Habemus sex papam

Ce blog était mis en veilleuse pour cause de thèse en cours, mais trop c’est trop ! L’accumulation d’allégations fantaisistes sur les différences entre les sexes proférées au nom de la science, relayées par les médias alors que le débat sur l’adoption et le mariage « gays » fait rage et que celui sur la « théorie du genre » renaît, a eu raison de mes priorités. C’est Jean-François Bouvet sur LePoint.fr qui m’a fait craquer hier matin.

Alors que deux députés viennent d’annoncer, estimant que le projet de loi sur le mariage et l’adoption s’appuie sur « la théorie du genre », qu’ils allaient demander une commission d’enquête sur l’infiltration en France de cette « idéologie qui consiste à dire que l’homme et la femme sont interchangeables », la rédaction du Point a décidé d’apporter une contribution scientifique au débat. Publié à la une du site du magazine, un article d’actualité « société » adresse donc la question clé : « le cerveau a-t-il un sexe ? »[1]. Le chapeau annonce que le « neurobiologiste Jean-Pierre [sic] Bouvet tord le cou aux idées reçues ». On y apprend en effet, figurez-vous, que « l’homme » et « la femme » ont des cerveaux physiquement différents, n’utilisent pas les mêmes zones pour effectuer les mêmes tâches, que le cortex subit dès le stade fœtal « une certaine sexualisation » et que le cerveau se développe de manière différente lors du « chantier cérébral » de l’adolescence, la conséquence étant par exemple que les filles préfèrent naturellement les jouets qui correspondent à un rôle de femme au foyer, ce qui a d’ailleurs été confirmé de manière « stupéfiante » chez des singes. Un sacré coup de balai dans les idées reçues, assurément !

[Incidente ajoutée le 10/12/2012 à 17h55 : après que l’article que je critique ici ait été mis à la une du Point.fr et repris sur de multiples sites, la rédaction du Point l’a discrètement toiletté pour en éliminer les erreurs les plus grossières ! Un billet suit ici sur ce micro-événement qui en dit long sur le professionalisme et l’éthique de cette rédaction.]

De l’expertise d’un anti-papesses non pur et dur

Jean-François Bouvet est l’auteur d’une poignée de publications scientifiques sur le fonctionnement du système olfactif, qu’il a étudié expérimentalement sur des grenouilles dans les années 1980. Ayant définitivement abandonné la neurobiologie après avoir soutenu sa thèse, il pratique entre autres l’essayisme grand public depuis la fin des années 1990. Fort de l’étiquette de neurobiologiste que lui ont conféré ses modestes travaux de jeunesse, c’est non sans succès qu’il s’est lancé cette année sur le marché lucratif des ouvrages de vulgarisation sur le sexe du cerveau [2]. En ces temps où médias et décideurs prêtent l’oreille aux experts engagés qui, tels le pédopsychiatre Pierre Lévy-Soussan, assènent qu’ « au nom de la théorie des genres, nous sommes en train de faire disparaître les hommes et les femmes » et que « les interactions avec la mère sont radicalement différentes de celles avec le père » [3], rien de tel pour permettre au grand public de se faire une idée qu’un neurobiologiste qui s’est autoproclamé arbitre d’un débat opposant selon lui les « neuroscientifiques pur(e)s et dur(e)s qui, comme la psychologue Doreen Kimura […] nous proposent un modèle de cerveau-nature, précâblé sous l’empire des gènes et des hormones sexuelles », et « les papesses des gender studies […] qui, comme Judith Butler, […] nous proposent un modèle de cerveau-culture, qui ne s’intéresse pas à sa structure » [4].

On le devine dès le préambule, son récent livre sur le sujet conclut, comme il se doit et comme cela semble plaire au plus grand nombre, que la vérité se situe entre ces deux extrêmes brossés à (très) gros traits. Sa description de Doreen Kimura et de Judith Butler indique déjà combien son discours est biaisé et approximatif. La suite est à l’avenant : approximative, extrapolatoire, entachée de biais et in fine fantaisiste, comme le sont ses propos retranscrits sur LePoint.fr. Il y aurait beaucoup à dire sur ceux-ci, mais pour faire court et parce que c’est le seul moment où Bouvet fait référence à des travaux scientifiques précis, je me suis concentrée sur le paragraphe reproduit ci-dessous. 

 
 
Du fonctionnement cyclique du « cerveau de la femme »

Bouvet semble très heureux de sa trouvaille : la phrase « Dire que le cerveau de la femme fonctionne de manière cyclique n’a rien de révolutionnaire » figure déjà dans son livre. Elle y est suivie d’une précision qui permet de comprendre que l’unique source de cette affirmation, c’est le fait que le cycle menstruel est associé à une activité cyclique des neurones de l’hypothalamus contrôlant les sécrétions hormonales de l’axe hypophyse-ovaires. Notons au passage que pour Bouvet, donc, seules les femmes pubères non ménopausées appartiennent à la catégorie « femme », ce qui pose la vertigineuse question de savoir ce que sont à ses yeux les êtres humains de sexe gonadique femelle qui n’ont pas encore ou n’ont plus leurs règles.

Des mécanismes similaires associent chez les êtres humains de sexe gonadique mâle l’activité de neurones de l’hypothalamus à celle de l’axe hypophyse-testicules, la testostérone sécrétée par celles-ci exerçant un rétrocontrôle sur les neurones en question. Bouvet pourrait donc affirmer avec tout autant de mauvaise foi : « Dire que le cerveau de l’homme fonctionne sous le contrôle de ses testicules n’a rien de révolutionnaire ». Mais il ne le fait pas, préférant focaliser ses généralisations tendancieuses (un petit groupe de neurones de l’hypothalamus = le cerveau) sur le « cerveau de la femme ». On se demande bien pourquoi.

Les découvertes révolutionnaires des psychologues de l’université de Durham

La référence de Bouvet aux « découvertes des psychologues de l’université de Durham » est un résumé de l’argumentaire qu’il développe dans son livre, dans lequel il est un poil plus précautionneux. En effet, il n’y écrit pas que ces chercheurs ont « réussi à montrer que le cerveau des femmes fonctionnait de façon asymétrique avant l’ovulation, mais de façon symétrique après », mais ceci :

« Donc, pour résumer, et si l’on en croit les psychologues Markus Hausmann et Ulrich Bayer, de l’université de Durham en Grande Bretagne, qui travaillent sur ces questions : “Le cerveau des femmes fonctionne de façon asymétrique avant l’ovulation mais de façon symétrique après, ce qui change sa façon d’aborder les problèmes.” »

Il faudrait savoir : parle-t-il de « découvertes », ou seulement d’hypothèses présentées par des chercheurs dans la presse de vulgarisation ? Car ce n’est pas la littérature scientifique que Bouvet cite ici, mais un article d’Hausmann et Bayer paru dans Cerveau & Psycho, dans lequel ils promeuvent leurs hypothèses de recherche [5]. Plus exactement, c’est le chapeau de cet article que Bouvet cite, plus probablement écrit par Sébastien Bohler (rédacteur du magazine) que par Hausmann et Bayer. Bouvet, qui se trompe sur le prénom de Bayer – il l’appelle Ulrich, comme dans Cerveau & Psycho, au lieu de Ulrike – a-t-il lu leurs publications scientifiques ? Franchement, je me le demande. Car celles-ci sont loin d’étayer ce qu’il avance en s’en réclamant, à savoir qu’ « avant l’ovulation », « quand leurs taux d’hormones sexuelles sont au plus bas, les femmes traitent l’information, comme les hommes, avec leur hémisphère gauche » et qu’ « après l’ovulation, quand les concentrations hormonales sont élevées, les deux hémisphères participent à nouveau de manière équilibrée ».

Hormones ovariennes et asymétries fonctionnelles cérébrales selon Hausmann et Bayer

On serait tout d’abord bien en peine de trouver dans la production de Hausmann et Bayer – ou n’importe où ailleurs dans la littérature scientifique – l’idée que les hommes se servent uniquement de leur hémisphère gauche pour traiter « l’information » (!) Mais admettons que Bouvet voulait en fait dire que chez les hommes, on observe une prédominance de l’hémisphère gauche qu’on n’observe chez les femmes que dans les jours qui précèdent l’ovulation.

On se heurte toutefois a un deuxième problème : comme l’expliquent Hausmann et Bayer en introduction de leur autre article cité dans le livre de Bouvet (un article scientifique, cette fois), comparativement au moment des règles, pendant lesquelles les niveaux d’œstrogènes et de progestérone sont au plus bas, la phase folliculaire (avant l’ovulation) est en gros caractérisée par un plus haut niveau d’œstrogène, et la phase lutéale (après l’ovulation) par un plus haut niveau de progestérone [6]. Les « taux d’hormones sexuelles » ne sont donc pas au plus bas « avant l’ovulation » mais pendant les règles, et seul le taux de progestérone est au plus haut après l’ovulation. Admettons une fois encore que la langue de Bouvet a fourché, et qu’il voulait en fait dire que les travaux de Hausmann et Bayer montrent que pendant leurs règles, parce que leurs taux d’hormones sexuelles sont alors au plus bas, le cerveau des femmes fonctionne avec une prédominance de l’hémisphère gauche lorsqu’elles « traitent les informations », et qu’après l’ovulation, parce que leur taux de progestérone est alors au plus haut, il fonctionne de manière symétrique.

Se pose alors un troisième problème, qui est celui de savoir de quel type de traitement d’informations Bouvet parle. Au début de l’article scientifique de Hausmann et Bayer qu’il cite dans son livre, eux-mêmes signalent que les études ayant examiné les liens entre phase du cycle menstruel et asymétries fonctionnelles cérébrales dans les domaines visuel et auditif ne sont pas tout-à-fait univoques [7]. Hausmann a d’ailleurs contribué à la production de cette littérature contradictoire, et certaines de ses observations contredisent ce qu’affirme Bouvet. Par exemple, dans un article publié en 2003 [8], Hausmann et ses collègues ont rapporté une observation portant sur 92 personnes lors d’une tâche de comparaison de figures géométriques. Une mesure indirecte de l’asymétrie fonctionnelle cérébrale indiquait selon eux que l’hémisphère droit prédominait chez les individus des deux sexes pour cette tâche, et qu’avec l’âge, cette prédominance tendait à diminuer chez les hommes mais augmentait au contraire chez les femmes, « probablement parce que les modifications de niveaux hormonaux liées à l’âge sont plus prononcées chez les femmes ». En clair, cela signifierait que lorsque le cerveau traite un certain type d’informations, il mobilise davantage l’hémisphère droit y compris chez les hommes, et que la chute des hormones ovariennes associées à la ménopause chez les femmes augmenterait cette asymétrie en faveur de l’hémisphère droit. Selon Hausmann, la prédominance de l’hémisphère gauche chez les hommes n’est donc pas une loi générale, et l’augmentation de l’asymétrie fonctionnelle cérébrale en faveur de l’hémisphère gauche par la chute des hormones ovariennes chez les femmes non plus. Mais j’oubliais : ceci ne contredit que les propos de Bouvet sur les hommes, puisque selon lui les femmes ménopausées ne sont pas des femmes. Prenons donc un autre exemple.

Dans un article scientifique publié en 2005 [9], Hausmann et ses collègues rapportent leur observation, chez 21 femmes et lors d’une autre tâche relevant de la cognition visuelle, d’une mesure indirecte de l’asymétrie fonctionnelle cérébrale. Elle indique que pendant leurs règles, le cerveau de ces femmes traite l’information de manière asymétrique (avec une prédominance de l’hémisphère gauche), et de manière moins asymétrique durant la phase lutéale. Selon les chercheurs, le fonctionnement du cerveau des femmes observé ici ne devient donc pas « symétrique » après l’ovulation comme l’écrit Bouvet, mais moins asymétrique que pendant leurs règles. Mais Bouvet n’a peut-être pas connaissance de cet article. Limitons-nous donc à celui qu’il cite dans son livre.

Dans cet article de 2012 [6], Hausmann et Bayer rapportent leur observation d’une mesure de la prédominance de la main droite interprétée comme indiquant une prédominance de l’hémisphère gauche. Elle a été mesurée lors de deux tâches de coordination motrice fine, une simple et une complexe, réalisées par des femmes tantôt pendant leurs règles, tantôt pendant leur phase lutéale. Bouvet écrit dans son livre qu’ « [i]ls ont constaté que, pendant la phase post-ovulatoire, lorsque œstrogènes et progestérone sont à un niveau élevé, la prédominance fonctionnelle de la main droite s’estompe ; elle tend même à s’inverser au moment des règles ». Ce n’est pas tout à fait ça. En fait, les chercheurs rapportent que la complexité de la tâche supprime la prédominance de la main droite durant la phase lutéale, et qu’elle l’inverse durant les règles (voir le schéma ci-dessous).

 

Que peut-on conclure de cette étude ?

Notons déjà que ces observations contredisent l’affirmation de Bouvet selon laquelle lorsque les hormones ovariennes sont au plus bas (durant les règles), le cerveau des femmes fonctionne de manière asymétrique avec une prédominance de l’hémisphère gauche : comme on le voit, lors de la tâche complexe l’asymétrie est dans le sens inverse (en faveur de la main gauche, i.e. de l’hémisphère droit, chez des femmes pourtant droitières). Ces observations contredisent également l’affirmation de Bouvet selon laquelle après l’ovulation (lors de la phase lutéale), le cerveau des femmes fonctionne de manière symétrique : comme on le voit, ça n’est pas vrai pour la tâche simple.

Par ailleurs, cette étude préliminaire (les chercheurs écrivent qu’il s’agit de la toute première observation d’une fluctuation de l’asymétrie manuelle au cours du cycle menstruel) ne peut être qualifiée de fait scientifique, et donc de « découverte », tant qu’elle n’aura pas été répliquée sur un échantillon plus large via une étude indépendante. La réplication s’impose d’autant plus ici que l’échantillon testé, non représentatif des femmes en général, était de très petite taille (16 sujets). Bouvet le sait parfaitement, qui indique au début de son livre qu’il se référera « prioritairement aux travaux réalisés sur un nombre important d’individus », car ce type d’étude isolée « peut aboutir à une conclusion totalement erronée », mais il a décidé d’en faire fi ici. On se demande à nouveau pourquoi.

En outre, les chercheurs écrivent que forts de leur constat de la réduction du degré d’asymétrie manuelle en phase lutéale lors de la tâche complexe, ils ont voulu vérifier que ce degré était corrélé avec le niveau de progestérone. Las, il ne l’était ni lorsque seule la phase lutéale était considérée, ni lorsque les données des deux phases observées étaient réunies. Ils ne se démontent pas pour autant : ils soulignent qu’ils avaient déjà constaté cette absence de corrélation lors d’une de leurs précédentes études du même type publiée en 2008, et que cela pourrait s’expliquer par le fait que ce n’est pas la progestérone qui est en cause mais soit l’un de ses métabolites, soit les œstrogènes. « Malheureusement, dans la présente étude seul le niveau de progestérone a été mesuré ». Quelle dommage, vraiment, qu’ils n’aient pas pensé à mesurer autre chose alors qu’ils avaient déjà été confrontés à ce problème et que dans son étude de 2005 citée plus haut, Hausmann avait conclu que les œstrogènes étaient plus probablement responsables des effets observés ! Ce qui est également vraiment dommage, c’est que ces chercheurs ne mesurent pas non plus l’asymétrie fonctionnelle lorsque les œstrogènes sont à leur maximum et la progestérone à un niveau bas, ce qui leur permettrait pourtant d’avancer dans leur tentative de démêlage des effets respectifs supposés de ces deux hormones. J’ai ma petite idée sur la raison pour laquelle Hausmann et ses collègues font ces choix et se focalisent sur le moment des règles, mais on en reparlera si d’aventure leurs résultats sont un jour confirmés.

En attendant, s’il y a peu d’espoir que le discours de Jean-François Bouvet change, j’espère du moins qu’il sera dorénavant pris pour ce qu’il est, à savoir de la désinformation grossière qui se fait passer pour de la vulgarisation, transformée en expertise scientifique par la magie des médias.

Odile Fillod

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Notes

[1] GAIRIN Victoria (propos recueillis par ), 07/12/2012, « Le cerveau a-t-il un sexe ? », en ligne sur www.lepoint.fr/societe/le-cerveau-a-t-il-un-sexe-07-12-2012-1546902_23.php, accédé le 08/12/2012.

[2] Il vient de publier Le camion et la poupée. L’homme et la femme ont-ils un cerveau différent ? chez Flammarion, publication dont le magazine Sciences Humaines, France Inter, ou encore France Culture se sont faits l’écho.

[3] Propos de Pierre Lévy-Soussan cités dans LECLAIR Agnès, 03/10/2012, « Adoption par les homos : les psys mettent en garde », Le Figaro.

[4] Extraits du préambule de Le camion et la poupée (op. cit.).

[5] Bouvet renvoie à HAUSMANN Markus, BAYER Ulrich, « Les mystères du cerveau féminin », in «Cerveau homme/femme. Quelles différences ?», L’Essentiel Cerveau & Psycho, n° 5, février-avril 2011, p.15 et 19, dont est extrait le passage qu’il met entre guillemets. Il s’agit de la réédition de HAUSMANN Markus, BAYER Ulrich, « Les mystères du cerveau féminin », Cerveau & Psycho, n°37, Janvier-Février 2010. Depuis sa maîtrise puis son doctorat en psychologie (en 1996 et 2000 respectivement), Hausmann s’est spécialisé dans la recherche de liens entre différences cognitives entre les sexes, latéralisation cérébrale et niveaux d’hormones sexuelles en circulation. Bayer a récemment fait une thèse sous sa direction sur ce sujet.

[6] BAYER Ulrike, HAUSMANN Markus, Menstrual cycle-related changes of functional cerebral asymmetries in fine motor coordination, Brain and Cognition, 2012 Jun, vol.79(1), p.34-38.

[7] Extrait de [6] : « Although conflicting findings do exist (e.g., Chiarello, McMahon, & Schaefer, 1989; Compton & Levine, 1997), the majority of studies examining the visual domain showed reduced functional cerebral asymmetries during cycle phases characterised by high levels of estradiol (E) during the follicular phase (cycle day 8–12) and progesterone (P) during the luteal phase (cycle day 18–21) compared with the low E and P menstrual phase (Hausmann, Becker, Gather, & Güntürkün, 2002; Hausmann & Güntürkün, 2000; Rode, Wagner, & Güntürkün, 1995). A reduction in functional cerebral asymmetries during phases of high levels of sex hormones has also been reported by studies investigating the auditory domain using the dichotic listening paradigm (e.g., Altemus, Wexler, & Boulis, 1989). However, other dichotic listening studies revealed rather mixed results with some studies showing enhanced hemispheric differences in left-hemisphere dominated tasks (Hampson, 1990a, 1990b; Weekes & Zaidel, 1996) but decreased asymmetries in right-hemisphere dominated tasks during high hormone phases (Sanders & Wenmoth, 1998). »

[8] HAUSMAN M., GUNTURKUN O., CORBALLIS M., 2003, Age-related changes in hemispheric asymmetry depend on sex, Laterality, vol.8(3), p.277-290

[9] HOLLANDER A., HAUSMANN M., HAMM J.P., CORBALLIS M.C., 2005, Sex hormonal modulation of hemispheric asymmetries in the attentional blink, Journal of the International Neuropsychological Society, vol.11(3), p.263-272.

 

15 réflexions sur « Habemus sex papam »

  1. Merci vraiment, pour cet éclairage précis. Bouvet ne fait que se parer des oripeaux de la science (qui a bon dos) pour tenter encore et encore de justifier ses thèses farfelues.

  2. “Fort de l’étiquette de neurobiologiste que lui ont conféré ses modestes travaux de jeunesse, c’est non sans succès qu’il s’est lancé (…) sur le marché lucratif des ouvrages de vulgarisation sur le sexe du cerveau”

    rigolo : vous féminisez la phrase, et on pourrait croire que vous parler de Catherine Vidal, dont les erreurs, approximations et impostures n’ont bizarrement jamais eu les honneurs de ce bloug.

    1. A la différence de Jean-François Bouvet, Lucy Vincent, ou encore Sébastien Bohler, Catherine Vidal est bel et bien neurobiologiste : elle exerce une activité réelle de recherche en neurosciences, participe à des colloques internationaux, publie des articles dans des revues internationales à comité de lecture.

      Vos accusations sont graves et non étayées. Ce fil de commentaires n’est pas le lieu pour ça, et c’est totalement hors-sujet.

      J’ai décidé, et c’est un parti pris que j’assume, de concentrer mon travail de recherche sur la production et la diffusion des discours qui tendent à expliquer certaines différences entre individus ou entre groupes sociaux par des différences de “nature”. Il peut m’arriver de souligner au passage des dérapages dans le “camp opposé”, si je peux dire (voir par exemple mon billet “Sexe et bosse des maths” sur ce blog), mais ça n’est pas l’objet de mes recherches, tout simplement. J’apporte ma contribution, libre à vous et à d’autres d’apporter un éclairage différent ou complémentaire.

  3. Bonjour,
    et merci pour cet article approfondi! Il me satisfait d’autant plus que j’avais déjà entendu ce monsieur sur Inter, dans “Les Femmes, toute une histoire” le 14 septembre. Sa façon de se présenter en arbitre au-dessus de la mêlée, émettant soi-disant une position désidéologisée m’avait profondément agacée, mais n’ayant pas de compétences scientifiques, je ne savais pas quoi en penser, et j’attendais avec impatience une discussion scientifique sur le sujet…
    Bref, je partage et re-partage votre post sur les réseaux sociaux!

  4. Mais que dire des études “stupéfiantes” qui concernent les préférences pour les camions des petits singes mâles? Sont-elles biaisées aussi?

    (Par exemple: Sur les différences d’attraction du nouveau né, Connellan, J., Baron-Cohen, S., Wheelwright, S., Betki,A. & Ahluwalia, J., 2000. « Sexual differentiation of the vertebrate brain : principle and mechanism », Frontiers in Neuroendocrinology; sur les tentatives de renverser les préférences garçon-camion / fille-poupée, Postel-Vinay, O., 2007. La revanche du chromosome X. Enquête sur les origines et le devenir du féminin, Paris, J.-C. Lattès, 440 p., p. 241 ; sur les préférences similaires chez un cercopithèque, Alexander G.M., & Hines M., 2002. « Sex differences in response to children’s toys in non-human primates (Cercopithecus aethiops sabaeus) », Evolution and Human Behavior, 23, p. 467-479. Et sur la généralité de la couleur rose chez les filles et son interpretation, Alexander G.M., 2003 « An evolutionary perspective of sex typed toy preferences : pink, blue, and the brain », Archives of Sexual Behavior, 32. P7-14, Ling, Y., Robinson l., & Hulbert,A., 2004. “Colour preference: sex and culture”, Perception, 33s, p.45, Picariello, M.L., Greenberg, D. N., & Pillemer, D.B., 1990. « Children;s sex-related stereotyping of colors”, Child development, 61, p. 1453-1460, Hulbert A. C., & Ling , Y., 2007. « Biological components of sex differences in color preference », Current Biology, 17, p. R623-625.)

    Ce sont des références que j’ai trouvées dans le le livre Cro-Magnon toi-même, par Michel Raymond, p. 110 (édition poche) qui semblait arriver aussi à la conclusions de différences innées plutôt qu’acquises entre les sexes. Cela m’avait étonnée (mais je n’ai pas accès à ces sources).

    1. Il faudrait de longs développements pour répondre de manière complète à ce commentaire. Pour m’en tenir à votre première phrase (“que dire des études […] qui concernent les préférences pour les camions des petits singes mâles ?”), à ma connaissance il y a eu deux.

      La première est celle de 2002 par Alexander et Hines que cite Raymond. Cette étude a été publiée dans une revue dédiée à la psychologie évolutionniste par deux chercheuses, l’une psychiatre, l’autre psychologue, qui consacrent leur carrière à la tentative de démonstration que les hormones sexuelles produisent des différences psychologiques et comportementales entre hommes et femmes. La seconde est celle de Hassett, Siebert et Wallen publiée en 2008 dans Hormones and Behavior. Lorsqu’elle est sortie, Hines & Alexander se sont félicitées de cette “première réplication indépendante” de leur résultat de 2002. Kim Wallen, qui a dirigé cette étude, consacre ses recherches (selon ses propres mots) à “l’intéraction entre hormones et contexte social dans le dévelopment et l’expression des comportement sexuels et liés au sexe chez les primates humains et non humains”.

      Quelques remarques :

      – Ces études sont effectivement biaisées du fait du paradigme de recherche de leurs auteurs. Ca ne signifie bien-sûr pas qu’il faille les ignorer, mais il faut être conscient de ce contexte : ce n’est pas “la primatologie” qui s’y exprime à travers eux, et ces études sont fortement soumises à un risque de biais, volontaires ou nons. Elles n’ont d’ailleurs pas été publiées dans des revues de primatologie.

      – Il s’agit de résultats obtenus sur de petits échantillons : 63 singes pour la première (après élimination des singes qui ne s’étaient pas approché des jouets), 34 pour la seconde. Les singes étaient d’âge assez variable, certains étant clairement des adultes, tous avaient donc subi pendant plusieurs mois voire plusieurs années une socialisation (sexo-spécifique) au sein de leur groupe.

      – Ces études ont été faites l’une sur des singes verts, l’autre sur des macaques, deux espèces de primates phylogénétiquement éloignées de l’être humain, comparativement au bonobo ou au chimpazé commun par exemple. On peut d’ailleurs se demander pourquoi les chercheurs ont choisi ces espèces (peut-être ont-ils tenté en vain de reproduire ces résultats sur des espèces plus proches de nous ?).

      – L’article de 2002 rapporte qu’il n’y avait aucune différence entre les sexes dans le taux ni le temps d’approche de tel ou tel jouet, que les mâles ont en moyenne passé plus de temps au contact d’une balle orange et d’une voiture de police que les femelles, que les femelles ont en moyenne passé plus de temps au contact d’une poupée et d’une casserole rouge que les mâles, que mâles et femelles ont en moyenne passé le même temps au contact d’un livre d’images et d’une peluche, que le jouet avec lequel les mâles sont restés le plus longtemps en contact était la peluche (largement devant la balle orange, suivie par la voiture de police), et que le jouet avec lequel les femelles sont restées le plus longtemps en contact était la casserole rouge, devant la peluche et la poupée. Loin d’autoriser la conclusion que les petits singes mâles “préfèrent les camions”, cette étude pourrait tout aussi bien (voire mieux) être utilisée pour dire qu’ils “préfèrent les peluches”. Par ailleurs, puisque c’est le paradigme interprétatif retenu par ces chercheuses, peut-on sérieusement imaginer qu’il y ait eu chez ces singes une pression de sélection ayant favorisé au cours de l’évolution une préférence des femelles pour les casseroles ?

      – L’article de 2008 rapporte que mis simultanément en présence de jouets à roue (dont une charriot de supermarché) et de peluches, les mâles ont eu en moyenne de plus fréquentes interactions avec les jouets à roue, alors que les femelles ont en moyenne intéragi autant avec les deux types de jouets. Il rapporte aussi l’ABSENCE de différence statistiquement significative entre les sexes dans la fréquence d’intéraction avec les objets à roue.
      Comme on le voit, cette étude ne réplique pas les résultats de celle de 2002, voire la contredit : les auteurs le soulignent d’ailleurs et critiquent longuement l’étude de 2002. Il est intéressant de relever que dans l’article de 2002, l’objet “peluche” a été classé parmi les jouets “neutres”, alors qu’ici il est classé comme jouet “féminin”, les auteurs expliquant qu’il est plus pertinent d’utiliser une peluche comme équivalent d’une poupée pour voir s’il les comportements des singes et des humains sont comparables. Dans des commentaires ultérieurs il a été souligné que ces résultats pouvaient aussi s’expliquer par une plus grande curiosité des femelles (qui auraient donc eu envie de découvrir les deux sortes de jouets).

      Je vous laisse conclure par vous-même quant à l’état des connaissances scientifiques sur les préférences de jouets chez les singes.

  5. Je vois que c’est un lancinant combat que celui entre naturaliste et culturaliste. Qui est pour moi la continuation entre inné et acquis. Les neurosciences étant d’un grand enjeu. Derrière ce combat, celui des inégalités, naturelles, donc on ne peut rien y faire, ou culturelles, donc on peut y remédier en faisant évoluer la culture. Votre combat est donc d’une importance primordiale et je suis admiratif de la façon dont vous le menez. J’essaye de faire connaitre votre blog, mais il est sûr que pour s’y plonger dedans il faut être motivé(e) par une volonté de vérité. Malheureusement ceux à qui s’adresse ce discours, comme il leur convient ne vont pas aller chercher plus loin.
    Cependant, merci de me donner des arguments pour défendre mes idées, et c’est pourquoi malgré mes 63 ans, je dévore à petite dose votre blog.

  6. Et moi qui pensait naïvement que l’époque de Broca, où celui-ci étudiait les différences de cerveaux entre hommes/femmes, noirs/blancs et arrangeait les résultats à sa convenance, était loin !

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