l’occasion permettre à des chercheurs peu scrupuleux de publier plusieurs articles rapportant des résultats en apparence clairs et faciles à interpréter, plutôt qu’un seul – voire aucun – rapportant des résultats contradictoires ou difficilement interprétables.

[18] Cf. in [15], p. 969, § “Discussion” : « The results suggest that the neuroendocrine system associated with bond formation in mammals may play a similar role in humans. ».

[19] D’après mes recherches, et comme le suggère également une revue de la littérature publiée par Ruth Feldman elle-même en mars 2012 (Ruth FELDMAN, 2012, Oxytocin and social affiliation in humans, Hormones and Behavior, vol.61(3), p. 380-391).

[20] Cf http://www.levine-center.com/default.asp?levin=808, accédé le 04/05/2012.

[21] Ainsi, par exemple, à l’appui de l’idée que l’ocytocine joue un rôle dans l’établissement du lien mère/enfant, les auteurs (in [15], p. 966) citent l’étude de Matthiesen et al (2001) selon laquelle le contact physique avec leur bébé stimule chez les mères la libération d’ocytocine. Or si c’est le cas, ça peut simplement être parce que l’ocytocine est impliquée dans le mécanisme d’éjection du lait, et on peut avancer une autre hypothèse que celle suggérée par Feldman et Levine : l’investissement de la mère dans sa relation avec son bébé (investissement réel, et pourquoi pas psychologique et y compris pendant la grossesse, au cours de laquelle les mères construisent des représentation mentales du fœtus et des sentiments d’attachement vis-à-vis de lui) pourrait stimuler la production d’ocytocine, d’où la corrélation positive observée entre niveau de celle-ci dans le sang et intensité du « comportement maternel ». Les autres résultats rapportés par Feldman et Levine (cf in [15]) confortent d’ailleurs cette hypothèse, car le comportement maternel était significativement corrélé au score de représentations liées à l’attachement (r=0.52) et au score de préoccupation maternelle (r=0.47), et le niveau d’ocytocine postpartum était significativement corrélé au score de représentations liées à l’attachement (r=0.35), ainsi qu’aux niveaux d’ocytocine à T1 (r=0.92) et à T2 (r=0.96). J’ai présenté dans mon premier article sur le sujet quatre explications alternatives de cette corrélation entre ocytocine et comportements maternels [cf passage du texte en les notes 27 et 28], mais on peut en concevoir bien d’autres. En effet, les variables prises en compte par les auteurs pour construire leur modèle statistique sont très peu nombreuses, et leur modèle ne rend compte que de 27,5% de la variance qu’ils ont observée dans le comportement maternel. La prise en compte d’autres variables pourrait in fine faire disparaître tout effet (statistique) de l’ocytocine. En particulier, l’état d’anxiété et l’humeur plus ou moins dépressive des femmes considérées n’ont pas été inclus dans l’analyse statistique, et ce bien que les auteurs les aient mesurés. Ils ne donnent en outre aucune information sur ceux-ci et n’expliquent pas pour quelle raison ils n’en rendent pas compte (ils se contentent d’indiquer de manière sibylline, p.967, « Data pertaining to maternal anxiety and depression are not presented in this report. »), ce qui est étrange. Les éventuelles difficultés à allaiter, par exemple chez les 27% de l’échantillon allaitant à temps partiel, pouvant être corrélées au niveau d’ocytocine, n’ont pas non plus été prises en compte. Le sexe des enfants non plus, alors qu’on sait qu’il influe sur le comportement maternel, etc. Les possibilités de médiation par d’autres variables sont d’autant plus importantes que la corrélation entre ocytocine et comportement maternel a été calculée ici sur la base de variations interindividuelles.

[22] En effet, les auteurs rapportent l’absence de différence entre les femmes allaitant et celles n’allaitant pas dans les niveaux d’ocytocine qu’ils ont mesurés, ce qui confirme le résultat d’autres études n’ayant pas trouvé de différence dès lors que l’ocytocine est mesurée en dehors du moment de l’allaitement proprement dit (p. 967). De plus, ils soulignent que chez chaque femme prise séparément, les niveaux d’ocytocine mesurés à T1, T2 et T3 étaient très proches, aucune tendance statistiquement significative n’étant décelable dans la (très faible) variation moyenne de ce niveau de T1 à T3 (p. 968). Le pourcentage de la variabilité du comportement maternel « expliqué » par le niveau d’ocytocine est d’ailleurs (logiquement) similaire quel que soit le moment de la mesure de l’ocytocine : 7% à T1, 8% à T2, et 7% à T3 (p. 969).

[23] Il s’agit de 62 femmes israéliennes, toutes mariées, dont 83% allaitaient leur bébé au moins à temps partiel, et 37% étaient femmes au foyer.

[24] Cf in [15], table 2, p.969.

[25] L’article a été publié dans Psychological Science, une revue de facteur d’impact certes tout à fait honorable, mais qui est néanmoins indexée dans le Social Science Citation Index d’ISI Web of Science, non dans le Science Citation Index comme le sont d’autres revues de psychologie (Psychological Bulletin, Psychological Medicine, Biological Psychology, …). Certaines des études examinées dans la revue de la littérature de 2011 discutée plus haut ont été publiées dans des revues plus prestigieuses et référencées dans le Science Citation Index – telles Fries et al (2005) publiée dans PNAS ou Meinlschmidt et al (2007) dans Biological Psychiatry.

[26] Cf. Drenka, 27/04/2012, « L’amour est une drogue douce… en général », en ligne sur http://lesvendredisintellos.com/2012/04/27/lamour-est-une-drogue-douce-en-general/, accédé le 28/04/2012. Il s’agit d’un compte-rendu commenté de la lecture du livre de Michel Reynaud, L’amour est une drogue douce… en général, paru début 2005 aux éditions Robert Laffont. L’auteur est psychiatre, chef du département de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul Brousse. Il a publié en 2009 avec le Dr Laurent Karila On ne pense qu’à ça (Flammarion), un livre prétendant dévoiler, à la lumière des données scientifiques « les plus récentes », les secrets de la séduction, du désir et de l’orgasme.

[27] Andreas BARTELS, Semir ZEKI, 2004, The neural correlates of maternal and romantic love, NeuroImage, vol.21(3), p.1155-1166.

[28] Cf Dr David GOURION, Pr Henri LÔO, 2011, Le meilleur de soi-même. Empathie, attachement, personnalité, Odile Jacob, p.47-49 (chapitre « Du sexe à l’altruisme ») : « Une équipe israélienne dirigée par Ruth Feldman a cherché à savoir si la qualité de la relation entre la mère et son bébé pourrait dépendre de facteurs biologiques présents avant la naissance de l’enfant. Pour cela, des femmes ont été testées […]. On mesurait leurs taux d’ocytocine, une hormone produite durant la grossesse et l’allaitement. Quelques semaines après la naissance, les chercheurs ont évalué […]. Or les taux d’ocytocine au premier trimestre de grossesse étaient nettement plus élevés chez les mères qui avaient, après la naissance, les meilleurs relations – qualitativement et quantitativement – avec leur enfant. Comme si la concentration de l’ocytocine dans l’organisme maternel était susceptible de prédire ses propres capacités ultérieures d’attachement à son bébé. Et plus tard, pourquoi, à la vue de ce bébé, la plupart des mamans arborent – sans en avoir conscience – le même visage extatique que quand elle retrouvent leur bien-aimé ? […] Corrélats neuronaux de l’amour maternel et romantique : le titre de l’article sonne comme celui d’une nouvelle de Ray Bradbury ; ce n’est pas de science fiction qu’il s’agit, mais d’une étude menée par deux chercheurs anglais. Cette étude d’imagerie cérébrale montre que, lorsque l’on voit son bébé, comme lorsque l’on retrouve son amoureux, deux types de réactions se produisent sous l’impulsion de l’ocytocine dans le cerveau. La première réaction est une puissante activation du circuit cérébral de la récompense […]. La seconde réaction cérébrale est une désactivation brutale du circuit cortical du jugement social et des émotions négatives. Ce qui signifie peut-être que, pour devenir une mère aimante, il faut avoir été une femme amoureuse… Détail important, cette réaction extatique ne se déclenche pas si le module de reconnaissance des visages n’a pas été activé au préalable : cela explique pourquoi le bébé de la voisine ne nous fait pas le même effet […]. ». David Gourion est psychiatre et docteur en neurosciences. Henri Lôo est psychiatre, ancien chef de service à l’hôpital Sainte-Anne, membre de l’Académie de médecine, ex-président de la Fédération française de psychiatrie.

[29] Cf in [27], p. 1161 : « Overlapping regions include those in the striatum (putamen, globus pallidus, caudate nucleus), the middle insula and the dorsal part of the anterior cingulate cortex. A gender-separated analysis of the romantic love data revealed that all of the above regions were active in both genders, reaching significance ( P < 0.001) when only male or only female subjects were included. Romantic love activated specifically the dentate gyrus/hippocampus and the hypothalamus (the latter with P < 0.005; avg. coords.:–3, –12, –14 in gender-separated analyses), which were not active with maternal love (at P < 0.1). Both these regions were active in separate analyses using only male or female subjects, thus allowing us to rule out gender-specific effects and confirming that these regions were specifically active in romantic but not maternal attachment. The ventral tegmental area (VTA) was active with romantic love. Its more posterior part was likely to be involved in maternal love as well, which is difficult to tell due to overlap with activity in the substantia nigra (SN). Activity in the dorsal part of the anterior cingulate cortex was considerably more prominent in romantic love than with maternal love. The ventral part of the anterior cingulate cortex that was activated with maternal love also reached significance of P < 0.005 in the female-only analysis of the romantic love study, while it was not activated in males (at P < 0.1). Activity entirely specific to maternal love included the lateral orbito-frontal cortex, and, subcortically, the periaqueductal gray (PAG), both of which were not active with romantic love (overall or gender-specific analyses at P < 0.1).

[30] Cf in [27], p. 1164, souligné par moi : « In summary, our findings show that both romantic and maternal love activate specific regions in the reward system and lead to suppression of activity in the neural machineries associated with the critical social assessment of other people and with negative emotions. Since surprisingly little is known about social processing in the human brain, we should emphasize that the following interpretations are of a rather tentative nature. There is no doubt that future studies will address these points more explicitly. Nevertheless, a potential model may be that once one is closely familiar with a person (in a positive or negative way), the need to assess the social validity of that person is reduced. This correlates with a reduction of activity in the systems necessary for doing so; these findings therefore bring us closer to explaining in neurological terms why ‘love makes blind’. The neural mechanisms suppressed here might be the same that, when active, are responsible for maintaining an emotional barrier towards less familiar people, corresponding to the avoidance behavior observed both in rats and in voles against pups or potential partners, which is reversed by administration of oxytocin (Insel and Young, 2001; Pedersen, 1997; Pedersen et al., 1982; Winslow et al., 1993).

[31] Cf Omri WEISMAN, Ruth FELDMAN, Abraham GOLDSTEIN, 2012, Parental and romantic attachment shape brain processing of infant cues, Biological Psychology, vol.89(3), p. 533-538 (comme celle des autres études citées ici, l’interprétation de celle-ci est également sujette à caution) : « These findings are the first to demonstrate that periods of bond formation activate brain reactivity to parenting-related cues. […] Evolutionary models of human attachment suggest that periods of parental and romantic bond formation share underlying mechanisms. In this study, we examined brain response to salient attachment cues in three distinct components of information processing in new parents and new lovers using ERP. Overall, the results support evolutionary perspectives by demonstrating increased initial attention and orienting responses to infant cues among both parents and new lovers. […] These findings are consistent with evolutionary accounts which underscore the selectivity of attachment and indicate that parents learn to distinguish their own infants from others and direct resources to the survival and well-being of their own progeny (Belsky, 1997; Leckman et al.,2004). These findings are also consistent with previous reports on the selective responsiveness to the attachment target using both fMRI and ERP methodologies (Bartels and Zeki, 2004; Grasso et al., 2009; Swain et al., 2007). »

11 réflexions sur « Ocytocine et instinct maternel : suite »

  1. Donc il n’y a pas d’études incontestables sur le lien entre ocytocine et instinct maternel.
    Cependant il semble qu’un médicament “à base d’ocytocine” puisse être prescrit à certaines femmes lors d’un accouchement.

    1. On injecte dans certains cas de l’ocytocine de synthèse car elle provoque la contraction des muscles lisses de l’utérus, déclenchant ou accélèrant ainsi l’accouchement. C’est d’ailleurs cet effet, quant à lui bien documenté, qui a donné son nom à cette hormone (“accouchement rapide”). Cet effet est strictement périphérique : l’hormone agit directement sur ces cellules musculaires, et non en induisant une contraction qui serait commandée par le cerveau.

  2. Merci! Enfin, on peut avoir à portée de neurones des faits et des données qui nous protègent de la malhonnêteté intellectuelle, qui nous préservent de la dernière vulgarisation stupide à la mode motivées par le carriérisme et les lumières de la fausse renommée.
    Sabine

      1. Désolé j’ai mis un temps avant de trouver une façon “social media friendly” de répondre à votre question. Je devrai le faire en vous citant un extrait de TED Talk de cet auteur, et 2 questions.

        J’vous “recule la cassette” (expression Québécoise sans importance) à 6min50, au début d’un bloc qui traite du circuit neuroaffectif PANIC/GRIEF.

        https://youtu.be/65e2qScV_K8?t=409

        Ceci est en guise d’intro, pour bien situer le contexte d’un autre bloc, en lien avec votre article, débutant un peu passé 8min45, avec la phrase débutant par “And then we found…” et se terminant par la citation au sujet de laquelle je désire attirer votre attention:

        The physiology of motherhood, is the physiology of love.

        Questions:
        1. Panksepp a-t-il fait erreur à ce sujet? Au sujet de la dissymétrie H/F existant à cet égard, et bien sûr, du rôle qu’il attribue à l’ocytocine?
        2. Est-ce une pratique “correcte”, d’un point de vue scientifique, de partager ainsi son point de vue si ouvertement, et sans réserves explicites, en plein TED Talk, sachant que ce serait possiblement vu par des millions de personnes?

        1. Encore une fois désolée, mais ça ne me va toujours pas. Je ne vais pas regarder cette vidéo : je n’ai pas de temps à consacrer à ça en ce moment. Merci de formuler une question précise.

  3. Chère Odile,

    Votre travail est d’une grande fraîcheur dans un monde à la course au sensationnalisme. Je lis vos billets avec plaisir, mais également sérénité, car vous répondez justement à ceux qui vous opposent leur point de vue.

    J’ai une petite question, un écart de trajectoire, sur les travaux de Larry J.Young que vous citez.
    Il présente le campagnol des prairies, et traite de la consolation de ces derniers lorsque un parent subit une situation stressante.

    Je cite la fin de son article (https://science.sciencemag.org/content/351/6271/375.long
    ) :
    « […]Following these results, we hypothesized that oxytocin may act region-specifically on OTR in the ACC to enable consolation behavior. An injection of OTA directly into ACC abolished the consolation response in observers[…] »

    Nous sommes loin du comportement maternel, et d’ailleurs il n’y semble pas y avoir de distinction entre le comportement mâle et femelle dans cette étude, mais ce n’est pas la première fois que j’en entends parler :
    https://www.sciencesetavenir.fr/sciences/les-campagnols-des-prairies-de-petits-rongeurs-capables-d-empathie_3110

    L’ocytocine a-t-elle un rôle avéré dans la consolation/l’empathie chez le campagnol, au point d’influer sur un tel comportement chez lui ?

    Vous expliquez déjà le problème de l’application de ces études à l’homme dans la note 25 du billet Stop ou encore Partie 1 via les citations que vous faites de L.J.Young, mais je me posais du coup la question du résultat sur les animaux, qui m’est flou. Vous dites aussi « le rôle de l’ocytocine dans le déclenchement du comportement maternel chez le rat n’a pas été confirmé chez la souris[…]». J’ai peur d’en faire une fausse interprétation. L’ocytocine aurait donc un rôle majeur dans le déclenchement du comportement maternel/de consolation chez le rat ?

    Antoine

    1. Merci pour votre message.
      Je ne peux pas répondre à votre question sur le campagnol.
      Non, l’ocytocine n’a pas un rôle majeur dans le déclenchement du comportement dit “maternel” chez le rat (qui n’est pas conceptualisé comme ou assimilé à un comportement “de consolation”). J’ai approfondi cette question et un peu précisé les choses dans ce chapitre d’ouvrage collectif publié deux ans après le présent billet : https://allodoxia.odilefillod.fr/files/2015/07/Fillod_Gendered-Neurocultures_2014.pdf

      1. Bonjour Odile,

        Et merci pour votre réponse. J’ai pris mon temps pour lire votre lien, ainsi que d’autres de vos billets/commentaires, ce qui explique mon temps de réponse.
        Après cette lecture (très instructive), je voulais vous demander si à votre connaissance l’expérience de Lévy & Fleming (2006) avait été reproduite ?

        Antoine

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